Gonaïves – Célébration de l’Indépendance : le pouvoir finance le déplacement des supporters venus d’ailleurs

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Aux Gonaïves, pour sauver les apparences Jovenel Moise s’est misé sur des vieilles pratiques des régimes des Duvalier qui constituaient à dépansé lajan pou fè mounn sot tou patou vinn bat bravo

par Hervé Noël
envoyé spécial de Rezo Nòdwès

Gonaives, Jour de l’Indépendance, mardi 1er janvier 2018 ((rezonodwes.com))–En recrutant des supporters hors des Gonaïves, le Chef de l’État s’appuie sur une stratégie politique dépassée pour s’assurer d’une communication sans entraves à l’occasion du 215ème anniversaire de la proclamation de l’Indépendance. Plus ça change, plus c’est pareil.

Alors que l’enceinte de la Cathédrale du Souvenir des Gonaïves débordait d‘officiels, de membres de la communauté internationale, de chrétiens catholiques venus assister au traditionnel Te Deum, bouillonnait hors du bâtiment, dans les parages, une ambiance de carnaval. Des véhicules s’immobilisaient, des autobus surchargés de supporters et alliés du pouvoir, au frais du trésor public, observent la pause avant de prendre momentanément congé de leurs occupants dans l’environnement de la Place d’Armes.

Arborant des t-shirts flanqués de slogans endossant les actions du pouvoir, malgré la décote accélérée de la gourde, ces militants s’identifiaient visiblement entre autres au Parti Haïtien Tèt Kale à la PLANSPA, à LAGEM (Latibonit Gen Mèt), à l’Association des Femmes de L’ Artibonite.

Leur nombre importait moins face à l’engagement qui s’y prêtait pour justifier la présence. Des adversaires du pouvoir ont été pris à partie, des propos hostiles ont été proférés en direction des membres de l’opposition politique, pouvait-on constater, au milieu d’un imposant dispositif de sécurité, rappelant une ville en état de siège.

La réaction de certains gonaiviens n’a pas mis du temps. ‘’ D’où viennent ces visages, pourquoi cette orgie d’énergie’’ ?, s’interrogeait perplexe, une dame dans la quarantaine.

Au terme de la cérémonie eucharistique, le couple présidentiel en compagnie d’autres hauts cadres de l’État ont mis le cap vers le stand érigé en la circonstance pour le discours officiel. Le déplacement de la délégation s’était ponctué de chants, d’ovations, de déferlements de passions de militants politiques acquis à la cause de Jovenel Moise.

Jovenel Moise n’a rien inventé ?

En agissant ainsi, Jovenel Moise et ses troupes entendaient proposer une démonstration de force populaire dans la Cité de l’Indépendance. Gonaïves, étant réputée bastion du Parti Haïti en Action, formation politique dirigée par Youry Latortue, fraîchement reconverti en adversaire du régime, il fallait défier cette tendance. D’ailleurs, le sénateur Latortue n’a pas pris place à la tribune officielle.

Fort de ces considérations, le gouvernement s’était contenté à tirer de l’arsenal des Duvalier, tristement célèbre, pour éblouir sur sa popularité éclipsée les 6 et 7 juillet et le 18 novembre dernier. Sans trop grande hostilité, le discours de Jovenel Moise qui s’est encore porté sur des promesses à concrétiser en 2019, s’était résonné en sens unique. Les supporters déplacés pour la cause ont exécuté à la lettre le refrain préparé. Le régime devra s’appuyer encore plus sur la stratégie pour conquérir d’autres terrains et affronter les idées reçues attribuant une base populaire fragile du pouvoir de Jovenel Moise naviguant entre crise et crise.

Hervé Noël
vevenoel@gmail.com

1 COMMENT

  1. À voir ainsi Jovenel et sa femme, malgré leurs millions volés, l’on constate deux têtes à claques, deux haillons sales.

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