2 octobre 2025
Décès à domicile : l’autre drame des « territoires perdus » d’Haïti, pays ingouvernable
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Décès à domicile : l’autre drame des « territoires perdus » d’Haïti, pays ingouvernable

Décès à domicile en Haïti : la lente agonie dans les zones sous contrôle armé

À mesure que la violence armée « programmée » s’étend et que l’Etat recule, une tragédie sanitaire silencieuse se déroule en Haïti, plus particulièrement dans la région métropolitaine. De nombreux citoyens souffrant de malaises graves — accidents vasculaires cérébraux, infections aiguës, complications chroniques — meurent à domicile sans jamais recevoir l’assistance médicale qui aurait pu leur sauver la vie. L’impossibilité de traverser les zones barricadées ou contrôlées par les groupes terroristes armés rend tout déplacement vers un centre hospitalier quasi irréalisable. Dans des régions telles que Pernier, Croix-des-Bouquets, Mirebalais ou Kenskoff, la simple idée d’accéder à un médecin s’apparente à une quête impossible.

Les professionnels de santé eux-mêmes, confrontés aux dangers de la mobilité dans ces zones devenues inaccessibles, sont dans l’incapacité de répondre aux appels de détresse, même de proches parents. Le système palliatif, inexistant, condamne ceux qui tombent malades à une mort lente et solitaire. Cette situation dramatique révèle une inégalité profonde : non pas dans les moyens matériels disponibles, mais dans la capacité à en bénéficier. Ce n’est plus seulement la maladie qui tue, mais l’impossibilité structurelle de recevoir des soins, dans un contexte où l’insécurité redéfinit l’accès à la santé comme un privilège réservé à quelques-uns.

Dans ce contexte de détresse généralisée, cette réalité macabre survient alors que l’État continue d’allouer des ressources financières considérables à ses principaux dirigeants. Le rapport du RNDDH souligne ainsi que des millions de gourdes sont alloués chaque mois aux membres du gouvernement, sans contrepartie en termes de résultats tangibles pour la population. Alors que l’appareil étatique se replie sur lui-même, des citoyens meurent dans l’ombre, trahis par un pouvoir politique plus prompt à se préserver qu’à secourir. Ces morts sans bruit, souvent sans sépulture digne, traduisent l’échec retentissant de l’État dans sa mission première de protection des vies.

La multiplication de ces décès à domicile n’est pas un phénomène accidentel : elle est l’aboutissement logique d’un système défaillant où la santé publique est sacrifiée sur l’autel de la corruption, de l’indifférence et de l’impunité. À défaut d’un sursaut éthique et d’une réorganisation urgente des priorités nationales, Haïti s’achemine vers une aggravation d’une crise humanitaire silencieuse, où le droit fondamental à la vie est quotidiennement bafoué sans que la communauté politique n’en mesure pleinement l’ampleur.

cba

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