Ce texte a été publié à l’origine sur le site Internet de IJNet en anglais sous le titre «How Journalists can detect electronic surveillance». L’auteur de cet article, Jorge Luis Sierra, est un reporter d’investigation mexicain primé et un expert en sécurité numérique. Il est l’auteur de « The Enemy Inside: Forces armées et contre-insurrections au Mexique ».
- Jorge Luis Sierra s’adresse aux journalistes dans ce qui suit. Cependant ces conseils sont aussi valables pour tout autre professionnel ou un simple internaute.
Cette traduction est proposée par Montaigne Marcelin.
Les journalistes qui travaillent dans des milieux autoritaires ont tendance à être sous surveillance électronique. Parfois, la surveillance est menée à une échelle de masse – plutôt que dirigée vers une cible spécifique – et vise à suivre ce que font les journalistes en général et sur quels dossiers ils enquêtent.
D’autres fois, il s’agit d’une surveillance ciblée – l’espionnage électronique destiné à suivre les actions d’un journaliste spécifique.
Parfois, la surveillance est perçue comme quelque chose de normal. Les journalistes peuvent s’adapter et finir par accepter la surveillance comme un risque indésirable mais inévitable dans leur profession. J’ai entendu des journalistes du Pakistan déclarer : « Ils peuvent faire toutes les surveillances qu’ils veulent, ils vont rien trouver » J’ai aussi entendu des journalistes latino-américains dire: «Je n’ai rien à cacher».
Dans les deux cas, la surveillance a été normalisée et les journalistes en question ont tendance à adopter une attitude passive.
Dans d’autres cas, un journaliste peut choisir de lutter contre la surveillance électronique. Après tout, cela peut constituer un risque pour sa sécurité et sa source, et en fait, une attaque contre la liberté et la liberté d’expression.
La question importante est la suivante : Si un journaliste veut lutter contre la surveillance électronique, comment peut t-il reconnaître quand cela se produit?
Voici comment je conseillerais aux journalistes qui pensent que la surveillance est un risque potentiel pour leur vie privée, leur sécurité personnelle, la sécurité des données et l’identité de leurs sources.
1- Restez en alerte
La surveillance électronique n’est pas seulement une façon de recueillir des informations sur le travail et les sources d’un journaliste, mais elle peut également être utilisée pour se préparer à des attaques plus graves, si d’autres formes d’intimidation ne parviennent pas à arrêter l’enquête du journaliste. En tout état de cause, les journalistes devraient signaler la surveillance aux autorités officielles et demander l’aide d’autres collègues de leurs réseaux, de leur organisation de médias et de leurs groupes de défense, tels que le Comité pour la protection des journalistes, Reporters sans frontières, Rory Peck Trust, Freedom House ou Article 19.
2- Protégez vos appareils
Tous vos appareils – ordinateurs, téléphones mobiles, tablettes – devraient être protégés par un logiciel antivirus, un cryptage du disque dur et des mots de passe ou des mots de passe sécurisés. Vous devez également vous assurer que toutes les applications et tous les logiciels utilisés sur vos appareils sont mis à jour. Ces deux étapes seront votre première ligne de défense. Vous pouvez trouver une liste plus détaillée des outils de sécurité de l’information que vous pouvez installer sur vos appareils. .
3- Suivez les bonnes pratiques de sécurité
La façon la plus courante pour les entreprises privées, les gouvernements abusifs et les groupes criminels de mener une surveillance électronique est d’infecter les dispositifs via le « phishing ». Ce sont des messages électroniques qui arrivent par courrier électronique, texte ou messagerie instantanée, en invitant la cible à ouvrir un lien ou un fichier contenant une surveillance douce
4- Surveillez vos données
Vérifiez s’il y a eu une augmentation soudaine de l’utilisation des données. Lorsque le logiciel de surveillance est actif, il évacue vos données.
Si vous pensez que votre appareil est infecté, vérifiez s’il y a eu une augmentation soudaine de l’utilisation des données. Lorsque le logiciel de surveillance est actif, il évacue votre plan de données afin d’extraire des photos, des messages, des contacts, des vidéos et des métadonnées.
5- Surveillez votre batterie
Les mauvaises performances de la batterie indiquent qu’il peut y avoir un programme indésirable qui fonctionne et évacue l’énergie de votre appareil. Vérifiez si la batterie de votre appareil utilise plus de courant que d’habitude lorsqu’il est connecté à Internet.
6- Surveillez la température de votre appareil
Si vous n’utilisez pas votre appareil et qu’il est plus chaud que d’habitude, cela peut être un autre indicateur qu’un programme malveillant fonctionne sur votre appareil.
7- Réinitialisez votre appareil
Une action préventive que vous pouvez prendre est une réinitialisation matérielle de votre appareil. Si vous pensez que votre appareil mobile est infecté, sauvegardez vos données et faites une réinitialisation matérielle pour récupérer votre téléphone aux paramètres d’usine.
8- Chiffrer vos communications
Si vous devez téléphoner ou envoyer un message avec des informations sensibles, essayez d’utiliser le cryptage. OpenPGP et MeetJitsi sont de bonnes options, tandis que Signal est l’application mobile de préférence pour de nombreux journalistes d’investigation.
9- Soyez conscients des autres types de surveillance
Si vous pensez que vous êtes sous surveillance électronique, surveillez votre environnement physique aussi. Existe-t-il des véhicules inhabituels ou suspects à proximité de votre bureau ou de chez vous? Les journalistes qui effectuent des travaux à haut risque devraient toujours vérifier qu’ils ne sont pas suivis, surtout s’ils sont sur le point de contacter des sources sensibles.
Traduction proposée par Montaigne Marcelin
