Haïti : Décisions de politique monétaire de la BRH pour le 1er trimestre 2019-2020

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LES DÉCISIONS DE POLITIQUE MONÉTAIRE AU 1 ER TRIMESTRE DE L’EXERCICE FISCAL 2020

Mardi 4 février 2020 ((rezonodwes.com))– Pour le 1er trimestre de l’exercice fiscal 2020, la BRH a mené la politique monétaire avec l’objectif de contrer les effets du ralentissement de l’activité économique lié aux chocs engendrés par la crise sociopolitique. Ainsi, vu les difficultés des entreprises par rapport à leurs engagements envers le système financier et la détérioration subséquente du portefeuille des banques et tenant compte de la relative stabilité du marché des changes, la Banque Centrale a entrepris de desserrer graduellement les conditions monétaires.

C’est ainsi qu’à la mi-novembre, elle a procédé à la baisse des taux d’intérêt sur les bons BRH des différentes maturités, les faisant passer de 10%, 14% et 22% à 5%, 7% et 15% respectivement sur les bons BRH de 7, 28 et 91 jours. Toutefois, elle a maintenu sa politique de reprise des liquidités oisives du système à travers les bons BRH, dont l’encours est passé de 3,56 milliards de gourdes à 8,29 milliards entre le 30 septembre et le 31 décembre 2019. Pour ce qui est des interventions sur le marché des changes, compte tenu de la tendance relativement stable de la valeur de la monnaie nationale sur la période, la BRH n’a pas procédé à des ventes de devises durant le trimestre.

En revanche, dans le cadre de ses opérations de gestion au niveau du système de paiement, elle a eu à acquérir 16,25 millions de dollars ÉU, d’octobre à décembre 2019. D’un autre côté, en vue de contenir les dépenses de l’État dans les limites des ressources disponibles, le 27 novembre 2019, elle a signé avec le MEF, un nouveau Pacte de Gouvernance Économique et Financière. Cette entente devrait permettre de circonscrire les effets de l’augmentation des besoins de financement de l’État découlant de la contre-performance des finances publiques.

Au niveau des statistiques monétaires, la base monétaire, au sens large et au sens restreint, a crû de 10,88% et 12,92% respectivement2 .

L’augmentation de la base monétaire au sens restreint découle de la hausse accélérée et combinée des dépôts en gourdes des banques à la BRH (+10,44% contre +7,40% au trimestre précédent) et de la monnaie en circulation (+15,68% entre septembre et décembre contre 3,78% entre juin et septembre 2019).

Par ailleurs, l’évolution de la base monétaire au sens large est imputable à la progression de l’encours des bons BRH, passant de 3,56 milliards au 30 septembre à 8,18 milliards un trimestre plus tard. Les dépôts en dollars libellés en gourdes des banques commerciales à la banque centrale ont, pour leur part, crû de 4,65% par rapport à septembre 2019, contre 0,97% au trimestre précédent.

Cette hausse traduit une augmentation effective du volume de ces dépôts (+6,16%), le taux de change ayant régressé de 1,41% au cours du trimestre. Au niveau de l’actif du bilan de la Banque Centrale, les créances nettes sur l’État ont crû de 22,19% au 31 décembre 2019 contre 8,18% au trimestre précédent.

Pour leur part, les avoirs extérieurs de la BRH ont augmenté de 3,11% par rapport à septembre 2019 comparativement à une contraction de 0,1% au trimestre passé. Évalués en dollars ÉU, ces avoirs ont crû de 2,20% contre 0,41% un trimestre plus tôt. Aussi, cette tendance traduit-elle, non seulement une relative stabilité du change au cours du trimestre, mais aussi une gestion prudente des interventions sur le marché des changes.

Sur le plan des agrégats monétaires, les données provisoires disponibles au mois de novembre 2019 indiquent une contraction de 1,95 % de l’agrégat monétaire M3 par rapport à septembre 2019 pour s’établir à 370,1 milliards de gourdes. Cette évolution de la masse monétaire est similaire à celle des dépôts en dollars libellés en gourdes qui ont affiché une contraction de 4,98% sur la période alors que les dépôts en gourdes ont augmenté de 2,18%.

Conséquemment, la dollarisation des dépôts du système bancaire s’est traduite par un certain ralentissement. Ainsi, comparé à septembre 2019, le ratio «dépôts en dollars sur dépôts totaux» a diminué de 1,61 point de pourcentage au premier trimestre fiscal 2020 pour s’établir à 66,08%.

S’agissant des contreparties de la masse monétaire, la tendance à la hausse des créances nettes sur le secteur public et sur l’administration centrale en particulier s’est relativement ralentie mais a persisté au cours du 1er trimestre 2020, indiquant les incidences de la dégradation du climat des affaires sur la situation financière de l’État. Ces créances ont crû de 7,31% au 30 novembre par rapport au 30 septembre 2019 contre 11,94% au trimestre précédent.

Parallèlement, entre septembre et novembre 2019, les avoirs extérieurs du système bancaire ont diminué de 2,74 % comparativement à une hausse de 2,35% entre juin et septembre 2019. Sur la même période, le crédit au secteur privé s’est contracté de 4,59% comparé à une hausse de 2,88% au trimestre précédent et de 8,94% au premier trimestre fiscal 2019. Aussi, l’offre de crédit, a-t-elle pâti du contexte sociopolitique qui a prévalu dans le pays au cours des deux premiers mois du trimestre sous étude.

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