Kenscoff ensanglanté : deux policiers tués, l’État promet « tolérance zéro »
Port-au-Prince, 13 août 2025 — À Kenscoff, la violence armée a franchi un nouveau seuil dramatique. Hier, dans le quartier de Morne Tranchant (Site Téléco), des membres du gang Viv Ansanm ont tendu une embuscade meurtrière à une patrouille de la Brigade d’Opération et d’Intervention Départementale (BOID). Deux policiers ont été assassinés, trois autres blessés par balles, tandis qu’un véhicule blindé de la Police nationale d’Haïti (PNH) a été incendié. Les assaillants, après avoir tué les agents, auraient profané et brûlé leurs corps à l’intérieur d’une habitation. Des civils ont également été touchés, et plusieurs armes de service ont été dérobées.
Des témoins rapportent que des signaux d’alerte avaient été transmis aux autorités avant l’attaque, faisant état de regroupements suspects dans la zone. L’absence d’intervention rapide et l’arrivée tardive des renforts nourrissent la colère et le sentiment d’abandon exprimés par de nombreux policiers mobilisés sur place. Kenscoff, commune montagneuse réputée autrefois paisible, se retrouve aujourd’hui en grande partie sous l’emprise des gangs.
Cette tragédie survient au lendemain d’un communiqué officiel du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, entouré de ses ministres régaliens, réaffirmant la « tolérance zéro face au banditisme » et l’« autorité inébranlable de l’État ». Le chef du gouvernement avait annoncé l’adoption de mesures stratégiques, opérationnelles et logistiques destinées à neutraliser rapidement toute organisation criminelle, affirmant qu’« aucune enclave ne saurait échapper à l’autorité de l’État ».
La juxtaposition de ces deux réalités — engagement ferme dans le discours gouvernemental et impuissance constatée sur le terrain — interroge sur l’efficacité immédiate des dispositifs sécuritaires. Pour nombre d’observateurs, la promesse de rétablir l’ordre public se heurte à l’emprise territoriale croissante des gangs armés, dont l’action meurtrière s’exerce désormais jusque dans des zones naguère considérées comme préservées.