Haïti | Cour de Cassation à la Présidence provisoire : 2 succès pour 3 échecs. Les explications !

0
429

« La démocratie se ramasse à la pelle », titrait Radio-Canada, lors des élections générales organisées par Boniface-Latortue, qui ont vu René Préval revenir au pouvoir pour débarrasser Haïti de la Teleco, de la Minoterie, de la Cimenterie… un grand mal fait au pays.

Les débats sur la transition politique en Haïti reprennent de plus belle, avec l’annonce de la démission du Premier ministre de facto, Ariel Henry, suite aux pressions internationales, et l’émergence d’un consensus en faveur de la formation d’un Conseil présidentiel. Cependant, des voix s’élèvent en faveur de la nomination d’un juge de la Cour de cassation pour occuper le poste de président provisoire, arguant que cette option est plus conforme à la Constitution et pourrait offrir une solution plus efficace.

Selon eux, la structure du CP est trop lourde, trop coûteuse et pourrait donner lieu à des conflits susceptibles de le paralyser.

« Les expériences précédentes de gouvernement collégial ont donné des résultats décevants », affirme Serge Jean Louis, l’un des partisans de la solution de la Cour de cassation. Mais aucun d’entre eux n’a eu l’honnêteté d’analyser les échecs et les succès (pourtant mitigés) de l’option qu’ils préconisent.

Pourtant, un examen attentif de l’histoire révèle que sur les cinq magistrats de la Cour de cassation qui ont assuré la présidence provisoire, seuls deux ont réussi à mener à bien la transition vers les élections. Ertha Pascal Trouillot (1990-1991) et Boniface Alexandre (2004-2006) ont réussi là où Joseph Nemours Pierre-Louis, Joseph Nérette et Émile Jonassaint ont échoué. Mais quels ont été les facteurs déterminants de ces succès et de ces échecs ?

Les deux succès ont été caractérisés par un large consensus au sein des secteurs politique et social, ce qui a apporté un soutien crucial à leurs initiatives. En outre, ils ont bénéficié du soutien d’une force de sécurité dans un environnement relativement moins instable. Trouillot était soutenu par le général Abraham (FAd’H) et Alexandre par la Minustah. Le président Alexandre s’est d’ailleurs contenté de se la couler douce pendant ces deux années, laissant la tâche ingrate à l’ancien ministre technocrate de Manigat, le Premier ministre de facto Gérard Latortue.

Cependant, ces victoires passées ne sont pas un gage de réussite aujourd’hui, surtout dans un contexte aussi complexe et chaotique. Confier la transition politique à un juge de la Cour de Cassation, sans expérience préalable dans la gestion des affaires publiques et étranger au monde politique, soulève des questions quant à sa capacité à mener à bien une transition de 18 à 24 mois, surtout dans un pays où les institutions sont dysfonctionnelles.

Pour remettre Haïti sur les rails, il faut un programme politique fort, une transition refondatrice ou innovante.

Dans ce contexte, la question se pose : faut-il confier les affaires politiques à des juges ou à des politiciens et des technocrates ?

La réponse à cette question dépendra largement des circonstances spécifiques et des dynamiques politiques et sociales en Haïti. Cependant, force est de constater que toute décision doit être prise avec prudence et à la lumière des enseignements tirés de l’expérience passée.

Elensky Fragelus

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.