Dans un pays où des professeurs de droit comme M. Enex Jean-Charles sont recrutés pour cautionner la violation de la Constitution — notamment en promouvant un processus d’amendement par référendum explicitement interdit par l’article 284.3 — que peut-on réellement espérer de l’enseignement supérieur ? Si ceux qui sont censés former, éclairer et orienter la jeunesse contribuent eux-mêmes à affaiblir l’État de droit, il devient difficile d’imaginer une trajectoire ascendante pour les institutions universitaires haïtiennes. Le handicap est d’abord moral et institutionnel, avant d’être académique.
Aucune université haïtienne ne figure dans le classement QS World University Rankings 2025, qui recense 1 500 institutions parmi les plus performantes au monde. Cette absence se prolonge d’année en année, malgré la présence régulière d’universités caribéennes comme l’Université des Indes occidentales (UWI). Même les établissements privés les plus reconnus du pays, tels que l’Université Quisqueya, ne sont pas répertoriés dans les segments régionaux du classement QS pour l’Amérique latine et les Caraïbes.
Ce déficit de reconnaissance internationale s’explique par des facteurs structurels : faiblesse de la production scientifique indexée, manque de financements pour la recherche, infrastructures pédagogiques limitées, et faible exposition aux collaborations internationales. Les universités haïtiennes souffrent également d’un déficit de ressources humaines qualifiées et d’une absence de stratégie institutionnelle d’internationalisation, conditions pourtant fondamentales pour figurer dans les classements mondiaux.
À titre de comparaison, plusieurs universités dominicaines — dont l’Instituto Tecnológico de Santo Domingo (INTEC) et la Pontificia Universidad Católica Madre y Maestra (PUCMM) — sont régulièrement classées dans les palmarès régionaux QS. De même, au Kenya, l’Université de Nairobi (UoN), longtemps présente dans le top 1000 mondial, vient d’être rétrogradée dans la tranche 1001–1200 en 2025, en raison de contraintes budgétaires et de tensions administratives internes.
