L’Edito du Rezo
Haiti’s Notorious Gang Leader “Barbecue” Defies U.S. Justice Amid Escalating Crisis
Jimmy “Barbecue” Chérizier et l’extension transnationale du crime organisé en Haïti
Jimmy “Barbecue” Chérizier, figure centrale du crime organisé haïtien et chef de la fédération de gangs G9, a publiquement défié les autorités américaines à la suite de son inculpation par un grand jury fédéral pour violation de sanctions et financement d’activités criminelles. Dans une déclaration vidéo, il a affirmé : « Mon nom est Jimmy Chérizier, BBQ. Si le FBI me cherche, je suis ici », témoignant de sa posture provocatrice et de son influence persistante dans la capitale haïtienne.
Le Département de la Justice des États-Unis a révélé que Chérizier et Bazile Richardson, citoyen américain d’origine haïtienne, étaient accusés de diriger un « vaste complot » visant à transférer des fonds de la diaspora haïtienne afin de soutenir la violence des gangs. Cette procédure souligne le rôle déterminant des réseaux transnationaux dans l’alimentation de l’insécurité locale et la circulation illicite d’armes vers Haïti, où la majorité des armements employés par les gangs proviennent de trafics organisés depuis les États-Unis.
Leader de l’alliance Viv Ansanm et fondateur du G9, Chérizier a été désigné comme terroriste étranger par les autorités américaines en mai dernier. Le Département d’État offre une récompense de cinq millions de dollars pour toute information menant à son arrestation ou à sa condamnation. Toutefois, l’efficacité de ce mécanisme est interrogée par des spécialistes, étant donné que Chérizier demeure visible et actif à Port-au-Prince, ce qui limite concrètement l’impact de cette prime.
Des liens entre le G9 et le Parti haïtien Tèt Kale (PHTK) ont été avancés, notamment sous la forme de soutiens logistiques et politiques. Ces allégations, bien que préoccupantes, restent controversées et nécessitent des investigations approfondies. Par ailleurs, l’ancien président Michel Martelly, membre du PHTK, a fait l’objet de sanctions de l’ONU pour des pratiques de corruption et de détournement de fonds publics, renforçant les critiques quant à la possible convergence entre acteurs politiques et réseaux criminels.
La question se pose désormais de savoir si les jours de ce redoutable chef de gangs sont comptés et si Chérizier se retrouve abandonné par les mains obscures qui lui fournissaient autrefois armes et munitions. Cette hypothèse, évoquée par plusieurs analystes, interroge la durabilité de son influence et suggère un possible basculement dans l’équilibre du pouvoir criminel à Port-au-Prince.
Cette situation s’inscrit dans un contexte de crise structurelle, où des groupes armés contrôlent des quartiers entiers de Port-au-Prince, paralysant les institutions étatiques et aggravant la vulnérabilité humanitaire. L’absence de traité d’extradition entre Haïti et les États-Unis complique l’action judiciaire contre Chérizier, illustrant les défis du contrôle du crime transnational et la fragilité persistante de l’État haïtien. L’ensemble de ces éléments met en lumière la convergence entre criminalité locale, diaspora et influences internationales dans l’expansion du pouvoir des gangs, accentuant la déstabilisation institutionnelle et sociale du pays.

