Réunie en congrès à Bogotá, la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) a adopté à l’unanimité une résolution pressant le gouvernement canadien de retirer les projets de loi C-2 et C-12, qu’elle juge dangereux pour le droit d’asile et la protection des personnes migrantes.
Déposés en juin et octobre 2025, ces textes – le Strong Border Act (C-2) et la loi visant à renforcer le système d’immigration (C-12) – instaureraient une série de mesures rendant irrecevables de nombreuses demandes d’asile. Une personne ne pourrait plus solliciter le statut de réfugié si plus d’un an s’est écoulé depuis sa première arrivée au Canada, et toute entrée irrégulière depuis les États-Unis entraînerait automatiquement un blocage complet de l’accès à l’asile.
La FIDH dénonce un « recul majeur » en matière de droits procéduraux. Selon l’organisation, ces projets de loi priveraient des milliers de demandeurs d’asile de l’examen impartial de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié, les renvoyant vers la procédure d’Examen des risques avant renvoi (ERAR), largement critiquée pour son taux d’approbation extrêmement faible et l’absence d’audience devant un décideur indépendant. Les risques de refoulement seraient ainsi « considérablement accrus ».
Pour la Ligue des droits et libertés (LDL), également mobilisée contre ces réformes, il s’agit d’un durcissement « sans précédent » de la politique migratoire canadienne. « Ces projets de loi ne respectent ni les droits humains ni la dignité des personnes migrantes », affirme son président, Alexandre Peticlerc, qui craint des « déportations de masse ».
Le président de la FIDH, Alexis Deswaef, estime pour sa part que ces mesures portent atteinte à l’image internationale du Canada, longtemps associé à des valeurs d’ouverture et d’inclusivité. Dans un contexte mondial marqué par les conflits, les dérives autoritaires et les déplacements forcés amplifiés par la crise climatique, la FIDH appelle Ottawa à « respecter, protéger et mettre en œuvre les droits humains de toutes les personnes migrantes » et à retirer sans délai C-2 et C-12.

