Hyperinflation et besoin de changement de monnaie en Haïti

0
240

Rhodner J. Orisma

Le Zimbabwe est en train de changer sa monnaie locale qui est dévaluée à près de 100% au cours de l’année écoulée. Le ZiG est en train de remplacer à la fin de ce mois (avril 2024) l’ancienne monnaie, le dollar zimbabwéen. C’est la 3e fois en 10 ans que ce pays de l’Afrique australe change de monnaie. Le changement de monnaie n’est pas un choix ultime pour fixer l’inflation ou l’économie, mais il est une solution courante et indique la volonté et la conviction du gouvernement qui tente quelque chose de bon ou visant à faciliter les échanges et le pouvoir d’achats de la population.

L’économie n’est pas la philosophie, ni ne fait pas du sentiment. C’est la réalité ou les conditions du marché qui suggèrent. Il faut agir suivant ces conditions. Dans ce cas, il faut s’attendre en Haïti à des mesures pareilles, soit d’avoir une nouvelle monnaie pour refixer le taux d’échange, soit de dollariser le pays totalement pour stabiliser l’économie. Si l’une de ces mesures n’a pas été mise en question durant les trois décennies écoulées c’est parce qu’il s’agit tout simplement du m’enfoutisme ou de la négligence de l’Etat.

Changer notre monnaie ou notre système monétaire, c’est la meilleure façon de réduire l’inflation même quand c’est pour les prochains 5 à 10 ans au moins. Oui, c’est une alternative parce que nous ne pouvons pas organiser notre production nationale pour réduire les déficits de la balance commerciale. Nos dirigeants n’ont pas dans cette situation changé de monnaie parce qu’ils n’ont pas le tac nécessaire pour le faire. Ils s’enfouent pas mal du sort de la population ou sont confortables avec ce système qui  favorise un créneau pour remplir leurs poches le long d’une classe commerciale qui en profite.

Le système en place fait du dollar une marchandise par excellence au lieu d’une simple monnaie d’échange pour valoriser les revenus et le pouvoir d’achats des gens du pays.

Au 19e siècle bien longtemps avant, les gouvernements d’alors (1861-1870) se souciant des revenus avaient eu le contrôle de la monnaie « ZorèyBourik »  qui nécessitait 1000 gourdes pour un dollar américain. Plus tard, pour éviter une résurgence d’une inflation galopante, pendant l’Occupation américaine d’Haïti (1915-1934) le taux d’échange a été fixé à 5 gourdes pour un dollar (Convention de 1919), lequel s’inscrivait sur la gourde haïtienne qu’il est payable aux porteurs de dollars américains au taux de 5 gourdes pour un dollar.

 En 1991, ce taux ne maintenait plus par la fuite des capitaux et la dérégulation du marché. Le taux d’inflation était passé à 50% contre 6% en 1986 au moment de la chute du régime des Duvalier. Alors le marché parallèle ou le marché noir venait à décider à propos du vrai coût du dollar. Le gouvernement d’Aristide dans une mesure de souveraineté à travers l’Accord standby a rejeté l’inscription américaine sur la gourde, et en conséquence la gourde devient une monnaie flottante.

Le taux d’inflation devient en effet plus galopant pour atteindre en 2022 plus de 3000%. Entre une mesure de souveraineté et le contrôle de l’inflation, laquelle avait choisi Aristide ? Qui sait? Mais comprenant Aristide, voyons plutôt qu’il optait pour une monnaie autonome sans tenir compte des logiques économiques de la dévaluation. Alors, même François Mitterrand en 1982 n’a pas pris chance de dévaluer le Franc français sans s’appuyer sur une monnaie forte étant le Mark.

Maintenant, il faut repenser la situation en Haïti pour voir quelle sera la mesure la plus rationnelle pour fixer cette inflation qui est de l’ordre de 135 gourdes pour un dollar américain, soit 2600%. En revanche, le Zimbabwe malgré avec un taux de moins de 100% de son dollar par rapport au dollar américain essaie de changer de monnaie pour stabiliser son économie. Tandis que Haiti ne tente rien pour secourir son économie face à une inflation de plus de 2500%. Sinon, le pouvoir d’achat de chaque haitien demeure très misérable. Ainsi, la pauvreté des haïtiens peut être aussi expliquée.

 Rhodner J. Orisma

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.