Contestation des blocs de sénateurs en République dominicaine contre la fermeture de la frontière
Les porte-parole des blocs de sénateurs des partis Fuerza del Pueblo (FP) et Parti de la Libération Dominicaine (PLD), Dioni Sánchez et Yván Lorenzo respectivement, ont vivement critiqué la décision du président Luis Abinader de fermer complètement la frontière en signe de protestation contre la construction d’un canal alimenté par la rivière Masacre.
Ils ont qualifié cette décision d’électoraliste et de populiste, soulignant que cette mesure pourrait avoir des conséquences désastreuses pour les habitants des régions frontalières qui dépendent largement des échanges commerciaux avec Haïti.
Les sénateurs ont estimé que les autorités dominicaines semblaient avoir initialement donné leur accord aux Haïtiens pour entreprendre ce projet, puis ont changé d’avis.
Sánchez a demandé des explications au ministre des Affaires étrangères, Roberto Álvarez, sur les détails et la portée de l’accord d’amitié signé avec le gouvernement haïtien en 2021.
« Il est important de souligner que cette action n’est pas guidée par une intention purement nationaliste, mais est plutôt motivée par des considérations électorales. C’est là où réside le danger de ce qui se passe. Encore une fois, des mesures auraient pu être prises bien avant d’en arriver là », a-t-il ajouté.
De son côté, Yván Lorenzo, porte-parole du PLD au Sénat, a insisté sur l’importance pour le ministre des Affaires étrangères de divulguer les détails de l’accord conclu avec les Haïtiens en mai 2021.
Il a mis en garde contre les dommages dévastateurs que la fermeture de la frontière pourrait engendrer sur le commerce dans les villes frontalières, soulignant leur dépendance vis-à-vis du commerce informel avec Haïti.
« Les villes frontalières ne peuvent pas supporter à long terme la fermeture de la frontière car elles dépendent du commerce informel avec Haïti. Pour vous donner une idée, Elías Piña génère 40 millions de dollars par semaine grâce à ce commerce avec Haïti », a averti le législateur.
La fermeture de la frontière a été décidée par le président dominicain Luis Abinader en réponse à la construction d’un canal par des entrepreneurs haïtiens sur la rivière Massacre. Les haïtiens revendiquent également le droit d’exploiter cette rivière conjointement avec la République dominicaine.