DÉCADENCE ET DÉSHÉRENCE
Par Pierre Robert Auguste
Sincèrement, on doit avouer que, paradoxalement, en Haiti du 21e siècle commençant, il n’est plus question de régime de droit, de respect de constitution, de démocratie. Seul régime politique qui tient c’est la volonté du blanc, quand bien même elle heurterait la loi, les principes moraux et l’intelligence humaine. Ainsi, la bêtise, consacrant en Haiti la « suprématie blanche », se transforme de déraison, illogique, d’incohérence en un palme académique louable. Le blanc des USA, le blanc de l’union européenne, wi misyé le blanc a parlé, se félicitant avec précipitation de son œuvre politique, intellectuellement la plus monstrueuse de toute l’histoire haïtienne des idées : le texte, que je nose appeler décret, donnant corps au Conseil présidentiel.
Je crois que Blinken aura mérité d’un prix Nobel en physiologie pour réussir à faire s’asseoir- en attente- sur sept chaises différentes une couleuvre à sept têtes. Ce qui peut être pris pour une gloire n’est qu’une gloriole dont ne manqueront de se moquer la Russie et la Chine devant les instances internationales. Preuve que l’occident a marqué sa décadence intellectuelle par une lamentable théorie raciste de l’insignifiance dans laquelle il enveloppe malencontreusement un grand pays, Haiti, qui a renversé le premier l’esclavage dans le monde. Où sont ses boites à penser ?
Dans les années 50, un problème presque similaire, un vrai débat, divisait la classe pensante en Haiti. Un blanc, un français, Maurice Duverger, politiste constitutionnaliste, s’est élevé à la hauteur de l’académisme universel pour ne pas justifier le droit de la suprématie de la force au détriment du droit de raison de l’intellect et de la vérité.
Pour l’heure, Haiti n’aura pour sa rescousse que l’Afrique si elle se sent solidaire!
Pourquoi en est-il autrement aujourd’hui ?
La réponse est simple. La volonté insensée du blanc occulte les voix de la raison, du droit de l’équité, de la logique.
Surtout, parce que l’héritage de liberté, d’égalité, de fraternité est en pleine déshérence dans notre société aliénée.
Pour en assumer la succession il faut la force de caractère, le sens du sacrifice de soi, le courage de savoir dire non.
Devant la table du festin, me rappelle un analyste, cette citation pertinente de Victor Hugo dans Ruy Blas:
Ô ministres intègres!
Conseillers vertueux! Voilà votre façon
De servir, serviteurs qui pillez la maison!
Donc vous n’avez pas honte et vous choisissez l’heure
L’heure sombre où….< Haiti> pleure
Donc vous n’avez ici pas d’autres intérêts
Que d’empiler votre poche et vous enfuir après !
Soyez flétris, devant votre pays qui tombe,
Fossoyeurs qui venez le voler dans sa tombe!
En ajoutant :
BON APPÉTIT, vous vous aurez prouvé une belle culture.
Gonaives le 17 avril 2024
Pierre Robert Auguste
