Conseil de Sécurité | LA QUESTION CONCERNANT HAÏTI S/2024/310 : Déclarations

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German Foreign Minister Heiko Maas (C) speaks at a UN Security Council meeting at United Nations headquarters in New York on February 26, 2020. (Photo by Johannes EISELE / AFP)

LA QUESTION CONCERNANT HAÏTI S/2024/310

Déclarations

Mme MARÍA ISABEL SALVADOR, Représentante spéciale pour Haïti et Cheffe du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), a constaté que ses appels répétés à agir de toute urgence pour éviter qu’Haïti ne s’enfonce dans la crise sont demeurés vains.  « Il est impossible d’exagérer l’augmentation de l’activité des gangs à Port-au-Prince et au-delà, la détérioration de la situation des droits humains et l’aggravation de la crise humanitaire » a-t-elle noté, en évoquant une « spirale de violence dramatique, sans précédent et sans fin » dans le pays. Pendant ce temps, seul 8,1% des 674 millions de dollars requis par le plan de réponse humanitaire 2024 pour Haïti a été financé.

Début mars, a poursuivi la Représentante spéciale, des gangs ont lancé des attaques coordonnées ciblant des infrastructures clefs de l’État, notamment des commissariats de police et deux des principales prisons de Port-au-Prince, ainsi que des établissements d’enseignement et de santé.  Les gangs ont régulièrement lancé des attaques contre le palais présidentiel, occasionnant de violents affrontements avec la Police nationale d’Haïti. Depuis le 3 mars, des affrontements entre gangs autour de l’aéroport de la capitale ont contraint toutes les compagnies aériennes à interrompre leurs services, a-t-elle noté, une situation qui perdure à ce jour.  Néanmoins, des travaux de sécurisation du périmètre de l’aéroport sont en cours, avec le soutien de la police nationale et des Forces armées d’Haïti, certaines compagnies aériennes ayant annoncé qu’elles reprendraient leurs vols d’ici au mois prochain. 

Au cours du premier trimestre de l’année, environ 2 500 personnes ont été tuées ou blessées du fait de la violence des gangs, une augmentation de 53% par rapport à la période précédente qui fait du premier trimestre 2024 le plus violent depuis 2022, a relevé Mme Salvador.  De violents affrontements entre les deux principales coalitions de gangs ont entraîné des massacres de civils, des pillages et des incendies de maisons.  Qui plus est, les gangs ont systématiquement ciblé les infrastructures de l’État et attaqué des juges et des policiers, ainsi que des défenseurs des droits humains et des journalistes, s’est alarmée la haute fonctionnaire, attaques qui ont encore affaibli les institutions étatiques et aggravé les défis déjà critiques au rétablissement de l’état de droit.  En conséquence, l’accès déjà limité aux services essentiels a exacerbé l’insécurité alimentaire, tandis qu’un nombre alarmant d’enfants ont été recrutés par les gangs, avec lesquels ils commettent à leur tour des actes de violence.  De plus, les femmes et les jeunes filles continuent d’être victimes de violences sexuelles.

Dans ce contexte d’extrême insécurité, la Police nationale d’Haïti, aidée par l’armée haïtienne et conseillée par le BINUH, a déployé d’immenses efforts pour contenir la spirale de violence, avec quelques opérations réussies. Néanmoins, a poursuivi Mme Salvador, la gravité de la crise actuelle souligne les lacunes des structures nationales et le besoin urgent d’une aide internationale, notamment par le biais du déploiement immédiat de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS). L’augmentation « spectaculaire » de la violence à Port-au-Prince a également contraint l’ONU et des organisations internationales à ajuster leur présence dans la capitale.

Toutefois, la Représentante spéciale a salué l’engagement pris lors de la réunion organisée par la Communauté des Caraïbes (CARICOM) du 11 mars dernier en faveur de la création d’un Conseil présidentiel de transition afin d’ouvrir la voie à la stabilité démocratique.  Selon elle, ses priorités devraient inclure un plan d’action pour la sécurité à court terme, y compris le déploiement rapide du MMAS, et l’organisation d’élections crédibles et inclusives.  Elle a reconnu à cet égard l’engagement du Premier Ministre Henry qui a démissionné à la suite de l’installation du Conseil présidentiel de transition, ouvrant ainsi la voie à la nomination d’un nouveau premier ministre et d’un nouveau gouvernement par intérim.  Depuis cette annonce, un processus de consultation d’un mois entre les parties prenantes a abouti à la désignation de sept membres votants et de deux observateurs auprès du Conseil de transition, a expliqué Mme Salvador.  Le mandat non renouvelable du Conseil prendra fin le 7 février 2026, date à laquelle un nouveau président doit être investi.  Parallèlement, un comité de sécurité nationale et un conseil électoral provisoire doivent être établis.  La haute fonctionnaire a salué la publication, les 12 et 16 avril, des décrets exécutifs portant création du Conseil présidentiel de transition. 

Dans l’intervalle, la situation humanitaire continue de se détériorer, a poursuivi la Représentante spéciale, alors que près de 100 000 Haïtiens ont quitté Port-au-Prince depuis le 8 mars en quête de sécurité.  L’insécurité alimentaire reste également endémique dans tout le pays, la moitié de la population souffrant d’une grave insécurité alimentaire. 

À suivre…

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