22 avril 2025
Des sanctions sans effet : Pourquoi les mesures internationales contre les élites haïtiennes échouent
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Des sanctions sans effet : Pourquoi les mesures internationales contre les élites haïtiennes échouent

Par Patrick Prézeau Stephenson

Introduction : Le paradoxe des sanctions

L’ancien président haïtien Michel Martelly, malgré les sanctions internationales pour violations des droits de l’homme et liens présumés avec la violence des gangs, a récemment été aperçu librement dans une église en Haïti, aux côtés de son épouse. Pour un homme prétendument condamné par la communauté internationale, cette apparition publique illustre à quel point ces sanctions sont inefficaces pour modifier le paysage politique haïtien.

L’incapacité à appliquer ces sanctions soulève une question gênante : les mesures internationales contre les élites corrompues d’Haïti ne sont-elles que symboliques ? Alors que le Canada, les États-Unis et l’Union européenne ont sanctionné des dizaines d’individus pour leur rôle présumé dans la descente aux enfers du pays, ces figures continuent d’opérer en toute impunité. Ce qui devait être un outil de reddition de comptes n’est devenu qu’un simple désagrément politique—un obstacle mineur que la classe dirigeante haïtienne a appris à contourner.

Une culture d’impunité : Des sanctions inutiles sans application stricte

L’élite dirigeante haïtienne a longtemps perfectionné l’art de survivre à la pression internationale. Les sanctions imposées à Martelly, à l’ancien Premier ministre Laurent Lamothe et à d’autres personnalités influentes n’ont en rien perturbé leur richesse ni leur influence. Ces individus continuent d’évoluer avec aisance dans le système politique et économique, insensibles aux restrictions imposées.

Le problème fondamental réside dans l’application des sanctions—ou plutôt, leur absence. Tandis que les États-Unis et le Canada ont bloqué certaines transactions financières et restreint les voyages, ces mesures restent largement inefficaces dans un pays où l’économie repose sur le cash et où des refuges pour les capitaux illicites existent toujours. Sans actions concrètes comme la saisie d’avoirs, les demandes d’extradition ou l’émission de mandats d’arrêt internationaux, ces individus continueront de jouir d’une impunité totale, incarnant le concept de “Bandi Legal” (criminels légaux), un terme popularisé par Martelly lui-même dans l’une de ses chansons.

L’hypocrisie de la communauté internationale

L’application sélective des sanctions par la communauté internationale sape encore davantage leur crédibilité. Les Nations unies et les gouvernements occidentaux prétendent lutter contre la corruption et le crime en Haïti, tout en continuant à traiter avec des individus liés aux figures sanctionnées. Par ailleurs, tandis que les chefs de gangs et leurs financiers circulent librement, la Police nationale d’Haïti reste sous-financée et sous-équipée, incapable de combattre les forces mêmes que ces sanctions sont censées cibler.

Le silence de Washington et d’Ottawa face à la défiance ouverte de ces mesures renforce la perception que ces sanctions ne sont qu’un théâtre politique et non un réel levier de changement. L’absence de mécanismes d’application permet aux figures sanctionnées de conserver leur pouvoir tandis que les Haïtiens ordinaires continuent de souffrir sous le poids de l’insécurité et de l’effondrement économique.

Redéfinir l’approche : Nommer le terrorisme pour ce qu’il est

Si le but des sanctions est de démanteler le lien entre crime et politique en Haïti, alors il est temps de changer de discours. La communauté internationale doit aller au-delà des mesures symboliques et reconnaître la réalité de la crise haïtienne : les individus finançant et armant les gangs se livrent à des actes de terrorisme.

En Équateur, lorsque les gangs ont paralysé le pays, le gouvernement a réagi en les classifiant officiellement comme organisations terroristes. Cette désignation juridique a débloqué de nouveaux outils, permettant des interventions militaires renforcées et des sanctions plus sévères. Haïti doit adopter une approche similaire, et la communauté internationale doit soutenir cette initiative en catégorisant le financement des gangs comme un acte terroriste au regard du droit international.

En refusant de nommer ces actions pour ce qu’elles sont—du terrorisme—le monde normalise la violence en Haïti. Le massacre de La Saline (2018), celui de Bel-Air (2020), celui de Cité Soleil (2024), le massacre de Pont-Sondé (2024), l’assassinat du président Jovenel Moïse et la terreur quotidienne imposée par les gangs ne sont pas des crimes isolés, mais bien un système organisé de contrôle et de coercition. Un cadre juridique définissant explicitement ces crimes comme du terrorisme changerait la manière dont ils sont poursuivis et la réponse de la communauté internationale.

Ce qui doit être fait maintenant

1. Appliquer les sanctions avec des conséquences juridiques réelles

oLe gel des avoirs ne suffit pas : des mandats d’arrêt internationaux et des demandes d’extradition doivent suivre.

oLes pays ayant des liens financiers avec Haïti, notamment la République dominicaine et Panama, doivent coopérer pour traquer les fonds illicites.

2. Classer les activités des gangs comme du terrorisme

oLes financiers des gangs doivent être poursuivis sous les lois antiterroristes.

oLes États-Unis et le Canada doivent étendre leur cadre de lutte contre le terrorisme pour inclure les financiers des gangs haïtiens.

3. Mettre fin à la culture d’hypocrisie internationale

oL’ONU et les organismes internationaux ne peuvent pas s’engager sélectivement avec certains criminels tout en condamnant d’autres.

oLes gouvernements occidentaux doivent tenir leurs propres institutions responsables de la facilitation des crimes financiers liés à Haïti.

Conclusion : Une crise entretenue par l’inaction

L’échec des sanctions internationales en Haïti n’est pas un mystère—c’est une faille structurelle. Sans application stricte, sans reddition de comptes, ni définition claire des crimes commis, ces mesures ne sont qu’une façade diplomatique. Si la communauté internationale veut vraiment briser le cycle de l’impunité en Haïti, elle doit cesser de traiter son élite corrompue comme de simples criminels et commencer à les considérer comme ce qu’ils sont : des terroristes économiques maintenant une nation entière en otage.

Ce n’est qu’à cette condition que les sanctions auront un véritable impact, et ce n’est qu’alors qu’Haïti pourra espérer reprendre le contrôle de son destin.

Contact Médias Patrick Prézeau Stephenson: Éditeur manifeste1804@gmail.com

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