Vendredi 20 octobre 2017 ((rezonodwes.com))– A MES COMPATRIOTES QUI LUTTENT POUR VOIR » POINDRE » UN JOUR À L’HORIZON LA NOUVELLE HAITI, JE SOUMETS CE TEXTE DE SERGE H. MOISE…DE PROFONDES REFLEXIONS SUSCITÉES PAR LA LETTRE DE NOTRE POETE ANTHONY PHELPS…qui eut a dire: » tout plim sou do li leve » lorsque les journalistes Canadiens qualifient Haïti de pays le plus pauvre du Continent:
Bonne lecture à tous!
…« Les larmes du poète » …Par Serge H. Moise…
Notre barde national n’a pu résister à l’envie d’implorer ses ex-consœurs et confrères de la salle des nouvelles de Radio-Canada de ne plus faire référence à Haïti, comme étant le pays le plus pauvre du continent. Il leur concède volontiers qu’il s’agit là d’une vérité incontestable, mais que le répéter à chaque fois lui fait mal, très mal, et que charité chrétienne oblige, il leur saurait gré de ne plus utiliser ces épithètes humiliantes.
Nous ne doutons point de la sincérité de l’auteur de : Mon pays que voici! Ses souffrances, qui sont aussi les nôtres, demeurent connues de tous nos lecteurs. Toujours est-il que la vérité a ses droits et jouer à l’autruche ne saurait contribuer à la résolution de nos problèmes dont nous sommes les premiers responsables de manière active ou passive. Haïti est et demeure depuis des décennies le pays le plus corrompu et le plus pauvre du continent. Les journalistes de Radio-Canada ou d’autres média n’en sont pas responsables et le fait de le répéter devrait nous interpeller et nous inciter à tout faire, au péril de notre vie, s’il le fallait, pour changer l’ordre des choses au lieu de verser des larmes de crocodile en déformant les faits.
Nous aurions intérêt à nous joindre à notre poète afin d’implorer, tous et chacun de nos sœurs et frères, en diaspora comme à l’intérieur du pays, à faire preuve de solidarité, de courage et de patriotisme. Un peuple qui ne fait que chanter et danser, est irrémédiablement condamné au sous développement et à la misère sous toutes ses formes.
L’hypersensibilité et l’arrogance sont toujours à déconseiller. Prétendre que nous avons tant fait pour le Québec, sur le plan de la santé, de l’éducation et autres domaines de compétence, relève de l’égocentrisme et tout lecteur avisé risque de nous demander ce qui nous a empêchés, dans le temps ou même maintenant, d’en faire autant pour notre Haïti chérie.
Nous avons fui l’alma mater, trop heureux de nous retrouver en sécurité sous des cieux plus cléments, au lieu de nous battre comme l’ont fait nos aïeux qui avaient juré de vivre libre ou de mourir. Nous sommes donc responsables de cette épithète humiliante et comme disait l’autre poète :
Pleurer, gémir est également lâche
Seul le silence est grand
Tout le reste est faiblesse!
Comble d’ironie, un an après le terrible tremblement de terre, en pleine crise électorale, alors que l’épidémie de choléra continue de faire des victimes, l’un des responsables du génocide des années 57 à 86 est de retour au pays et paradoxalement acclamé par plus d’un à l’instar d’un héros national.
Nous souffrons tous de cette macabre situation mais il nous incombe à nous, et à nous d’abord, de prendre notre destin en main. Cela demandera le temps qu’il faudra, l’important c’est de ne jamais baisser les bras. Ainsi nous saurons nous montrer, les dignes filles et fils de nos ancêtres africains.
Me Serge H. Moïse av.
À mes ex consœurs et confrères de Radio Canada.
Également à ces jeunes journalistes de la salle des nouvelles TV et Radio.
Depuis un peu plus d’une année je me sens agressé, par ceux et celles qui furent des confrères, des consœurs, à Radio Canada, également par des nouveaux venus, qui, dans leurs nombreuses interventions sur Haïti, ne ratent pas l’occasion de le qualifier de « pays le plus pauvre du monde. »
Bien sûr, il s’agit d’une réalité dont je ne saurais contester la véracité. MAIS, dites-moi, pourquoi telle insistance ? Pourquoi, chaque fois nous lancer cette phrase au visage ? Haïti, le pays le plus pauvre du monde.
Si moi je me mettais à claironner sur toutes les places publiques, si je pouvais intervenir dans tous les bulletins de nouvelles du monde, en soulignant que le Québec a prouvé qu’il est le seul pays au monde, où les hommes n’ont même pas le courage, ne serait-ce que de voter pour leur indépendance. Comment réagiriez-vous ?
Comment vous sentiriez-vous devant telle vérité systématiquement assénée ? Le Québéc ce pays où l’homme a peur de voter pour son indépendance.
J’en ai ras le bol de vous entendre dire, avec contentement, qu’Haïti est le pays le plus pauvre du monde, alors que grâce à ce pays le plus pauvre du monde, le Québec a pu :
1- mettre en place son nouveau système de soin de santé, dans les années 70, avec l’arrivée de plusieurs dizaines de médecins et d’infirmières venus d’Haïti.
2- réaliser sa réforme de l’éducation, les cegep, grâce aux dizaines de professeurs et professeures, venus de ce pays le plus pauvre du monde.
3- implanter sa deuxième université de langue française, les UQA, grâce aux professeurs haïtiens.
N’avez-vous pas honte d’avoir accepté ces intellectuels, ces médecins, infirmières, professeurs, dont vous n’avez pas financé la formation.
Ces femmes et ces hommes, venus du pays le plus pauvre du monde, ont formé nombre de vos enfants. Soigné tant de vos malades ?
Encadré combien d’universitaires ?
S’il vous plaît, auriez-vous l’extrême reconnaissance, lorsque vous parlez d’Haïti, de ne plus lui coller cette étiquette méprisante : le pays le plus pauvre du monde ?
Un grand merci et splendide nouvelle année 2011.
Anthony Phelps Poète. Un ancien de la salle des nouvelles TV de Radio Canada.


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