Il y a 125 ans, sous des balles haïtiennes il tombait, provoquant une horrible convulsion. Cet événement a marqué l’ouverture de l’ère tumultueuse, caractérisée par des agitations incessantes et des souffrances récurrentes qui ont teinté chaque page de notre tableau de misère et de sang.
Cet homme! C’est lui-même, celui qui a tant fait pour la Patrie Haïtienne. Celui qui, sorti de l’abjection dans laquelle nos ancêtres marqués par l’esclavage croupissaient depuis des générations, s’est élevé pour devenir un fer de lance unique. Dessalines a presque été érigé en déité, élevant l’amour et la vengeance à des hauteurs nécessaires à l’accomplissement de la justice.
Histoire oblige, il fallait qu’il y ait un homme ainsi, un héros. Sa contribution aux gloires de cette période, malgré les tourments, est immense. Il a forgé des écoles historiques et est devenu un point de départ indiscutable pour notre histoire.
Il est désormais reconnu comme un acteur clé de l’indépendance haïtienne. Sa force était basée sur une vision scientifique et un ordre sévère, sans lesquels aucune victoire durable n’était possible.
Dessalines incarne les idéaux de la Révolution haïtienne, devenant une figure universellement admirée, une source de foi et d’espoir. Son rôle dans les gloires de cette époque est incontestable, malgré les moments sombres et les difficultés.
Cette page de notre histoire est maintenant éclairée par une lumière éclatante, rapprochant des perspectives édifiantes pour notre avenir. La volonté implacable de l’homme a dressé les masses haïtiennes, les rassemblant sur les voies de la Justice, et tout ce que sa vaste énergie a accompli ressemble presque à un miracle. La cohésion des phalanges éparses et la spontanéité des disciplines nécessaires convergent vers le triomphe final.
Des forces inattendues, un idéal de liberté humaine inattendu, se dressent aujourd’hui devant nous. Debout autour de ces grands souvenirs, le peuple haïtien confronte les gloires et les défaillances de son passé, ainsi que les délicats devoirs que lui impose la charge d’un avenir meilleur. Il n’y a pas à hésiter au carrefour tragique où nous sommes.
La route à suivre désormais est celle qui conduit aux réalisations vitales, quoique souvent obscures, la paix par le développement incessant de toutes nos activités intellectuelles, économiques et sociales, nous obligeant du même coup à écarter pour toujours les sentiers dangereux que nous avons battus pendant plus d’un siècle.
C’est l’Empereur lui-même qui nous y convie, puisque c’est son œuvre qu’il s’agit de sauver. C’est lui qui nous demande de devenir les Chefs et de veiller sur les destinées de notre peuple, d’édifier notre histoire avec des matériaux plus sûrs, pour la sauvegarde même de cette Indépendance qu’il nous a donnée et que nos erreurs et nos fautes ont failli compromettre.
C’est dans ce pacifique esprit de progrès et de civilisation que la Patrie Haïtienne reconnaissante apporte aujourd’hui des fleurs à son immortel Fondateur.
source : Le Nouvelliste du 19 octobre 1931
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