PRA | CE QUE JE PENSE : QUE FAIRE ?

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QUE FAIRE ?

Par Pierre Robert Auguste

Haïti se trouve plongée dans le chaos. La Caricom et le Core Group, dirigé par les États-Unis, ont complexifié la situation en enjoignant, contre toute légalité, la formation d’un conseil présidentiel composé de sept membres, soumis lui-même à l’acceptation « pré-assermentée » d’une force multinationale décidée par le Conseil de sécurité de l’ONU, plongeant ainsi dans un abîme d’incertitudes et de craintes mortelles en raison du manque de financement. Par préjugé maladif, par émotion, par tentation facile, par certitude aveugle, la Communauté internationale est en train de commettre la pire absurdité en Haïti.

QUE FAIRE ?

Une délégation urgente du Conseil de Sécurité de l’ONU, assistée par des experts de la Commission du droit international, peut se rendre en Haïti pour rectifier les fondements juridiques de la transition et garantir l’organisation d’élections justes. Ainsi, sans équivoque, la présidence de la transition reviendrait à un juge de la Cour de Cassation. En même temps, l’article 41-1 de la convention de Vienne de 1961 sur les relations diplomatiques retrouverait toute sa vigueur morale, obligeant les diplomates et délégués internationaux à adopter un comportement loyal envers le pays d’accueil, comme c’est le cas pour Haïti, en respectant les autorités établies, les lois et les règlements, en s’abstenant de toute immixtion dans la politique ou l’administration intérieure, et en respectant les usages, les coutumes et même les préjugés populaires du pays de résidence. Ainsi, en agissant de manière outrageante contre Haïti, la Caricom et le Core Group se présentent comme des parias de la société internationale civilisée.

Sans chercher à créer de conflit, deux actions immédiates doivent être envisagées. Une diplomatie publique menée par des représentants qualifiés de la diaspora haïtienne, notamment auprès des pays africains et latino-américains (environ la moitié des membres de l’ONU), pour clarifier la situation haïtienne et mettre en lumière les erreurs de la Caricom et du Core Group. Des positions éclairées des juristes haïtiens, des barreaux nationaux, et même, vu les circonstances critiques, des consultations et avis motivés d’intérêt général du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, voire, formellement sollicitées, l’opinion de la Cour de Cassation. Lorsque l’intégrité d’un pays est menacée, la lâcheté et la peur ne peuvent servir de bouclier de sécurité ni de moyen de protection individuelle.

L’université haïtienne doit éveiller sa conscience citoyenne. La jeunesse, dont les regards sont tournés vers l’épopée de 1804, doit défendre l’humanité universelle dont elle est l’héritière principale. À l’approche de la Semaine Sainte, l’église chrétienne ne peut permettre l’extinction ou le mépris de cette humanité universelle. Elle doit ramener les brebis égarées pour que les faux démocrates se convertissent en hommes et femmes respectueux de l’état de droit ; que les assoiffés de pouvoir acceptent la modération ; que les nationalistes verbeux se morfondent dans la résignation et le pardon ; que la clique enivrée de monopoleurs ne se prenne plus pour les seuls maîtres des affaires et renonce à entraver le développement économique durable du pays ; et enfin, que nous reconnaissions dans la solidarité, la sensibilité sociale et la fraternité sincère le ciment solide de notre avenir collectif et la garantie de notre coexistence pacifique.

Gonaïves, le 17 mars 2024
Pierre Robert Auguste (PRA)


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