Mais qui a conseillé à l’administration Jovenel Moise/Joseph Jouthe/Claude Joseph de fédérer les gangs G9? Pourquoi Izo, Ti Lapli, Barbecue… sont-ils encore aujourd’hui libres de leur mouvement?
Il ne s’agit pas de « punir » le Gouvernement, encore moins la population, mais de demander des comptes à ceux qui fournissent ou acquièrent les armes illégales, affirme le Mexique.
Mercredi 28 septembre 2022 ((rezonodwes.com))–
Trois hauts responsables de l’ONU et l’ensemble des délégations à avoir pris la parole ont exhorté, cet après-midi, le Conseil de sécurité à prendre des « mesures urgentes » pour remédier à la « triple crise » –politique, économique et sécuritaire– que connaît Haïti, en proie notamment à la violence de gangs criminels. Les États-Unis ont annoncé la présentation dans les prochains jours d’un projet de résolution sur ce dossier dont elle est porte-plume avec le Mexique. Le Ministre des affaires étrangères d’Haïti, qui a dénoncé les « pêcheurs en eaux troubles » à l’origine du chaos dans son pays, a quant à lui estimé que la situation est « globalement sous contrôle ».
Première intervenante de cette séance convoquée par la Chine, la Représentante spéciale du Secrétaire général et Cheffe du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), Mme Helen La Lime, a déclaré que le pays se trouve depuis quelques semaines à « l’effrayante intersection de trois crises ». Une crise sécuritaire liée aux activités des gangs ayant poussé plus de 20 000 personnes à fuir leurs foyers et une crise économique qui étrangle Haïti, avec une envolée notamment des prix des denrées alimentaires, a-t-elle expliqué.
La crise est également politique puisque simultanément, « les acteurs politiques ne parviennent pas à s’accorder sur la tenue d’élections » – avec un régime PHTK4 -. La Représentante spéciale a rappelé que, sitôt l’annonce faite le 11 septembre de la fin des subventions aux produits pétroliers, l’une des plus larges alliances de gangs a bloqué le principal terminal pétrolier du pays, à Varreux, à Port-au-Prince. Le siège a duré plus d’une semaine, malgré les opérations policières, entraînant des pénuries à travers tout le pays.
Mme La Lime a néanmoins loué les efforts de la Police nationale d’Haïti en vue de démanteler ces barrages, efforts qui ont restauré un semblant de confiance envers elle au sein de la population. Néanmoins, des quartiers entiers demeurent hors de son contrôle et la situation autour du terminal précité demeure tendue, a-t-elle expliqué, en rappelant que l’insécurité entrave le bon acheminement d’une aide humanitaire aux 4,9 millions d’Haïtiens qui en ont besoin.
« La situation est désespérée », a appuyé la Directrice générale adjointe du Programme alimentaire mondial (PAM). Mme Valérie Guarnieri a averti que la crise alimentaire va aller en s’aggravant, trois millions de personnes se trouvant en situation d’urgence. Les manifestants ont pillé un tiers des stocks alimentaires prépositionnés sur l’île par le PAM, soit plus de 2 000 tonnes, a-t-elle précisé, en appelant la communauté internationale à faciliter l’accès humanitaire en Haïti.
Un ton alarmiste partagé par Mme Ghada Waly, la Directrice exécutive de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), qui a considéré que la criminalité organisée et les affrontements entre gangs rivaux compromettent les perspectives de développement durable du pays. « Haïti a besoin d’une police compétente et d’un système judiciaire indépendant pour que la justice puisse fonctionner et l’impunité cesse », a insisté la haute fonctionnaire, en soulignant l’importance de la coopération régionale pour endiguer la violence.
Face à la gravité de la situation en Haïti, Mme La Lime a exhorté le Conseil à prendre des mesures dans les meilleurs délais, après avoir elle-même contribué à la fédération des gangs criminels G9 pour contrôler l’électorat haïtien dans les bidons-villes, dénoncent des leaders de droits humains. Un appel à l’action que toutes les délégations ont fait leur, à l’instar de la France qui a indiqué qu’il « y a urgence à agir ». Nous suivons de près la mise en œuvre de la résolution 2645 (2022), qui rappelle notre engagement collectif à accompagner Haïti vers la sortie de crise, en définissant nos attentes ainsi qu’en mobilisant l’ONU sur place, a expliqué la représentante française. Le Conseil doit suivre en permanence les nouveaux développements sur le terrain afin d’examiner la pertinence de nouvelles mesures, a appuyé le Brésil.
Ce dernier a ainsi considéré indispensable d’entamer des discussions approfondies sur les dispositions de ladite résolution relatives à l’interdiction du transfert d’armes de petit calibre, d’armes légères et de munitions à des acteurs non étatiques, dans le cadre de paramètres stricts, notamment s’agissant des sanctions. La Chine a quant à elle demandé que le BINUH communique au Conseil les noms des responsables des gangs criminels, avant de demander, à l’instar de la Russie, l’élimination de tout transfert d’armes vers ces gangs.
« Nous avons l’intention de présenter, avec le Mexique, un projet de résolution dans les jours à venir avec des mesures claires en ce sens », ont déclaré les États-Unis. Il ne s’agit pas de « punir » le Gouvernement, encore moins la population, mais de demander des comptes à ceux qui fournissent ou acquièrent les armes illégales, a affirmé le Mexique. Toute action du Conseil en Haïti doit tenir compte des échecs passés et s’accompagner d’un important renforcement de la confiance, a déclaré le Kenya au nom des A3.
« Le Gouvernement a rétabli la sécurité dans le pays », a assuré le Ministre haïtien des affaires étrangères, en estimant que le calme était revenu, à l’exception de quelques cas isolés. Inquiet des effets dévastateurs des gangs, alimentés par certains secteurs économiques et quelques acteurs politiques, il a appelé la communauté internationale à soutenir la Police nationale d’Haïti. La décision de certains pays d’envisager d’imposer des sanctions à l’égard de ceux et celles qui participent aux activités criminelles et à l’insécurité dans le pays est un « grand pas » dans la « bonne direction », a conclu le Ministre marxiste-léniniste, un allié sûr de l’extrême-droite Tèt Kale.