La situation politique en Haïti : l’héritage de la non-tenue d’élections depuis 2016

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Aujourd’hui, ces pyromanes enseignent !

Le Conseil Présidentiel de Transition d’Haïti fait face à d’énormes défis dans le contexte actuel du pays, pris en otage par des bandes armées et marqué par l’échec du gouvernement de l’ancien premier ministre de facto Ariel Henry, qui, en plus de 30 mois au pouvoir, n’a pas réussi à résoudre la grave crise haïtienne.

Composé de neuf membres, dont sept ont le droit de vote, l’organe est conscient des défis et du « sombre panorama » qui se présente devant lui, a reconnu le Premier ministre de facto bis Tèt Kale, Michel Patrick Boisvert, lors de la cérémonie d’investiture qui s’est déroulée jeudi en deux temps, une au Palais National de Port-au-Prince et une autre au bureau du Premier ministre, également connu sous le nom de Primature.

« La vie s’enfuit de notre pays car la situation est très grave (…) La situation interpelle tous les citoyens d’Haïti, où qu’ils soient. La situation nous appelle à nous élever au-dessus de nous-mêmes et à changer de paradigme », a souligné Boisvert. Les structures institutionnelles de l’État haïtien, « affaiblies par des décennies d’instabilité politique, ont subi un effondrement spectaculaire. Non seulement la qualité, mais aussi l’existence même des services publics offerts à notre population ont été compromises », a ajouté Régine Abraham, membre du Conseil ayant prêté serment de « faire respecter la Constitution ».

L’organe transitoire abordera cinq grands projets, consistant à rétablir la sécurité publique, organiser une conférence nationale et une réforme constitutionnelle, tenir des élections générales démocratiques, crédibles et participatives ; rétablir la justice, l’État de droit et les droits fondamentaux des citoyens, et parvenir à la récupération institutionnelle et économique.

Rétablissement de la sécurité La situation sécuritaire du pays a commencé à se détériorer en 2018, avec une augmentation des enlèvements, des attaques armées, des viols et des vols contre des civils commis par des groupes armés qui ont perpétré au moins 20 massacres depuis lors. La situation s’est encore aggravée avec l’assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021. Les bandes ont gagné en puissance, ont acquis plus d’armes et de munitions, et en février dernier, elles se sont réunies pour former la coalition criminelle « Vivre Ensemble », dirigée par l’ancien policier Jimmy Cherizier, alias Barbecue, qui a dirigé la « révolution » qui a contraint Ariel Henry à quitter le pouvoir. Depuis février, leur violence s’est intensifiée, détruisant des prisons, des hôpitaux, des commissariats, des pharmacies et des habitations, pillant des institutions privées et publiques, des actions qui ont touché tous les secteurs de la société.

Au cours des trois premiers mois de l’année, au moins 2 505 personnes sont mortes ou ont été blessées, selon les chiffres de l’ONU, et plus de 90 200 personnes ont été déplacées et vivent dans des conditions inhumaines dans 85 sites de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, contrôlée à au moins 80 % par des bandes armées. Rétablir la sécurité est une condition sine qua non pour la réalisation de tous les autres objectifs et cela suppose d’éradiquer les bandes armées, entre 200 et 300, qui opèrent dans le pays, en empêchant, entre autres, la libre circulation des personnes et des marchandises. La reprise économique est impossible sans la stabilité et le rétablissement de la sécurité, ce qui passe nécessairement par le renforcement de la Police Nationale Haïtienne.

Tenue d’élections générales

Haïti n’a pas organisé d’élections depuis 2016, à la fin du mandat de Michel Martelly, des élections qui ont vu les derniers responsables élus démocratiquement dans le pays, y compris le président assassiné Jovenel Moïse. Après sa mort en juillet 2021, le pays est dépourvu de représentants élus, ni président, ni sénateurs, ni députés, ni maires. Jovenel Moïse devait organiser des élections après avoir modifié la Constitution, mais il n’a pas eu le temps de le faire et, après l’assassinat, Henry a dirigé le pays pendant plus de 30 mois sans organiser d’élections en raison de la situation de violence.

Le Conseil Présidentiel de Transition a pour mission d’organiser des élections pour élire un président le 7 février 2026, soit 10 ans après la dernière convocation. Au cœur du projet électoral se trouvent deux grandes questions, l’organisation de la conférence nationale et la réforme constitutionnelle qui doivent précéder les élections sous les auspices d’une nouvelle charte.

La tenue des élections devrait permettre la restauration des institutions, en état d’effondrement depuis des années, ainsi que de l’autorité de l’État, des objectifs à atteindre par le Conseil Présidentiel de Transition en moins de deux ans.

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