Tandis que des navires de guerre américains sillonnent les Caraïbes dans le cadre d’une opération antidrogue, le Venezuela se dit en état de « préguerre » et multiplie les démonstrations militaires. Le gouvernement de Nicolas Maduro, qui dénonce une « guerre psychologique » et un « blocus naval », affirme être prêt à décréter l’état d’urgence. Washington, de son côté, justifie la présence de sa flotte par la lutte contre le narcotrafic, après la destruction de trois embarcations suspectes et la mort de quatorze personnes.
Face à cette tension, Caracas a choisi une diversion singulière : avancer au 1er octobre le début des festivités de Noël afin de « défendre le droit au bonheur ». Une initiative déjà utilisée lors de crises précédentes, alors que le pays reste frappé par l’inflation et l’effondrement du pouvoir d’achat. « Nous avons tellement de problèmes quotidiens que ce conflit paraît lointain », constate Juan Carlos Apitz, professeur de droit à l’Université Centrale.
Si les rues de Caracas n’affichent pour l’heure que quelques décorations, la rhétorique belliqueuse s’intensifie. Le ministre Diosdado Cabello reconnaît l’infériorité militaire du pays face aux États-Unis, mais mise sur une « résistance active » et le soutien d’alliés comme la Chine, la Russie et l’Iran. Pour l’opposition, ce climat relève surtout d’une stratégie politique visant à détourner l’attention d’une population exsangue.