une minute de la rédaction
L’attitude du Premier Ministre de facto, M. Alix Didier Fils-Aimé, lors de sa rencontre avec les lauréats nationaux des examens d’État 2023-2024, jette un profond doute sur l’éthique et la cohérence de l’action publique en Haïti. En choisissant de se faire accompagner par Me Emmanuel Vertilaire, personnage contesté associé à des accusations de corruption et d’obstruction à la justice, qui aurait dû depuis longtemps se retirer du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), le Premier Ministre compromet la portée symbolique de sa rencontre avec les jeunes prodiges.
Ces jeunes lauréats incarnent l’espoir et l’avenir d’un pays confronté à des crises récurrentes ; les associer, même indirectement, à une personnalité au cœur de scandales judiciaires constitue une contradiction flagrante avec les idéaux de mérite et d’intégrité que l’État devrait promouvoir.
Ce geste, aussi maladroit qu’insensible, reflète une tendance inquiétante de la gouvernance haïtienne : celle de la banalisation de l’impunité et de la normalisation de comportements qui affaiblissent encore plus les institutions publiques, déjà profondément minées par la corruption. Comment espérer construire une société fondée sur la justice et la transparence lorsque des personnalités au passé douteux sont continuellement mises en avant, même lors d’événements symboliquement marquants ? Loin de renforcer la confiance des citoyens dans leurs dirigeants – illégitimes et soupçonnés de corruption et d’œuvrer contre les intérêts nationaux – une telle attitude alimente le cynisme et intensifie la méfiance générale à l’égard des élites politiques.
De plus, cette démarche trahit un mépris flagrant pour les aspirations du peuple haïtien qui lutte quotidiennement pour une gouvernance plus responsable et plus respectueuse des principes démocratiques. Le message implicite envoyé par cette rencontre publique avec Vertilaire, qui ne jouit plus de la confiance de la majorité depuis le « braquage de la BNC », est troublant : le mérite académique, qui devrait être célébré dans un cadre éthique irréprochable, est éclipsé par des choix politiques douteux. Cette provocation, volontaire ou non, traduit un manque de discernement inquiétant de la part de ceux qui occupent les plus hautes fonctions de l’Etat, le plus souvent par accident de l’histoire.
M. Fils-Aimé, s’il veut vendre des « élections crédibles », a la responsabilité morale et politique d’être cohérent dans ses actions, d’élever le niveau du débat public et de promouvoir des personnalités inspirantes incarnant les idéaux de probité et de surnager au-dessus de tout soupçon. L’avenir d’Haïti ne peut se construire que sur des bases solides, et cette cohérence doit commencer par des gestes qui restaurent la confiance, et non par des provocations qui divisent davantage.
Kilè nap sispann pwovoke pèp aysyen an menm?