Haïti, 2025 : Entre impunité persistante et illusions budgétaires – Analyse du projet de budget 2025-2026
Depuis l’arrivée du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), Haïti est confrontée à une dégradation continue de la situation sécuritaire. Les rapports des départements d’État, notamment celui du 14 aout 2025, signalent une impunité généralisée, des crimes violents, des assassinats ciblés et des massacres dans les quartiers populaires, souvent tolérés ou facilités par des acteurs étatiques. Le document d’Elaboration du Budget 2025-2026 mentionne par ailleurs la perspective d’un référendum dans les mois à venir, illustrant les ambitions politiques du gouvernement malgré une crise humanitaire majeure aggravée par la faiblesse des institutions judiciaires, la corruption instituttionnalisée, l’impunité et la défaillance persistante de l’État de droit.
Le gouvernement annonce des référendums constitutionnels et des élections générales, tout en mobilisant des fonds pour des événements symboliques tels que le carnaval et le Bois Caïman. Cette allocation soulève des interrogations sur la priorité accordée aux projets médiatiques plutôt qu’aux réformes structurelles urgentes. La gestion clientéliste des ressources publiques favorise l’affichage politique au détriment de la sécurité, de l’éducation et de la santé.
Le projet de budget 2025-2026, présenté dans la lettre de cadrage du Premier ministre de facto, Alix Didier Fils-Aimé, confirme une croissance économique négative persistante, avec des projections inférieures à 2 %. Cette tendance s’inscrit dans une récession de sept ans, caractérisée par une inflation élevée, une dépréciation continue de la gourde et une fuite des capitaux.
Les investissements étrangers restent quasi inexistants, tandis que les secteurs locaux peinent à se maintenir face à une concurrence déloyale et un environnement instable. La faiblesse de l’appareil productif accentue le chômage et limite la capacité de l’État à générer des recettes durables pour financer les services essentiels.
Malgré la récession, les dépenses publiques se multiplient pour des manifestations politiques et culturelles. L’accueil protocolaire de Didier Fils-Aimé et les événements pro-Saint-Cyr illustrent une orientation des fonds publics vers l’affichage politique plutôt que la résilience économique et sociale.
Le document met en lumière une gouvernance centrée sur le court terme. Les engagements financiers actuels compromettent la capacité du futur gouvernement à rétablir la stabilité économique et sécuritaire, créant un héritage budgétaire lourd pour l’exécutif prévu en février 2026.
La juxtaposition d’un référendum imminent et de dépenses médiatiques contribue à une défiance citoyenne accrue. Les choix budgétaires déconnectés des besoins fondamentaux renforcent le sentiment d’abandon et fragilisent la légitimité institutionnelle.
La combinaison d’une récession prolongée et de dépenses orientées vers des événements symboliques génère une pression budgétaire continue. L’État risque de compromettre sa capacité à financer les infrastructures, la sécurité et les services sociaux de manière durable.
L’héritage budgétaire laisse entrevoir un futur gouvernement confronté à des choix difficiles : réduire drastiquement les dépenses ou accroître la dette publique. Les réformes structurelles nécessaires pour stabiliser l’économie et renforcer la sécurité semblent repoussées au profit de gains politiques immédiats.
Le projet de budget 2025-2026 illustre la contradiction entre ambitions politiques et contraintes économiques. Haïti reste prisonnière d’une récession prolongée et d’une gouvernance orientée vers l’affichage symbolique, alors que les besoins structurels et sociaux demeurent largement insatisfaits. Le pays est confronté à la nécessité urgente de réorienter sa planification budgétaire vers la durabilité, la légitimité institutionnelle et la protection des populations les plus vulnérables.
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