un billet de la rédaction

« Les institutions sont la forme dorée du destin », soulignait René Char. Or, en Haïti, cette forme dorée semble s’obscurcir chaque jour un peu plus, laissant entrevoir un destin incertain et tumultueux pour la nation haïtienne victime de l’incompréhension des uns et le mépris des autres n’ayant qu’en tête qu’un seul plan de « développement », la sombrer dans l’Atlantique.

Haïti, terre tourmentée aux contours politiques flous, se trouve désormais confrontée à une crise politique sans précédent, exacerbée par la dévalorisation progressive de son dernier bastion institutionnel, le journal officiel de la République, Le Moniteur. L’histoire vécue durant ces 30 derniers mois écoulés, marquée par une succession de troubles sociopolitiques, d’assassinats et de violences programmées de gangs, est désormais scellée par le défi lancé par Ariel Henry, défiant toute notion de respect des échéances des accords signés.

Le 7 février 2024 restera gravé dans les annales comme le jour où la valeur d’un acte officel rapporté dans Le Moniteur a été foulée aux pieds. En effet, la date butoir que s’était fixé Ariel Henry pour quitter le pouvoir, en décembre 2022, est passé sans que celui-ci ne daigne accorder la moindre considération aux principes fondamentaux de la démocratie.

Dans ce climat de déliquescence institutionnelle, les Haïtiens se retrouvent désormais dépourvus de représentants élus, le Parlement ayant disparu, la Cour de Cassation étant soumise à des nominations illégales et inconstitutionnelles, aux caprices d’un seul homme dont la moralité est mise à rude épreuve, et aucun maire n’étant légalement en place.

Face à cette vacance du pouvoir et à cette atteinte manifeste à l’état de droit, le journal officiel de la République, Le Moniteur, apparaissait comme le dernier rempart, le garant ultime de la légitimité institutionnelle en Haïti. Pourtant, même cette institution séculaire ayanat force de loi, témoignage vivant de plus de deux siècles d’histoire, est désormais reléguée au rang de simple archive, ses actes et arrêtés publiés ignorantés par ceux-là même chargés de les faire respecter.

Dans ce contexte sombre, où la démocratie haïtienne qui se cherche, est agonisée sous le poids des ambitions personnelles et des manœuvres politiques douteuses, il est impératif de reconnaître la profondeur de la crise préfabriquée qui secoue le pays. Le régime d’apatrides en place, les Tèt Kale 3 et ses alliés SD-Fusion-RDNP-Inite… s’accrochant au pouvoir au-delà de tout mandat légitime, fait fi des principes démocratiques les plus élémentaires, menaçant ainsi de précipiter le pays dans un abîme d’instabilité et de désordre politique.

À l’heure où le régime Tèt Kale-PHTK refuse de céder le pouvoir, il est urgent de prendre conscience que sa chute inévitable entraînera avec elle l’effondrement total des institutions républicaines du pays. Le Moniteur, témoin silencieux d’une démocratie déchu en 2021, ne sera alors que l’un des nombreux vestiges d’un système politique corrompu et défaillant.

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