16 octobre 2025
Élections, sécurité et déplacés internes : le droit de vote en otage en Haïti
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Élections, sécurité et déplacés internes : le droit de vote en otage en Haïti

L’Organisation Vision Haïtienne des Droits de l’Homme (VHDH)  exprime sa profonde préoccupation face aux élections prévues cette année en Haïti, dans un contexte d’insécurité extrême et de déplacements massifs de la population

Des millions de citoyens exclus

La VHDH expose sa vive inquiétude face au silence du Conseil Présidentiel de Transition et du gouvernement d’Alix Didié Fils-Aimé .concernant la participation aux élections prévues cette année des plus de 1 500 000 personnes déplacées internes, contraintes de fuir par la violence des gangs dans la zone métropolitaine et plusieurs autres départements du pays.

Mwen te vote, mwen te patisipe nan lavni peyi m.

Cette phrase illustre l’attachement des citoyens haïtiens à leur droit de vote, même dans des conditions difficiles.

Ces citoyens, dispersés dans différentes régions, demeurent invisibles dans les discussions officielles, alors que plus de la moitié d’entre eux sont en âge de voter.

Un contexte sécuritaire dramatique

Si l’organisation reconnaît l’importance d’organiser des élections, elle rappelle que le contexte actuel ne permet pas de garantir un scrutin crédible, transparent et inclusif, et qu’une élection menée dans ces conditions risquerait de priver une partie significative du peuple haïtien de son droit fondamental de vote.

La période de gestion du CPT, prévue pour vingt et un mois, reposait sur quatre objectifs majeurs : rétablir la sécurité publique, renforcer les institutions nationales et la gouvernance, lancer une réforme constitutionnelle et organiser des élections libres, honnêtes et crédibles. Après dix-huit mois de fonctionnement, le constat est clair : l’insécurité s’est aggravée, les gangs ont étendu leur contrôle territorial, et les institutions restent fragiles. Malgré ces échecs, le gouvernement semble précipiter la tenue d’élections dans un contexte où aucune condition sécuritaire ni logistique minimale n’est réunie.

Obligations constitutionnelles et internationales

Selon les données de l’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI, 2024), les départements de l’Ouest (incluant la zone métropolitaine), de l’Artibonite et du Centre regroupent près de 6,9 millions d’habitants, soit 58,3 % de la population nationale estimée à 11,8 millions. Ces zones sont aussi les plus durement frappées par la violence armée et les déplacements internes. En considérant que 48 % de cette population est en âge de voter, cela représente environ 3,3 millions d’électeurs potentiels, soit près de 28 % de l’électorat national.

En Haïti, le système électoral repose sur une inscription territoriale stricte : chaque citoyen doit être inscrit dans la commune où il réside habituellement pour pouvoir voter. Cette règle exclut mécaniquement les déplacés internes dont la situation n’est pas enregistrée, aggravant l’injustice et l’exclusion dans le processus électoral.

La Constitution haïtienne de 1987, en son article 52, stipule que « le citoyen a le droit et le devoir de participer à la direction des affaires publiques, directement ou par ses représentants. »

L’État haïtien est également lié par ses obligations internationales, notamment :

  • Article 21 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH),
  • Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui garantissent à tous les citoyens le droit de participer au gouvernement et d’être élus.

Appel à l’inclusion et à la transparence

L’Organisation VHDH,  interpelle le CPT, le gouvernement et le Conseil Électoral Provisoire (CEP) afin de :

  • Garantir la participation électorale effective des déplacés internes,
  • Assurer la sécurisation des électeurs, des candidats et des bureaux de vote par la PNH et les F’AD’H,
  • Publier un calendrier électoral réaliste accompagné d’un plan logistique et sécuritaire transparent.

Sans ces préalables, toute élection ne serait qu’un exercice symbolique, déconnecté du vécu de la majorité des citoyens.

Questions ouvertes pour le futur du pays

Ce qu’on n’a pas pu réaliser en dix-huit mois, peut-on sincèrement le faire en quatre mois ? S’agit-il d’un véritable projet de retour à l’ordre constitutionnel, ou d’une stratégie pour façonner l’opinion et prolonger le statu quo ?

Dans l’esprit de l’héritage révolutionnaire haïtien, la Vision Haïtienne des Droits de l’Homme rappelle cet avertissement du Père fondateur Jean-Jacques Dessalines : « Malheur à ceux qui trahissent leur patrie ! »

L’Organisation ne conteste pas le principe d’élections libres, elle le revendique. Mais une élection sans sécurité, sans représentativité et sans inclusion de tous les citoyens ne peut pas être un retour à la démocratie. Ce serait une illusion démocratique, un vote sans voix, un scrutin sans peuple.

Pour la VHDH : 

JULES Romulus 

Directeur exécutif 

Téléphone : +509 39 29 0646

Courriel : romulusjules228@gmail.com / vhdhhaiti@yahoo.com 

Petit-Goave, Haiti.

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