La République d’Haïti et la République Dominicaine : jumeaux siamois incompatibles

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1884

Lundi 28 novembre 2022 ((rezonodwes.com))–

            La République d’Haïti et la République Dominicaine partagent une île commune dénommée l’île d’Haïti. L’île est coupée par une frontière méridienne de plus de 300 km. Cette coupure est l’héritage du partage colonial de l’île entre la France et l’Espagne, et le résultat dynamique spatial contrasté des deux nations qui y sont nées et qui ont eu recours à des principes d’encadrement d’instinct (Jean-Marie Théodat, 1998).

Ainsi, Haïti se situe à l’ouest de l’île et occupe une superficie de 27 750 km2, alors que la République Dominicaine occupe une superficie de 48 730 km2 à l’est de l’île soit 64 % du territoire. Pourtant, au cours de leur histoire, les deux États n’en ont formé qu’un seul à trois reprises[1]. La République d’Haïti et la République Dominicaine partagent en commun le colonialisme européen et surtout de nombreuses occupations américaines, dont 1916 et 1965 en République Dominicaine et 1915 en République d’Haïti.

De plus, ils ont connu également au cours de leur histoire des régimes politiques corrompus, de graves problèmes de santé publique, une sous-scolarisation et une faible productivité agricole, etc. Toutefois, les difficultés que confronte Haïti sont plus élevés par rapport à la république Dominicaine puisque Haïti demeure le pays le plus pauvre de la caraïbe, classé 168e sur 189 par le PNUD pour son indice de développement humain[2].

Ces deux pays se partagent une île commune, pourtant ils vivent comme s’ils étaient séparés par la mer. Jean-Marie Théodat relate que cette situation est le résultat d’une évolution historique partagée et de la prégnance de la frontière qui opère à la manière d’un obstacle naturel entre les deux pays. Il existe toujours entre Haïti et la République Dominicaine une histoire coloniale qui se manifeste clairement, dans l’administration politique, la culture et la composition ethnique, pourtant la société dominicaine s’est toujours considérée à part, distincte de la société haïtienne.

En ce sens, comment expliquer la discorde entre les deux pays qui sont condamnés à cohabiter ? Pour quelle raison leurs relations politiques sont-elles souvent acrimonieuses ? Certains auteurs pensent que les conditions historiques dans lesquelles se sont forgées ces deux pays expliquent en partie la faiblesse de leur échange et leur méconnaissance mutuelle. Les deux nations ont hérité de l’antagonisme ancien qui opposait les Français aux Espagnols pour la domination de la partie occidentale de l’Española (Hispaniola) au XVIIe siècle (Jean-Marie Théodat, ibid.).

Le présent article est divisé en deux grandes parties. La première aborde l’occupation haïtienne de la République Dominicaine (1822-1844) tout en illustrant l’idée du paradigme de la raison dominicaine. La deuxième partie appréhende l’identité nationale dominicaine avec comme idéologie politique l’antihaïtianisme.

L’occupation haïtienne de la partie Est de l’ile (1822-1844), l’idée de la raison dominicaine

Après une lutte de quatorze années de combats contre les colons français, les Haïtiens ont fini par mettre sur pied une nation indépendante le 1er janvier 1804. L’Haïtien venait d’insérer dans la matrice de l’action les principes immortels de la Révolution américaine et de la Révolution française[3].

Il n’y a peut-être pas dans l’histoire universelle un drame qui soit plus pathétique que celui que confronte le peuple haïtien. Pendant longtemps son existence de communauté indépendante a été un paradoxe dans le monde et presque toujours un défi aux forces antagonistes qui l’ont combattue ouvertement ou sournoisement[4].

En ce sens, les Haïtiens ont toujours été attentifs contre toute éventuelle agression puisque l’autre partie, devenue la République Dominicaine, était toujours un appât pour les puissances impérialistes. Ainsi, dans l’optique de sauvegarder leur indépendance, les dirigeants haïtiens désirent avoir sous leur tutelle la totalité de l’île afin de libérer Haïti de la menace d’une attaque terrestre, difficile à prévenir. Cela ne pouvait se faire sans se transformer à son tour en envahisseur et oppresseur d’un autre peuple : les Hispano-dominicains, restés sans défense depuis le retrait de l’Espagne de Santo Domingo en 1795 (Jean-Marie Théodat, 2009).

Le rêve est devenu réalité sous le joug du gouvernement de Jean-Pierre Boyer en février 1822, se proclamant chef d’État de l’île entière. L’unification de la partie Est de l’île au reste du pays ne faisait pas l’unanimité. Malgré tout, le président Boyer avec l’appui de son armée et de Nuñez de Cáceres, un des leaders du mouvement pro-haïtien à Santo-Domingo, procède à l’haïtianisation de la colonie de l’est, c’est-à-dire à la reconfiguration de la société dominicaine à l’image de celle d’Haïti (Matibag, 2003 ; cité par Doryann Dupuy, 2016).

Suite aux nombreux changements aux niveaux économiques, institutionnels et administratifs perpétrées par le gouvernement haïtien sous Boyer, comme : la saisie et la redistribution des terres et des propriétés privées, l’enrôlement forcé des jeunes garçons dans l’armée haïtienne, la fermeture de l’université et des écoles publiques, l’adoption de la langue française comme langue officielle, le paiement d’impôts comme une contribution nationale au paiement de la dette d’indépendance d’Haïti[5], etc., le peuple dominicain est forcé de se fier à ce gouvernement. Car, les mesures drastiques de ce gouvernement ont eu des répercussions graves sur le peuple dominicain.

Par conséquent, la population trouve le moment idéal pour se révolter en vue de créer une nation purement dominicaine, c’est-à-dire une nation fidèle aux valeurs, aux coutumes et aux croyances religieuses de la République Dominicaine[6]. En 1844, soit le 27 février la République Dominicaine a obtenu son indépendance de la République d’Haïti. Le nouveau découpage de 1844 laisse voir la volonté des nouvelles autorités dominicaines de refermer la parenthèse de l’occupation haïtienne par un retour à l’identique aux découpages d’avant 1844[7].

Il faut attendre jusqu’en 1850 pour que la République Dominicaine puisse réellement se réclamer souveraine, après la reconnaissance de leur indépendance par les deux grandes puissances coloniales l’Angleterre et la France. Cette reconnaissance représenta pour les Dominicains une chance de survie et la légitimité de leur nation. Ainsi, au cours de la seconde moitié du XIXème siècle l’oligarchie blanche dominicaine impose leur vision d’ordre politique, en l’occurrence, l’idée de raison dominicaine, comme une construction idéal typique permettant de dégager les traits saillants de la pensée dominicaine au regard de l’altérité / différence haïtienne (Glodel Mézilas, 2021). La raison dominicaine s’inscrit dans le registre de l’auto-affirmation, de l’auto-valorisation et de la négation de l’altérité haïtienne affirme Glodel. Pour Marie Redon (2008) cité par Glodel Mézilas :

La raison dominicaine est un ensemble d’énoncés, de discours, de récits, de pratiques, de comportements, d’attitudes, de déclarations, de prises de position, de préjugées, d’idées reçues, d’a priori sur Haïti à partir d’une lecture idéologique du passé ethnoculturel des deux pays partageant l’ile.

Cette forme de violence culturelle et idéologique communément appelée raison trujiliste qui s’est officialisée sous la dictature de Leónidas Rafael Trujillo autour des années 1930 se déploie sous différentes formes à l’encontre de la différence haïtienne. D’abord, elle a pratiqué le déni de nationalité à des Dominicains d’origine haïtienne bien que dénoncé par la communauté internationale et certaines institutions privées autochtones. Ensuite, elle a consenti les expulsions massives des Haïtiens du territoire dominicain au moyen de sa politique migratoire dominicaine. Enfin, elle a enseigné aux enfants, via des manuels d’histoire la haine d’Haïti, le côté barbare de ce pays qui les aurait occupés et aurait tenté de leur imposer un système culturel rétrograde et primitif (Glodel Mézilas, ibid.). Partant, cette raison conçoit l’essence de la nation dominicaine sur la base de l’hispanité, de l’indianité et de l’antihaïtianisme.

L’antihaïtianisme, idéologie politique Dominicaine

La relation entre Haïti et la République Dominicaine est très complexe. Sous la dictature de Trujillo cette relation établit une différence raciale supposée entre les Dominicains et les Haïtiens. Ainsi, les Dominicains se développent un profond sentiment d’infériorité vis-à-vis des Haïtiens, étant donné qu’ils sont devenus indépendants d’une ancienne colonie rivale sur le plan économique. Cette rancune historique que la République Dominicaine éprouve contre Haïti depuis l’annexion haïtienne de 1822, met en évidence l’institutionnalisation d’une rhétorique anti-haïtienne au sein de la nation dominicaine. Selon Ernesto Sagás (2000) cité par Doryann, le régime de Trujillo est responsable de l’instrumentalisation et de la portée de l’antihaïtianisme en tant qu’idéologie politique dominante en République Dominicaine. D’ailleurs, en 1937 l’idéologie raciale s’est matérialisée lorsque Trujillo a ordonné le massacre de plusieurs milliers Haïtiens et de Dominicains d’origine haïtienne à la frontière haïtiano-dominicaine en raison de leur incapacité à dire « Perejil ». Le Dominicain a toujours considéré l’haïtianisme comme l’antithèse même du dominicanisme (Joseph Pierre Lamothe, 2009). En effet, les Dominicains normalisent un discours raciste anti-noir en valorisant les racines européennes et en banalisant en retour les faits historiques.

L’antihaïtianisme systémique produit par les dominicains se décrit comme un ensemble d’actions et de mouvements hostiles à la présence haïtienne en terre dominicaine. Elle peut être définie comme « un ensemble de préjugés, de mythes et de stéréotypes anti-haïtiens socialement reproduits, qui imprègne la culture dominicaine »[8]. En effet, et à en croire Alain Saint-Victor, l’antihaïtianisme est une idéologie raciste qui historiquement caractérise l’Haïtien comme le Noir authentique, c’est-à-dire (dans l’imaginaire dominicain de l’Elite dominicaine) comme un barbare et un primitif, imprégnait la culture populaire de façon diffuse. L’emprise de cette idéologie sur les couches sociales dominées était efficace et réelle dans la mesure où la présence haïtienne dans le pays était perçue comme une menace concrète. Malgré la mort de Trujillo, l’idéologie antihaïtianisme va poursuivre avec l’avènement de deux présidents. Autant dire que le trujilisme fut porté à son apogée par deux idéologues du régime : Manuel Peña Battle et Joaquín Balaguer, ce dernier considéra Haïti comme une menace perpétuelle à l’existence de la République Dominicaine. Reprenant le mythe des origines des deux nations, Peña Battle voit l’histoire dominicaine comme celle d’un peuple non-violent, qui a connu un esclavage bénin, il n’y avait pas de grands soulèvements. La République d’Haïti, par contre, est perçue comme une nation fondée sur le sang et la violence ; elle constitue, par conséquent, dans son essence, le contraire de la nation Dominicaine.

L’idéologie antihaïtianisme cultivé par les Dominicains n’est pas uniquement d’ordre politique, culturel et social, il est également d’ordre économique. En effet, comme le souligne Richard Mathelier (2013), la République Dominicaine exporte des sous-produits de son agro-industrie comme les brisures de riz, ou les abats de poulets qui n’ont une valeur marchande significative que pour le marché haïtien. L’absence de contrôle des autorités haïtiennes pousse les Dominicains à liquider dans le pays des produits moins standardisés et qualité visuelle moins raffinée. Haïti représente le marché le plus important pour la République Dominicaine pour sa proximité et pour la facilité qu’il y a de pouvoir pénétrer sur son marché. Malgré tout, la République Dominicaine entame la construction d’un mur électrifié à sa frontière avec Haïti en février 2022, dans l’idée de contrôler l’immigration clandestine. Loin de là, l’attitude de la république Dominicaine consiste à cristalliser davantage l’antihaïtianisme aux yeux du monde. C’est cette antihaïtianisme ancien et latent qui constitue encore aujourd’hui le socle d’une multitude de discriminations (Sébastien Voyneau, 2005).

Conclusion   

Après l’indépendance de la République d’Haïti, les héros pour consolider la liberté du pays murmurent l’idée de réunifier l’île. Ainsi, sous le gouvernement de Jean-Pierre Boyer, en 1822, les deux pays de l’île ne font qu’un sous le drapeau haïtien. La majorité des Dominicains accepte cette réunification quoiqu’ils aient toujours fait valoir leur différence culturelle et ethnique. Cependant, les réformes de Boyer ont eu des impacts négatifs sur la partie orientale de l’île. L’élite dominicaine réagit à la tentative de Boyer d’haïtianiser le pays en conquérant leur indépendance le 27 février 1844. Le type de rapport que les deux pays vont développer à l’avenir s’assoit sur ce choc historique et politique puisque les luttes pour l’indépendance dominicaine vont renforcer le sentiment anti-haïtien. Afin de revaloriser leurs traditions hispaniques, les Dominicains construisent tout un discours l’anti-Haïtien, l’anti-Africain. Ils refusent catégoriquement de s’enfermer dans une origine unique avec les Haïtiens pour s’échanger, se développer, se consolider, etc. Au contraire, ils adoptent de préférence la complexité, la multiplicité et la diversité. Fort de ce constat, Glodel (2021) souligne :

Il y a une fixité raciale dans la raison dominicaine, en ce sens que l’altérité haïtienne se caractérise par un appauvrissement de l’idéal humain, un écart entre humanité dominicaine et humanité noire haïtienne. Elle nie toutes formes de relations, d’ouverture, d’échange ou de créolisation avec l’altérité haïtienne.

L’occupation de toute l’île par le passé a inculqué à l’intelligentsia haïtienne une certaine prétention de grandeur à l’encontre de ses voisins. Par contre, l’État dominicain apprend à ses concitoyens à fuir leur passé qui est déshonorant, et qu’il faut s’en servir pour grandir et le dépasser à tous égards. Quoique la question raciale représente un élément fondamental de l’antagonisme des deux pays, leur incompatibilité culturelle, politique, sociale et économique renforce la nécessité de séparer les deux peuples et qui occasionneraient en retour la République d’Haïti comme le pire ennemi de la République Dominicaine. Quoi qu’il en soit, plusieurs auteurs dominicains ont remis en question la raison dominicaine dans l’idée de repenser le national dominicain. D’ailleurs, sur ce point Juan Bosch (2014) cité par Glodel affirme : « Il ne faut pas confondre la République Dominicaine avec Trujillo, ni Haïti avec Lescot ». Dans cette même veine, Joseph Pierre Lamothe relate : « Chaque Haïtien, chaque Dominicain doit savoir que les peuples haïtiens et dominicains ont un destin qui les oblige à vivre l’un près de l’autre ».

Bibliographie

DUPUY, Doryann, « Somos dominicanos » : la migration haïtienne et la question de l’identité   nationale en république dominicaine », Maitrise en sociologie, Canada, Université       Ottawa, 2016, 147 p.

EVANGELISTA, Jessica, L’afrophobie dans l’imaginaire dominicain, Disponible à             https://www.ehess.fr/fr/carnet/apr%C3%A8s-george-floyd/lafrophobie-dans-limaginaire-            dominicain, consultée le 4 Août 2022.

JEAN-PRICE, Mars, La république d’Haïti et la république dominicaine, Tome I, Collection du             Tricinquentenaire de l’indépendance, Port-au-Prince, 1953, 267 p.

LAMOTHE, Joseph Pierre, « Les relations haïtiano-dominicaines, quelle issue ? », Rencontre, Numéro 20-21, Port-au-Prince, Juin 2009, pp 97-100.

MATHELIER, Richard, « Economie haïtienne et dominicaine : dépendance et/ou           interdépendance ? », Rencontre revue haïtienne de société et de culture, Numéro 28-     29, Port-au-Prince, 2013, pp 69-75.

MEZILAS, Glodel, Critique de la raison dominicaine : La question de l’antihaïtianisme,                                   Editions de l’Université d’Etat d’Haïti, Port-au-Prince, 2021, 204 p.

SAINT-VICTOR, Alain, « Les fondements historiques du racisme dominicain. Les origines de             l’antihaitianismo », Histoire engagée, Février 2016, 8 p.

THÉODAT, Jean-Marie, « État et territoire : la question de la naissance de la République             dominicaine », In : Genèse de l’État haïtien (1804-1859) [en ligne], Paris : Éditions de la             Maison des sciences de l’homme, 2009 (généré le 23 août 2022), Disponible sur Internet :          ISBN : 9782735118908. DOI : https://doi.org/10.4000/books.editionsmsh.9766.

THÉODAT, Jean-Marie, « Haïti et la République Dominicaine : la négritude en partage »,         Présence africaine, Vol 1, Numéro 169, pp 73-87.

THÉODAT, Jean-Marie, Haïti et la République Dominicaine : une île pour deux (1804-1916), Paris, Editions Karthala, 2003, 377 p.  

THÉODAT, Jean-Marie, « Haïti-Quisqueya : une double insalubrité », Mappe monde, Université          Paris X, 1998, pp 7-11.

THÉODAT, Jean-Marie, « Haïti / Quisqueya : une île en deux morceaux », Guillaud      Dominique (ED.), Seisset M. (ed.), Walter Annie (ed.), Le voyage inachevé…à Joël  Bonnemaison, Paris, 1998, pp 323-328.

VOYNEAU, Sébastien, « République Dominicaine : le traitement infligé aux haïtiens et aux      Dominicains d’origine haïtienne, une discrimination institutionnalisé »,  La Chronique des Amériques, Numéro 33, Octobre 2005, 8 p.

Fredlet PIERRE LOUIS

(509) 37 39 11 60

fredletpierrelouis@gmail.com


[1]https://www.axl.cefan.ulaval.ca/amsudant/rep-dominicaine.htm, consulté le 19 Août 2022.

[2]https://www.sudouest.fr/international/pourquoi-haiti-est-un-des-pays-les-plus-pauvres-des-ameriques-2820400.php, consulté le 19 Août 2022.

[3]Jean Price-Mars, la république d’Haïti et la république dominicaine, p 37.

[4]Ibid., p 11.

[5] Dette réclamée par la France à Haïti le 17 avril 1825 afin de dédommager les anciens colons.

[6]Doryann, Dupuy, « Somos dominicanos » : la migration haïtienne et la question de l’identité nationale en république dominicaine, 2016, p 17.

[7]Jean-Marie, Théodat, « État et territoire : la question de la naissance de la République dominicaine », In : Genèse de l’État haïtien (1804-1859), p 308.

[8]https://www.ehess.fr/fr/carnet/apr%C3%A8s-george-floyd/lafrophobie-dans-limaginaire-dominicain, consultée le 4 Août 2022.

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