Vendredi 20 octobre 2017 ((rezonodwes.com))– J’ai reçu par le biais d’un ami, originaire du sud la vidéo d’un accident survenu dans les environs de la ville des Cayes (sud d’Haïti). Les sinistres crépitements provoqués par l’incendie que la collision occasionna me donnent encore la chair de poule parce qu’ils découlaient de l’éclatement des corps des malheureuses victimes. Combien furent-elles à connaître ce triste sort ? Le dénombrement des carcasses calcinées nous édifiera là-dessus.
Face à un tel drame, le sang de tous les haïtiens doit ne faire qu’un tour dans leurs veines et les larmes baigner leur visage d’hébétement, de rage contenue, d’exaspération et d’incertitude grandissante face à l’avenir. Où est donc passée la solidarité proverbiale de mes frères ? Pas un sceau d’eau n’a été déversé sur les flammes qui faisaient rage, pas une pelletée de terre n’a été soulevée en guise de support. Ô ciel ! comment en sommes-nous arrivés là ?
Je présume qu’il existe un numéro à deux ou à trois chiffres qui permet à quiconque d’alerter la police dans ce genre de situation. Or il était incalculable le nombre de téléphones qui filmaient le sinistre et pourtant je doute fort que l’alerte ait été donnée car les autorités civiles et les policiers en qualité d’agents de maintien de l’ordre et de protection des citoyens ont brillé par leur absence tout le long de ce spectacle macabre qui soulevait l’indignation de tout un chacun. Je voudrais comprendre ce que signifie diriger pour les autorités haïtiennes.
Il semble que le terme prévision qui donne tout son sens au vocable diriger est exclu de la définition haïtienne. Moins d’une semaine depuis qu’en grande pompe une nouvelle directrice a été investie dans la fonction publique comme responsable départementale des affaires touristiques survient cet accident dont la gestion est réellement pitoyable. Quelle sera la perception des visiteurs potentiels en terme de sécurité sur les routes et de respect de la vie humaine ?
Est prôné à qui veut l’entendre que le sud fourmille de ressources touristiques aptes à être exploitées et la ville des Cayes, le chef-lieu du département est dépourvue des atouts essentiels : tels : un service de pompiers, une ou deux ambulances, des véhicules de patrouille constamment présents sur les routes pour freiner les excès de coureurs de Formule 1 de nos chauffeurs.
Cet accident fait l’effet d’une tuile qui ternit grandement les initiatives prises par le gouvernement pour promouvoir gauchement, il est vrai, l’industrie touristique dans le pays parce qu’il met à nu nos faiblesses dans ce secteur et prouve à tous que les autorités du pays sont plus habiles à jeter de la poudre aux yeux d’une population momifiée qui se meurt par ignorance que d’adopter des pratiques pouvant conduire à la protection des habitants et à l’allègement de leurs misères.
Quels sont les engagements pris envers ce peuple en se portant candidats pour aspirer à le diriger ? En peu de mots ils se résument à améliorer ses conditions de vie en lui assurant le pain, la santé et la connaissance. Qu’ont-ils réalisé en ce sens les actuels responsables du pays ?
Ma quête d’explications rationnelles aux démonstrations ostentatoires: caravane de je ne sais quoi qui engloutit des millions en frais de location de véhicules, d’hébergement, de couverts et de per diem, la construction du pavillon devant accueillir la représentation haïtienne à la foire sur l’Ecotourisme dans la république voisine, réalisations qui n’infléchissent en rien la situation du pays en général, l’absence ou la vétusté de toute infrastructure indispensable pour parer au plus pressé dans les principales grandes villes m’a conduit à me demander si le gouvernement s’est fixé une direction sûre destinée à produire tel résultat escompté ou s’il ne fait que donner des coups de pied dans l’eau.
A l’analyse, j’opterais pour la seconde perception de la réalité politique haïtienne. C’est vraiment le moment de reconnaître que le pays s’en va à la dérive. Le pays est-il vraiment en panne de ressources humaines qu’il ne peut trouver mieux pour gérer sa destinée ?
Garry Muzeau
garry@toursinhaiti.com
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