Message du coordonateur de UNIR | Haïti 2023 : Encore une année de perdue !

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Le texte offre une vision sombre de la situation politique et sociale en Haïti en 2023, soulignant la faillite de l’État, l’inefficacité des dirigeants, et les conséquences dramatiques sur la population. Clarens Renois, dirigeant exécutif de UNIR, critique le leadership du Premier Ministre de facto Dr Ariel Henry et remet en question la légitimité de l’accord politique de décembre 2022. La référence au départ massif de jeunes talents comme une conséquence de l’absence de perspective d’avenir souligne l’urgence d’une réforme profonde et d’un engagement envers la reconstruction du pays. La mention du Canal de la rivière Massacre comme un projet national porteur d’espoir offre une note positive dans ce tableau sombre dressé par M. Renois.

2023 : Encore une année de perdue !

Il n’est pas exagéré de considérer l’année 2023 comme l’une des plus éprouvantes qu’Haïti ait connues ces trois dernières décennies. C’est l’année qui a consacré la faillite totale de l’état haïtien. On savait que l’Etat était faible, qu’il a été miné de l’intérieur comme de l’extérieur, mais on a assisté à son écroulementau cours de ces douze mois de 2023. Car, désormais, plus rien ne se décide à l’intérieur des 27,750 kilomètres carrés du territoire national. Au fil des années, de nos turbulences politiques et des catastrophes naturelles qui ne nous ont pas épargné, les dirigeants successifs ont fait perdre au pays le contrôle de sa gouvernance politique, de sa gouvernance économique et de sa gouvernance sociale. Aujourd’hui la République dont nous commémorons les 220 ans de création est un bateau naufragé sans capitaine dont l’épave vogue sur des eaux troubles de notre histoire mouvementée.

Revenons au constat. En 2023, des dirigeants qui n’ont eu pour seule préoccupation que leur maintien au pouvoir, ont précipité Haïti au fond du gouffre. Le laxisme caractéristique du gouvernement de facto du Premier Ministre Ariel Henry ( depuis 2021), a laissé le champ libre aux gangs qui ont fini par prendre le contrôle des principales artères de la capitale, et ont étendu leurs mains mises sur les routes nationales jusqu’à installer des postes de péage où ils le désirent. Les axes routiers du nord, du sud et du centre sont ainsi administrés par des groupes armés qui opèrent à visière levée.

Le chef du gouvernement, président du conseil des ministres, lui-même ministre de l’intérieur et président du Conseil supérieur de la police nationale (CSPN), n’a pas eu de plan pour redresser la situation qu’il a visiblement laissé pourrir pour en tirer des dividendes politiques. Aucune étude, aucune stratégie n’ont été établies par les forces de la “sécurité nationale” pour en venir à bout des gangs téléguidés par des politiciens et des hommes d’affaires. Les gangs sèment la terreur et entretiennent la misère de la population civile trahie par les dirigeants et abandonnée à son sort. Les rapports faits par les Nations-Unies sur les sources de l’insécurité et de la criminalité ont partiellement identifié les promoteurs des gangs, mais n’ont pas tout révélé de la nébuluese qui continue d’enfermer Haïti dan les ténèbres de la violence, de l’anarchie et du chaos.

Les Forces armées d’Haïti (FAD’H) pas plus que la Police nationale d’Haïti (PNH) n’ont pa agi pour contrecarrer l’expansion des groupes armés. Les quelques réactions trop timides et trop mal organisées de la police n’ont pas réussi à inquiéter des gangs de plus en plus puissants. Au final, le gouvernement de transition du Premier Ministre Ariel Henry a choisi l’option la plus avilissante celle de recourrir à la communauté internationale (Hercule) en l’invitant à envoyer des troupes sur le sol national pour nettoyer les écuries que nos politiciens traditionnels ont contribué à salir, à badigeonner au cours de dizaines d’années d’incuries administratives. Après plusieurs missions infructueuses, on est en droit de s’interroger sur l’efficacité d’une nouvelle mission internationale en Haïti. Encore une fois le Temple national sera profané.

Le bilan de l’année 2023 est à tous points de vue très lourd. Les pertes en vies humaines enregistrées sont pires que celles connues dans des pays en guerre. Gaza exceptée. On déplore plus d’un millier de victimes des actes de terreur perpétrés par des groupes armés, des centaines d’enlèvements à caractère crapuleux parmi les plus spectaculaires on peut citer le cas du secrétaire général du Haut Conseil de la transition (HCT) Anthony Virginie Saint-Pierre laissé plus de deux semaines aux mains de ses ravisseurs, et celui de Douglas Pape, fils de l’éminent Docteur William Pape des Centres Gheskio (toujours en captivité au moment de la rédaction de cete texte). Encore plus scandaleux, le récent double meurtre de deux fillettes innocentes (6 et 10 ans) abatues dans la résidence de leurs parents. Mais pire que tout, c’est le départ massif de nos jeunes à l’étranger privant le pays des ressources tant indipensables dans la perspective de sa reconstruction. Des dizaines de milliers (120,000 dans le cadre du programme de Biden) de cadres, policiers, diplomés, fonctionnaires et profesionnels sont partis fuyant la désespérance qui s’installe au sein de la société nationale. La fuite des cerveaux et de la force de travail continue de ruiner les espoirs de notre pays exangue.

En cela, 2023 a été catastrophique pour le pays décimé de sa jeunesse d’Haïti. Il ne nous reste que deux choix : partir ou crever sur place si nous ne voulons pas intégrer les gangs”. Ce cri d’un étudiant résume le dilemne que vivent nos jeunes. L’idée de la fuite s’est donc installée dan la tête de la jeunese haïtienne en détresse comme seule (issue de secours) porte de sortie de l’enfer national face à l’absence totale d’un projet national porteur d’avenir capable de les retenir. Les dirigeants n’ont pas d’oreille pour entendre les jeunes, ils n’ont pas le souci de l’avenir. 

En signant l’accord du 21 décembre 2022 pour le garder au pouvoir sans un projet pour le pays, Ariel Henry a poussé le dos des jeunes qui n’ont pas choisi “les barricades pour avenir”. Ceux qui ont donné la caution à ce document savaient pertinemment qu’en aucune façon il ne serait respecté. Dès lors, ils ont choisi de mentir à la République en livrant le pays à une coalition hétéoclyte de partis et organisations ayant pour seul objectif que se perpétuer au pouvoir par tous les moyens sans prendre en compte les intérêts du pays. En plus de cela, le pouvoir (21 décembre) n’a pas montré suffisamment d’ouverture pour parvenir à un nouvel accord plus crédible et plus équilibré en dépit de la bonne foi de certains partis de l’opposition, et des efforts déployés par la mission des Éminentes personnalités de la CARICOM.

Le pouvoir politique a ainsi été pris en otage par le Docteur Ariel Henry, et son groupe qui a laissé croire qu’il avait obtenu de la Communauté internationale le mandat de diriger le pays seul, comme bon lui semble sans contre-pouvoir. Gageons que la Communauté internationale, à commencer par les Etats-Unis si attachés aux principes démocratiques, ne saurait donné un blanc-seign à un homme au pouvoir depuis l’assassinat du président Jovenel Moise le 7 juillet 2021. La question est de savoir comment revenir aux pouvoirs partagés, à l’expérience démocratique payée au prix fort par le peuple haïtien (toutes couches confondues) qui s’est sacrificié en laissant de très nombreuses vies dans des luttes éprouvantes depuis 1986. 

L’expérience de près de quarante ans avait, certes, ses imperfections occasionnées par des dirigeants réfractaires au respect de la Constitution et des lois, mais elle offrait un terrain d’apprentissage de la démocratie, également servait de phase éliminatoire permettant d’identifier ceux qui sont incapables de se plier aux règles de la bonne gouvernance. Les années d’Ariel en cela constitue un pas en arriére qui pourrait nous coûter cher.

2021-2023 et 2024 (qui sait?) c’est du temps perdu. L’histoire comme la vie est cumulative. L’une ou l’autre est faite d’un ensemble d’actes posés au fil des jours et des années. A l’aube de la nouvelle année, les dirigeants devraient se demander : Qu’avons-nous fait pour Haïti?

Seul, mais puissant, rayon de soleil dans le ciel nuageux, la formidable mobilisation de toute la communauté haitienne (nationale et diaspora) pour construire la première oeuvre d’envergure nationale, le Canal de la rivière Massacre. Cette initiative soutenue avec passion par les plus simples citoyens est une réponse au défi qui se pose à tout un peuple trop longtemps méprisé et considéré comme incapable de rêver un destin de grandeur. C’est dans la communion fraternelle, l’Union et la Réconciliation que nous trouverons les ressources pour faire renaitre AYITI.

Que toutes nos larmes de l’année 2023 soient versées dans le canal de la rivière Massacre pour arroser les terres nationales assoifées de productions et de souveraineté! 

Clarens Renois
Coordonateur national/UNIR

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