Malgré le « Pays Lock », les banques haïtiennes ont généré une augmentation de 18,3% des revenus nets d’intérêt

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Les résultats et indicateurs de performance du système bancaire

Mardi 4 février 2020 ((rezonodwes.com))– Les données disponibles sur le système bancaire au 30 novembre 2019 témoignent d’une stabilité de la structure financière.

Par contre, une baisse relative de la qualité de l’actif et des ratios de rentabilité est observée.

Du côté des emplois, l’actif du système bancaire a diminué de 1,1% par rapport au 30 septembre 2019, à 397,7 milliards de gourdes, reflétant essentiellement l’effet combinée d’une contraction des prêts nets (-5,1%) et des autres placements (- 4,17%).

La baisse du portefeuille de prêts nets est une résultante de la baisse simultanée de 4,59% des prêts en gourdes et de 5,45 % de ceux contractés en dollars ÉU convertis en gourdes dont l’évolution est tributaire du comportement du taux de change. Par ailleurs, au cours du trimestre sous-revue, en raison du renforcement de la politique de reprise des liquidités oisives du système entrepris par la BRH, les banques commerciales ont consacré une plus grande part de leurs avoirs à l’achat de bons BRH. Conséquemment, le montant des placements effectués dans ces titres pour l’ensemble du système est passé de 1 840 MG au 30 septembre à 5 620 MG au 30 novembre 2019.

Parallèlement, le côté ressource du bilan du système bancaire a été marqué par une diminution des dépôts à 319,5 milliards de gourdes au 30 novembre 2019 contre 324,5 milliards au 30 septembre, soit une contraction de 1,54%. Cette évolution reflète celle des dépôts à vue (-4,51) en dépit des faibles hausses des autres catégories (dépôts d’épargne (+1,27%) et à terme (+0,14%)). Conséquemment, le ratio « Prêts bruts/Dépôts totaux », un indicateur d’intermédiation bancaire, s’est affiché à 38,4% en novembre 2019, soit un recul de 1,29 point de pourcentage comparativement à septembre 2019.

D’octobre à novembre 2019, le système bancaire a généré un produit net de 3 568,9 MG, soit une progression de 1,1% par rapport à la même période de l’exercice passé. Cette performance résulte principalement de l’évolution des revenus nets d’intérêt (+18,3%), les autres revenus ayant chuté de 22,2% sur la même période.

Par ailleurs, en raison de l’augmentation moins que proportionnelle du produit net bancaire par rapport aux dépenses d’exploitation (1,1% contre 16% respectivement), le cumul du bénéfice net du système pour la période susmentionnée a atteint 747,2 MG, contre 1 183,5 MG un an auparavant, soit une contraction de 36,9%.

En ce qui a trait aux ratios financiers clés du système bancaire, on a enregistré une certaine détérioration de la qualité de l’actif comme indiqué plus haut, tant du point de vue du coefficient d’arrérage que de celui du provisionnement des mauvaises créances.

En effet, le coefficient d’arrérage3 , principal indicateur de mesure de la qualité de l’actif s’est inscrit à 7,16% en moyenne pour les deux premier mois du trimestre comparativement à 2,97% en moyenne d’octobre à novembre 2018. De même, le ratio des provisions pour créances douteuses en pourcentage des prêts improductifs s’est établi à 47,86% au 30 novembre 2019 contre 83,98% en novembre 2018.

Par rapport à septembre 2019, la structure financière du système est restée plutôt stable, avec un léger renforcement du poids de l’avoir des actionnaires dans l’actif. En effet, l’assise financière du système est passée de 8,40% en septembre à 8,47% en novembre 2019 tandis que le ratio des dépôts en pourcentage de l’actif s’est inscrit à 80,34% en novembre 2019 contre 80,73% en septembre 2019. Pour les ratios de rentabilité du système bancaire, le rendement de l’actif (ROA) a évolué à la baisse, tant sur une base trimestrielle qu’en moyenne qu’annuelle.

Ainsi, établi à 1,44% en moyenne d’octobre à novembre 2018, il s’est inscrit à 1,12% en moyenne pour la même période en 2019, soit un recul de 32 points de base. S’agissant du rendement des fonds propres (ROE), il a affiché une évolution similaire au ROA.

En moyenne, il s’est affiché à 13,36% entre octobre et novembre 2019 comparé à 16,1% pour la même période en 2018. Le comportement de ces deux ratios traduit tour à tour la hausse plus que proportionnelle de l’actif et de l’avoir des actionnaires des banques par rapport au résultat net du système, lequel a été très affecté par les troubles sociopolitiques auxquels le pays a dû faire face pendant la période d’octobre à novembre 2019.

Cependant, s’agissant du rendement moyen des prêts productifs, une amélioration de 1,51 point de pourcentage a été enregistrée, le taux moyen d’octobre à novembre 2019 s’affichant à 13,1% contre 11,59% pour la même période en 2018. Pour sa part, la rémunération moyenne des dépôts n’a accusé qu’une amélioration de 14 points de base par rapport à la même période de l’exercice passé, le taux moyen d’octobre à novembre 2019 étant de 1,53%. Du coup, le spread d’intermédiation financière s’est élargi, s’inscrivant en moyenne à 11,57 points de pourcentage d’octobre à novembre 2019 contre 10,20 points pour la même période de l’exercice passé.

Au 30 novembre 2019, un recul de la dollarisation du système bancaire a été constaté au regard des trois principaux ratios utilisés pour mesurer ce phénomène. Ainsi, le ratio des dépôts en devises converties en pourcentage des dépôts totaux a diminué, en passant de 69,2% en septembre 2019, à 67,10% en novembre. Cette évolution reflète une certaine accalmie observée sur le marché des changes, caractérisée par une relative stabilité du taux de change sur la période. De son côté, le ratio du portefeuille de prêts nets en devises converties en pourcentage des prêts nets totaux a régressé de 22 points de base par rapport à septembre 2019, s’affichant à 54,29% au 30 novembre 2019.

Pour ce qu’il s’agit de l’actif en devises converties, il représente près de 57,90% de l’actif total au 30 novembre 2019 contre 59,95% au 30 septembre 2019, soit une baisse de 2,05 points de pourcentage. Suite à la révision à la baisse des taux d’intérêt sur les bons BRH au cours du mois de novembre 2019, les taux d’intérêt moyens sur les prêts en gourdes sont passés de 22,13% en moyenne mensuelle au 4 ème trimestre fiscal 2019 à 19,92% au premier trimestre fiscal 2020. Parallèlement, sur la même période, les taux sur les dépôts à terme (DAT) en gourdes se sont inscrits à 7% en moyenne, soit quasiment le même taux enregistré au trimestre précédent.

Du coup, le spread d’intermédiation financière a baissé de 2,25 points de pourcentage par rapport au 4ème trimestre fiscal 2019, à 12,88% en moyenne pour ce premier trimestre 2020. Au niveau des opérations en devises, le taux d’intérêt moyen sur les prêts est passé de 11,21% au 4ème trimestre fiscal 2019 à 10,83% au premier trimestre 2019-2020, soit une baisse de 38 points de base. Pour leur part, les taux d’intérêt sur les DAT en dollars ÉU se sont inscrits en moyenne à 1,27% contre 1,19% au trimestre précédent, soit une légère diminution de 8 points de base. Ainsi, la marge d’intermédiation sur les opérations en dollars s’est réduite de 46 points de base, en raison de la baisse plus prononcée en termes relatifs des taux débiteurs par rapport aux taux créditeurs.

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