Petrocaribe : la démission de Jovenel Moise est indispensable au procès! par Jefferson Solon

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2001

On est d’avis que la cause est juste et mérite toute notre attention, car quelque chose est en train de changer en Haïti : C’est pour la première fois depuis toute mon existence que le peuple décide de lutter contre la corruption dans le pays

par Jefferson Solon

Samedi 10 novembre 2018 ((rezonodwes.com))– Depuis maintenant plusieurs mois, des Haïtiens de partout en Haïti et dans la diaspora se sont mis ensemble et s’organisent pour crier comme d’une seule voix halte à la corruption adoptée comme mode de gouvernance, et réclament des comptes aux autorités étatiques sur la dilapidation présumée de plus de 3.8 milliards de dollars des fonds Petrocaribe.




Ces hommes et femmes qui se sont autoproclamés des Petrochallengers ont commencé leur mouvement sur les réseaux sociaux en brandissant des affiches, des morceaux de carton et/ou des publications dans lesquels on pouvait lire « Kot kob petwokaribe a? » (Qui signifie littéralement : où est passé l’argent Petrocaribe?).

Pour montrer leur détermination et prouver au monde entier que cette cause leur tient à cœur – et ce, en dépit des menaces réelles dont ils font l’objet et des accointances du gouvernement actuel avec les présumés dilapidateurs -, les Petrochallengers ont décidé de changer de stratégie en passant du virtuel au réel. En effet, maintes manifestations de rue sont organisées à travers la capitale, dans les villes de province et dans la diaspora. Commençant par un sit-in devant les locaux de la cour supérieure des comptes en date du 24 août 2018, passant par des manifestations contre Michel Martelly à l’occasion de la fête du travail à New York -, à noter qu’il est lui aussi sur la liste des accusés par les initiateurs du mouvement Petrocaribechallenge dans la dilapidation de cet argent-, pour aboutir à la dernière grosse manifestation à date, celle du 17 octobre dernier où des centaines de milliers de gens y ont pris part, sont des signaux clairs lancés par cette nouvelle strate de la société civile, déterminée et prête à se sacrifier pour exprimer son ras-le-bol contre l’inacceptable.

On est d’avis que la cause est juste et mérite toute notre attention, car quelque chose est en train de changer en Haïti : C’est pour la première fois depuis toute mon existence que le peuple décide de lutter contre la corruption dans le pays. Bien sûr, certaines voix ont l’habitude de se faire entendre, mais pas avec autant d’adhérence de personnes qui ont habituellement le je-m’en-foutisme comme bannière. Un grand chapeau pour ce réveil national.Toutefois, certaines questions méritent d’être posées : n’est-il pas illusoire de réclamer justice à l’État haïtien en sachant que le chef de l’État et tout son clan politique sont épinglés dans l’affaire de la dilapidation des fonds Petrocaribe? Quelle autre stratégie doivent utiliser les petrochallengers afin d’obtenir gain de cause?

Il s’agit ici de deux préoccupations fondamentales qui vont nous servir de fil conducteur tout au long de cette réflexion. En effet, on va essayer d’expliquer dans un premier temps ce que c’est l’accord Petrocaribe. Deuxièmement, par une analyse approfondie de certains faits, on montrera comment et pourquoi il est plus qu’important de continuer cette lutte contre les dilapidateurs tout en réclamant le départ de Jovenel Moise à la magistrature suprême de l’État.




Petrocaribe challenge : une remise en question du système social inégalitaire

On entend par Petrocaribe une alliance régionale créée en 2005 entre les pays des Caraïbes et le Vénézuela. Dans cette alliance, ce dernier permet à 18 pays de se procurer de son pétrole à des coûts dérisoires et des modalités de paiement avantageuses.

Dans cette perspective, en 2006, soit un an après la création de ce bloc régional, on allait assister à l’intégration d’Haïti dans un accord : accord Petrocaribe. À travers ce dernier, le Venezuela a pris l’engagement de fournir des produits pétroliers sous forme de prêt à Haïti, et notre pays à son tour s’était engagé d’investir les gains générés par la vente de ces produits dans des projets de développement à caractère économique et social et de rembourser cette dette au Vénézuela sur une période de 25 ans à des taux d’intérêt annuels de 1%. Toutefois, depuis la signature de cet accord à aujourd’hui, personne n’est en mesure de constater des réalisations concrètes et substantielles visant l’amélioration des conditions de vie des personnes les plus démunies et vulnérables.

Par ailleurs, au vu et au su de tous, les politiques se sont enrichis ainsi que leurs patrons du secteur privé des affaires qui leur ont permis et aidé par toutes sortes de manœuvres déloyales et de financements occultes des campagnes électoraux d’accéder et de gérer le pouvoir politique, ce qui leur facilitera en retour de grands avantages fiscaux comme redevances. En dépit de la pauvreté extrême dans laquelle se trouve la population, ces gens-là sont en train de dénier cette réalité de misère et de pauvreté extrême et continuent à faire l’éloge de leur «Haïti» au détriment de celle où se trouve la classe majoritaire délaissée et exploitée, sans écoles, sans routes, sans assistance médicale, sans électricité, etc.

Mais le peuple n’avait pas dit son dernier mot. Par sa résilience et son esprit de lutte, il continue sa résistance. En effet, Il y a trois (3) événements qui vont nous aider à comprendre l’issue de cette lutte contre la corruption :

1- Des mouvements de protestation pour contrer l’imposition, par une partie de l’élite économique et de la communauté internationale à travers le CORE GROUPE, de Jovenel Moise comme chef d’État après les résultats des dernières élections de 2016.

2- Le rejet par la population et une partie de la classe politique du budget jugé criminel de Jovenel Moise dans lequel le budget pour la santé de douze (12) millions Haïtiens était de six (6) milliards de gourdes et celui pour le fonctionnement du parlement (de 143 députés et sénateurs) s’était élevé à sept (7) milliards de gourdes. Jusque-là, en mode « adelante », ils ont tout imposé. Mais c’était « byen konte mal kalkile » comme on dit souvent chez nous.

3- Lassé d’être constamment relégué au dernier plan, le peuple haïtien a montré, les 7 et 8 juillet dernier, au gouvernement qui voulait augmenter le prix de l’essence que son silence n’était pas définitif. En effet, pour pousser le gouvernement à faire marche arrière, des manifestants ont érigé des barrages routiers auxquels ils ont mis feu et ont attaqué des hôtels et des entreprises. Comme résultats, le gouvernement a annoncé la suspension des augmentations des prix de l’essence, du diesel et du kérosène. Il faut dire que les responsables gouvernementaux ont toujours fait la sourde oreille avant que se produisent ces genres d’événement.

Ce retrait du gouvernement constitue un gain énorme pour le peule vu qu’une augmentation du prix a une influence majeur les prix des produits de premières nécessité.

4- L’affaire Petro Caribe. Pour montrer qu’il ne veut plus se faire encu***, le peuple haïtien décide de se prendre en charge et réclame des comptes sur la dilapidation des fonds PetroCaribe. Toutefois, pour éviter que la population se fasse elle-même justice et éviter tout bain de sang, il serait préférable que JOMO se démissionne et laisser sa place à une équipe neutre et impartiale pour rendre justice à la population. Car, il est évident qu’avec la présence de Jovenel Moise à la tête du pays.

Voici cinq (5) raisons qui prouvent que la présence de Jovenel Moise au Palais National constitue un frein au procès PetroCaribe et, de ce fait, les Petrochallengers devraient réclamer sa démission.

Pour être clair, je tiens à confirmer pour tout le monde que je n’ai rien de personnel contre le président des TètKale (parti ayant pour « chef suprême » Michel Joseph Martelly alias SweetMicky).D’ailleurs, je doute fort qu’il soit au courant de mon existence. Je conteste toutefois fortement son école politique en raison de sa structure, son histoire et sa nature profondément néo-duvaliériste. Qui ne se souvient pas de l’invitation du président Martelly au dictateur Jean Claude Duvalier (inculpé pour crime contre l’humanité et dilapidation des fonds publics), ainsi que le général Avril Prosper (chef putschiste), aux cérémonies officielles du 1er janvier 2014 aux Gonaïves, marquant la 210e de l’indépendance nationale? Passons! La question n’est pas là.




Voici ici 5 raisons pour lesquelles un départ de Jovenel à la présidence du pays serait bénéfique à un éventuel procès contre les dilapidateurs :

1- Le premier novembre 2014 au Dock Eiffel, un espace de spectacle se trouvant dans la région parisienne, des membres de la diaspora haïtienne en France assistaient à une conférence de presse de Michel Martelly quand il leur a présenté Jovenel Moise comme entrepreneur dévoué et son projet de plantation de bananes soutenu par le FDI (fonds de développement industriel), une instance étatique contrôlée par le chef de l’État d’alors lui-même. Selon les propres déclarations de Jovenel, le FDI lui a fait un prêt de 6 millions de dollars américain. Cependant, aujourd’hui, personne n’est en mesure de savoir ce qu’est devenu ce projet et si l’argent a été remboursé. (Cliquez sur le lien suivant pour regarder la présentation https://www.youtube.com/watch?v=phf56v7Qa1c.)

D’après toute vraisemblance, la présentation de Jovenel et de son projet au public était une supercherie visant à berner la population et préparer un investissement majeur à la campagne présidentielle de « nèg bannann nan ». Ici, je veux montrer que dès son apparition sur la scène politique haïtienne, JoMo pataugeait dans la corruption. Il serait donc illusoire de penser qu’il veut lutter contre ce fléau devenu mode en Haïti et qui lui est bénéfique.

2- Quand on analyse les discours du président Jovenel Moise, il est facile de voir en lui un président qui lutte avec véhémence contre la corruption. Mais quand on laisse le terrain des verbes et de la propagande, l’homme fait président n’hésite pas à en user pour protéger son pouvoir. Dans les lignes précédentes, j’ai mentionné ses manœuvres et de et ceux de son Patron Martely afin de voler l’argent des contribuables haïtiens et l’investir dans des campagnes. Mais ici, je veux souligner le cri du cœur d’un policier dénonçant des actes graves de corruption de Jovenel visant à soudoyer certains policiers à coup de 30 000 gourdes chacun contre des manifestants pacifiques qui réclament des comptes sur la dilapidation des fonds Petrocaribe. Et comme résultats on a eu 6 assassinats du côté des manifestants et aucun tweet, aucune note, bref aucun message de sympathie aux familles des victimes de la part du président. Appuyez ici pour écouter l’exhortation du policier envers les siens (https://www.youtube.com/watch?v=j-4oO5x8KqY)

.3- « Pour la vérité et pour l’Histoire, on veut faire savoir que l’enquête a été ouverte en 2013 et que le rapport a été expédié au parquet en 2016 : personne n’a instrumentalisé l’UCREF (Unité centrale de renseignements financiers) depuis que je suis directeur général ». Je rapporte ici les propos tenus, dans une conférence de presse, par l’ancien directeur général de l’Unité centrale de renseignements financiers, Monsieur Sonel Jean-François le 17 Janvier 2017 (https://www.youtube.com/watch?v=LOBOHtdygtg).

Depuis 2013, Jovenel Moise est soupçonné par l’UCREF d’implication dans des activités de blanchiment des avoirs. En effet, selon une analyse de différentes transactions provenant de plusieurs comptes bancaires (BPH, BNC, BUH, SCOTIABANK et KOTELAM) appartenant à Jovenel, à des comptes conjoints (lui et sa femme) et des comptes créés au nom de ses entreprises telles que AGRITANS S.A, COMPHENER, JOMAR AUTO PARTS, etc., pour la période de mai 2007 à mai 2013, l’UCREF a pu mettre en lumière la présence de certaines transactions impliquant Jovenel provenant d’activités illicites et douteuses. À titre d’illustrations, pour la période de janvier 2012 au mois d’avril 2013, des dépôts quotidiens évalués à 5 millions 552 mille, 999 dollars américains sont effectués sur un compte conjoint à la BNC. Permettez-moi de répéter le montant : $5, 555, 999 US. Croyez-vous vraiment que Jovenel a la volonté de lutter contre la corruption?

4- Michel Martely, le patron de Jovenel, est aussi épinglé dans les rapports sénatoriaux sur la dilapidation des fonds Petrocaribe. Comme je l’ai mentionné précédemment, les Petrochallengers de la diaspora haïtienne, surtout ceux des États-Unis d’Amérique, avaient pris pour cible Michel Martely lors de son passage à New York durant le « labor day » comme étant l’un des dilapidateurs des fonds Petrocaribe. À noter qu’il a admis lui-même qu’il y a eu vol au micro du présentateur de la TNH Serginho Lindor qui l’avait demandé s’il y a eu ou non du vol, lors d’un entretien concernant le dossier Petrocaribe (appuyez ici pour suivre l’interview : https://youtu.be/jcrJ-sWAsLM). Toutefois, il n’était pas en mesure d’identifier les voleurs. Mais moi, je pense avoir une idée.

Selon un article écrit par le quotidien Le Nouvelliste le 9 mars 2011, il est mentionné que « Le candidat à la présidence Michel Joseph Martelly a été aussi frappé par la grave crise de l’immobilier aux États-Unis. Trois maisons que la famille Martelly avait achetées dans le sud de la Floride, rapporte le « Miami Herald », ont été confisquées par des banques pour non-paiement.» ( https://lenouvelliste.com/article/89999/trois-maisons-de-martelly-confisquees-aux-etats-unis ). Cependant, durant son quinquennat, Martelly a pu construire une maison d’une valeur de « $6000 000 » américains alors qu’il était en faillite en 2010. N’y a-t-il pas là la présence de quelque chose de louche ? Pour se justifier, au cours de sa participation à l’émission le point de la télé Métropole, il a avoué que la construction de la maison a été rendue possible grâce à un prêt contracté à la UNIBANK… lol (https://www.youtube.com/watch?v=npm6QsZvqhI). Pensez-vous vraiment que Jovenel est favorable à un procès impliquant son patron?

5- La violence policière comme stratégie de combat des dilapidateurs : des tirs à balles réelles, des arrestations arbitraires, des tirs de gaz lacrymogène à tout-va et des exécutions extrajudiciaires, constituent les moyens de combat des dilapidateurs utilisant la police et sont soutenus par leur ami au palais national. Je viens de mentionner dans les lignes précédentes l’assassinat de 6 jeunes à l’issue de la manifestation du 17 octobre. Il n’y a toutefois aucun tweet de sympathie du président de la République envers les familles des victimes, comme il a l’habitude de faire pour les étrangers.

En guise de conclusion, la répression des opposants prouve une nouvelle fois qu’il n’existe aucune volonté du côté du chef de l’État de rendre justice à la population. En outre, il n’a aucune autorité morale pour mener et conduire l’enquête sur la dilapidation des fonds du programme Petrocaribe vu que lui et des membres de sa famille politique y sont indexés. Donc, pour arriver à procès Petrocaribe équitable et un verdict final légitime, le départ de Jovenel Moise devient indispensable. Mais, est-on prêt à faire de notre mieux afin d’éviter les mêmes erreurs suite au départ du président Aristide en 2004 ? Réfléchissons ! Mais pour le moment, unissons-non et regardons tous en direction de Vertières !!

Jefferson Solon

3 COMMENTS

  1. Si vous continuez a demander la demisson du Président Jovenel,vous n êtes pas pour un procès mais plutôt un partisan de la destruction,un apatride,il faut que vous apprenniez un jour que l ancienne époque ne pourrait plus revenir sur le terrain.Alors ,arrêtez votre démarche anti Jovenel.

    • Anti Jovenel? J’ose croire que ce monsieur n’est pas idiot. Oserait-il couper la branche sur laquelle il est si confortablement assis? Avec Jovenel, le procès n’est pas n’est pas possible. La justice étant contrôlée par l’exécutif, point de salut pour le peuple. Chapeau Camarade SOLON!

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