16 mai 2025
Fritz Jean, Patrick St-Hilaire, Alix Fils-Aimé… mettent en résidence surveillée la Constitution 2025 PHTK/CPT
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Fritz Jean, Patrick St-Hilaire, Alix Fils-Aimé… mettent en résidence surveillée la Constitution 2025 PHTK/CPT

L’Edito du Rezo

« La Constitution fantôme et ses géniteurs zélés »

Par-delà les discours ronflants et les apparences de légalité, une farce constitutionnelle se trame dans les coulisses de l’État haïtien. Quand le secret devient méthode de gouvernance, la République vacille.

Messieurs les membres du Conseil Présidentiel de Transition,
Honorables figures du Conseil Électoral Provisoire,
Dignes ministres de la République,
Respectables occupants de la Primature,

Vous qui vous proclamez gardiens du peuple, artisans du futur et bienfaiteurs d’une nation meurtrie, permettez que l’on s’adresse à vous avec l’ironie respectueuse due aux dépositaires d’un pouvoir aussi discret qu’omniprésent. Un pouvoir qui, disons-le, n’est pas seulement légitimé par le besoin de stabilité, mais aussi par l’art consommé de l’opacité.

Il semblerait, à en croire les rumeurs qui serpentent dans les couloirs de l’administration publique, qu’un texte constitutionnel nouveau – une matrice républicaine revisitée – reposerait quelque part, endormi, dans les tiroirs de vos bureaux climatisés. On l’imagine bien, ce document : soigneusement imprimé, révisé à l’encre diplomatique, avec ses articles ajustés au goût du jour et ses principes à géométrie variable.

Mais alors, Messieurs, les grands patriotes formés à l’École Internationale de Confusion Politique Appliquée, pourquoi tant de discrétion ? Ce projet, sur lequel vos experts – nationaux, étrangers et ceux d’entre-deux – auraient déjà investi temps, sueur et $/€ devises, ne mérite-t-il pas le regard avisé de ce peuple que vous prétendez tant aimer ? À moins que le peuple ne soit convoqué que comme figurant d’un théâtre démocratique où les actes se décident en coulisses tout comme en 2011 et où le référendum n’est qu’une mise en scène à venir, si les circonstances le permettent.

Si donc vous aimez tant les Haïtiens – ces mêmes Haïtiens que vous affirmez vouloir libérer de la pauvreté, de la violence et du chaos –, pourquoi ne pas leur accorder l’honneur de lire ce texte ? Faites-leur ce cadeau : ouvrez le tiroir, sortez le texte, rendez-le public. Nous serons heureux de le découvrir, ligne par ligne, promesse après promesse, contradiction après contradiction.

Nous comprenons bien qu’il s’agisse ici d’un projet sérieux. Très sérieux. Assez sérieux, en tout cas, pour justifier plusieurs millions de dollars de dépenses. Une œuvre de cette envergure mérite bien un coup d’œil du contribuable – fût-il contraint à l’exil ou assiégé dans sa propre maison.

Alors, soyons clairs : Deal.
Oui, D-E-A-L, en lettres capitales et transparentes, comme devrait l’être toute entreprise constitutionnelle.

Rendez public le texte assigné à la résidence aujourd’hui. Donnez-nous à voir votre vision de la nation, vos rêves d’institutions, vos calculs d’équilibres et vos paris sur l’avenir. Et si d’aventure ce texte parvient à convaincre, si d’aventure il parle d’équité, de justice, de participation réelle – alors nous serons les premiers à vous dire : très bien, avançons.

Vous souhaitez un référendum ? Très bien, nous vous proposerons une date. Vous souhaitez des bureaux de vote ? Parfait, nous vous offrirons des immeubles. Vous souhaitez de la légitimité ? Donnez-nous au moins la vérité.

Mais en attendant ce grand dévoilement – ou ce petit aveu – l’Histoire retiendra que, dans cette phase décisive de la nation, la transparence ne fut pas votre priorité, et que même la Constitution, ce pilier fondamental de toute démocratie, fut traitée comme un secret d’État.

Messieurs, votre silence est assourdissant. Votre amour proclamé du peuple est trop discret. La Constitution ne peut pas rester sous surveillance, cachée dans un tiroir, quand le pays s’effondre dans les rues.

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