Par Patrick Prézeau Stephenson
Dans le sillage de la réélection de Donald Trump pour un second mandat présidentiel, de nombreuses questions se posent quant à l’impact de cette victoire sur la politique étrangère des États-Unis, en particulier dans les pays comme Haïti. Avec son approche transactionnelle et son discours populiste, Trump est perçu comme une figure imprévisible qui a souvent remis en question les alliances et les partenariats traditionnels des États-Unis. Alors que les relations américano-haïtiennes sont depuis longtemps teintées d’une forte influence américaine dans les affaires internes du pays, l’éventualité d’un « Trump 2.0 » pourrait redéfinir les termes de cette relation, et ce, dans un contexte où les crises économiques, sécuritaires et politiques en Haïti atteignent un point critique.
Une diplomatie transactionnelle à l’égard d’Haïti
La première caractéristique de la politique étrangère de Trump est son « transactionnalisme » assumé : chaque relation est perçue comme un échange, et chaque engagement doit générer des bénéfices concrets pour les États-Unis. En ce sens, un second mandat de Trump pourrait accentuer cette approche, cherchant à minimiser les dépenses américaines tout en maximisant les gains stratégiques. Dans le cas d’Haïti, cela pourrait signifier une réduction de l’aide humanitaire directe et une exigence pour que le pays prenne en charge davantage ses propres défis, même si ceux-ci sont exacerbés par des conditions de pauvreté extrême et d’instabilité chronique.
La question migratoire pourrait également revenir au centre des préoccupations. Trump ayant déjà tenté de durcir la politique migratoire américaine, il est probable qu’il renforce les mesures pour limiter l’immigration haïtienne, à travers des restrictions accrues pour les visas et un resserrement des conditions pour les programmes de protection temporaire comme le TPS (Temporary Protected Status). Cette politique pourrait compliquer la situation pour des milliers d’Haïtiens vivant aux États-Unis, menaçant de les renvoyer dans un pays en proie à des violences croissantes.
La sécurité avant tout : la lutte contre les gangs
Haïti fait face à une crise sécuritaire majeure, avec l’ascension rapide de gangs armés contrôlant de vastes portions du territoire, notamment à Port-au-Prince. Un second mandat Trump pourrait mettre en avant la lutte contre ces gangs, mais sous une forme très spécifique. Plutôt que de favoriser des solutions intégrées et durables à la crise, Trump pourrait privilégier des actions militaires rapides, voire des opérations ponctuelles d’intervention directe, pour démontrer la force des États-Unis tout en minimisant un engagement de long terme. Ce type d’approche, qui privilégie la force brute, risquerait d’aggraver la situation sans s’attaquer aux causes profondes de la violence en Haïti, notamment la pauvreté, le manque d’opportunités et la faiblesse des institutions.
Il est également possible que Trump adopte une politique de soutien à un régime fort en Haïti, cherchant à appuyer des dirigeants locaux susceptibles de rétablir l’ordre par des moyens autoritaires. Un tel soutien pourrait être conditionné à des résultats visibles en matière de sécurité, mais cette alliance avec des dirigeants controversés pourrait renforcer la méfiance de la population haïtienne envers les interventions américaines.
La mainmise économique : vers une diplomatie de chantage ?
L’approche économique de Trump envers Haïti pourrait être marquée par une politique de chantage. Fidèle à sa rhétorique « America First, » Trump pourrait exiger des retours économiques concrets en échange de toute forme de soutien. Haïti, qui dépend en grande partie de l’aide étrangère, pourrait être mis sous pression pour céder davantage de concessions aux entreprises américaines, notamment dans les secteurs miniers. En exigeant un accès privilégié aux ressources naturelles et au marché haïtien, l’administration Trump pourrait exacerber les inégalités économiques dans le pays et fragiliser davantage l’économie haïtienne.
Cette diplomatie économique coercitive pourrait également inclure des menaces de sanctions économiques contre les dirigeants haïtiens ou les institutions haïtiennes jugées inefficaces ou corrompues, sauf si elles alignent leurs politiques sur les intérêts américains. Cependant, ces pressions pourraient s’avérer contre-productives, car elles risquent de renforcer les sentiments anti-américains et de créer des divisions politiques internes en Haïti.
La question des droits humains et de la démocratie: un enjeu secondaire ?
Les droits humains et la promotion de la démocratie ne devraient pas figurer parmi les priorités de la politique étrangère de Trump envers Haïti. Historiquement, Trump a peu montré d’intérêt pour la défense des droits humains sur la scène internationale, se concentrant plutôt sur des gains économiques ou des alliances stratégiques basées sur la loyauté politique. Ainsi, les violations des droits humains, la corruption et le manque de transparence en Haïti pourraient être relégués au second plan tant que les autorités haïtiennes coopèrent avec les États-Unis sur les questions de sécurité et d’immigration.
En d’autres termes, une seconde présidence Trump pourrait tourner le dos aux initiatives de renforcement de la société civile haïtienne, de soutien aux médias indépendants et d’accompagnement pour des élections libres et transparentes. L’impact d’une telle politique pourrait être dévastateur pour la fragile démocratie haïtienne, qui peine déjà à se maintenir face aux défis économiques et aux pressions internes.
Une coopération incertaine avec la diaspora haïtienne
Enfin, il est peu probable que Trump fasse des efforts pour renforcer les liens avec la diaspora haïtienne aux États-Unis, une communauté qui joue pourtant un rôle clé dans l’économie haïtienne grâce aux transferts de fonds. En traitant cette diaspora avant tout comme une menace migratoire, Trump pourrait affaiblir un des principaux moteurs économiques d’Haïti. Les restrictions sur les transferts financiers, les répressions sur les immigrants haïtiens sans papiers, et la réduction des visas pourraient entraver le rôle positif de la diaspora dans le développement d’Haïti.
Conclusion
Dans l’ensemble, un second mandat de Donald Trump pourrait conduire à une relation américano-haïtienne plus tendue, marquée par une politique étrangère transactionnelle, des mesures restrictives en matière d’immigration, un désengagement en matière de droits humains et un soutien conditionnel à la sécurité. En plaçant les intérêts américains au-dessus de toutes les autres considérations, Trump pourrait amplifier la fragilité d’Haïti, tout en exacerbant la méfiance et les divisions au sein de la société haïtienne. Pour Haïti, cette politique pourrait ressembler à une crise en attente, un » rhinocéros gris » prêt à frapper avec force dans les années à venir.
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