Évasion de plus de 4 000 détenus du Pénitencier National : Qui aura le courage d’admettre son échec et de démissionner ?

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un billet de la rédaction

L’évasion spectaculaire de plus de 4 000 détenus de la prison centrale de Port-au-Prince, le Pénitencier National d’Haïti, dans la nuit de samedi à dimanche, a engendré un vaste sentiment d’indignation tant au niveau national qu’international. Cette évasion sans précédent, qui s’est produite lors d’attaques de gangs, illustre les failles flagrantes du système de sécurité du pays, ainsi que les liens complexes entre la violence, le gouvernement en place et les forces de l’ordre.

La première question qui se pose est celle de la responsabilité au sein de l’administration du Premier ministre illégalement investi, le Dr Ariel Henry. Il est impensable que dans un tel scénario, où la vie de milliers de citoyens est potentiellement mise en danger par l’évasion de détenus, aucune démission pour incompétence ne soit présentée. Il est donc nécessaire de prendre des sanctions internes au sein du gouvernement, s’il n’est pas partie prenante aux derniers événements.

Parallèlement, on peut se demander si les responsables en place, tels que Frantz Elbé et Emmelie Prophète Milcé, conserveront leur position, alors que la sécurité de la capitale et de ses habitants est menacée par la présence massive de prisonniers en liberté, dont beaucoup sont des criminels notoires et des membres de gangs.

La légitimité d’Ariel Henry à engager le pays dans des accords internationaux est également remise en question. Son déficit de légitimité nationale, amplifié par les protestations populaires, fait naître des incertitudes quant à sa capacité à représenter valablement le pays sur la scène internationale.

Un autre questionnement pertinent concerne la perspective de formation d’un nouveau gouvernement, intégrant d’anciens opposants à Ariel Henry. La participation de ces leaders de file de protestation à un tel gouvernement, marqué par des événements tragiques et des violations en matière de droits de l’homme sous le régime Tèt Kale #3, ouvre la voie à des questions d’éthique et plus largement à des questions de responsabilité.

Cette évasion massive témoigne également des enjeux constants auxquels se heurte la société haïtienne, notamment la montée de la violence « programmée » et le contrôle croissant exercé par les gangs sur la capitale. Il est difficile de ne pas s’interroger sur la relation entre ces groupes armés et les éléments du pouvoir, étant donné les liens avérés entre certains responsables gouvernementaux et les activités des gangs maintefois dénoncés par des leaders de droits humains.

Enfin, la dernière tentative d’Ariel Henry de solliciter une assistance internationale pour assurer la sécurité, malgré son manque de légitimité, atteste de l’ampleur du défi sécuritaire auquel le pays est exposé. Ces appels à une intervention étrangère confirment non seulement que la violence endémique est de plus en plus reconnue comme un obstacle majeur au développement et à la stabilité d’Haïti, mais aussi que les dirigeants doivent reconnaître l’importance de l’honnêteté politique si yo gen mounite nan yo et avoir le courage de démissionner lorsque les circonstances l’exigent.

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