Par Ives Isidor
Nous sommes au début de l’année 1971, le président François Duvalier mourant annonce un successeur au « trône » présidentiel. C’est son fils Jean Claude Duvalier. Tout est fin prêt pour une passation de main sans casse.
Les potentiels aspirants ont été neutralisés, cooptés ou exilés. Pour les besoins de la cause, la majorité est réduite à 18 ans. Le peuple est convoqué en ses comices pour la ratification de ce choix. Jean Claude Duvalier est plébiscité le 22 Février 1971.
Victoire à la soviétique : le compte officiel des voix est 2.391.916 voix pour, 0 contre. Tout le monde est-il duvaliériste? Loin de là. L’opposition n’a pas voix au chapitre. 21 Avril 1971, c’est la mort du Docteur Duvalier. Sans formation académique adéquate, sans formation politique, sans maturité, le jeunot de 19 ans est propulsé au pouvoir, s’il vous plait au pouvoir à vie.
La propagande, la guerre psychologique bat son plein. Les panégyristes du régime, pleurant le « leader du tiers monde », applaudissent le choix qui s’inscrit dans la « continuité ». Un géant disparu, une idée continue, écrit Hubert de Ronceray.
L’opposition impuissante, ne fait qu’observer, encaisser et absorber le fait accompli. D’autres duvaliéristes réservés ou désabusés condamnent en silence cette succession qu’ils qualifient d’infantilisme politique. La constitution de 1964 n’est pas la seule charte qui accorde au chef de l’Etat le droit de désigner son successeur. Véritable coup de maitre ou coup de poker pour ce monsieur qui concrétise dans la glaise du réel les velléités de Dessalines, Pétion, Christophe et Soulouque, pour ne citer que ceux-là.
En effet, François Duvalier reste et demeure le seul chef d’état haïtien à désigner son successeur, et qui pis ou mieux est, à rendre effective cette passation même après sa mort envers et contre tous. Cette action de Duvalier participe du plan idiosyncratique centenaire des dictateurs haïtiens qui n’en tiennent qu’à la pérennisation de leur nom et de leur pouvoir au détriment de la création d’un vrai programme de pépinières susceptible de faire émerger de vrais leaders capable de faire avancer la vraie cause du peuple.
La passation du pouvoir de père en fils en 1971 témoigne de l’absence de leadership structuré et du manque d’esprit critique et d’équipe. Tout se fait autour d’un seul homme, un « leader providentiel », « un rédempteur », un nom.
Ives Isidor Décembre, 2009