L’ONU étend l’embargo sur les armes en Haïti pour lutter contre la violence des gangs. Robert Muggah, auteur d’un rapport des Nations unies sur le trafic d’armes et de stupéfiants en Haïti et fondateur du groupe de réflexion Igarape Institute, basé au Brésil, s’est entretenu avec Jillian Kestler-D’Amours d’Al Jazeera au début de l’année. Il a indiqué que « la plus grande source d’armes à feu et de munitions illégales provenait des États-Unis ».
Le Conseil de sécurité de l’ONU a voté à l’unanimité vendredi pour étendre l’embargo sur les armes en Haïti à tous types d’armes et de munitions, en réponse aux niveaux alarmants de violence des gangs et d’activités criminelles dans le pays. Cette résolution autorise les 193 États membres de l’ONU à prendre des mesures appropriées pour prévenir le trafic illicite et le détournement d’armes et de matériel connexe en Haïti.
Selon des experts de l’ONU, des armes de plus en plus sophistiquées, principalement en provenance des États-Unis, arrivent entre les mains des gangs et des criminels.
La résolution prolonge également l’interdiction de voyage et le gel des avoirs des personnes figurant sur la liste de sanctions de l’ONU pour une durée d’un an. Deux nouvelles personnes ont été ajoutées à cette liste fin septembre, portant à sept le nombre total d’individus sanctionnés. Parmi eux figurent Elan Luckson, chef du gang Gran Grif, responsable du massacre d’au moins 115 personnes dans la ville de Pont-Sondé en octobre, et Victor Prophane, un ancien membre du Parlement haïtien accusé d’implication dans le trafic d’armes.
Face à cette situation, le Conseil de sécurité avait déjà voté en octobre pour prolonger le mandat de la force multinationale dirigée par le Kenya, qui soutient la Police nationale haïtienne dans ses efforts pour contenir les gangs. Cependant, les ressources pour cette mission restent insuffisantes. Le président kényan William Ruto a annoncé l’envoi de 600 agents supplémentaires pour renforcer les 400 déjà présents sur le terrain, mais cela reste bien en deçà des 2 500 agents promis par plusieurs pays, dont le Tchad, le Bénin, le Bangladesh et la Barbade.
La résolution, coparrainée par l’Équateur et les États-Unis, encourage également le gouvernement haïtien à renforcer la gestion des armes et des munitions de la police, ainsi que les armes saisies, et à améliorer le contrôle des frontières et des douanes pour limiter le trafic illicite. Elle prolonge par ailleurs le mandat du panel d’experts chargé de surveiller l’application des sanctions pendant 13 mois supplémentaires.
L’ONU espère que cette résolution, en renforçant l’embargo sur les armes et en sanctionnant les individus impliqués dans des activités illicites, contribuera à stabiliser la situation en Haïti et à offrir une solution politique durable à la crise. Toutefois, la persistance du trafic d’armes et les difficultés à mobiliser des ressources pour la mission multinationale laissent planer des doutes sur l’efficacité à long terme de ces mesures.