Flashback 2018 | CADTMI : le FMI met le feu à Haïti

0
967

Mercredi 14 septembre 2022 ((rezonodwes.com))–

En juin 2018, l’équipe du FMI émet ses recommandations à Haïti [2]. On y voit combien ces techniciens ne tiennent aucunement compte des réalités sociales vécues par l’immense majorité de la population. Afin de privilégier ‘la création d’un espace budgétaire nécessaire au financement des programmes sociaux et d’accroître les investissements publics’, le FMI se félicite de l’élimination des subventions au prix des carburants, initiée par le gouvernement fin juin.

C’est oublier rapidement l’effet immédiat sur le coût de la vie d’une hausse brusque des transports publics, dans un pays à l‘urbanisation anarchique, ou l’essentiel de ce qui est consommé est importé, où la production agricole doit être transportée vers la mégapole de Port-au-Prince.

La population, elle, ne s’y est pas trompée. Aussitôt annoncée la hausse, début juillet, des émeutes éclataient dans les quartiers populaires. La gazoline devait, en effet, passer de 224 gourdes à 309 gourdes (1 dollar = 69 gourdes, 1 euro = 85 gourdes) le gallon, le gas-oil de 179 gourdes à 264 gourdes pour un gallon, le kérosène, très utilisé par la plupart des ménages en Haïti, de 173 à 262 gourdes.

Rappelons que 58 % de la population haïtienne vit avec moins de 2 dollars par jour, selon les chiffres du PNUD. Depuis la mi-2017, des fortes mobilisations sociales exigeaient le passage du salaire minimum dans les zones franches à 800 gourdes par jour, pour faire face aux nécessités quotidiennes, montant porté à 1 000 gourdes en 2018, face à une inflation de 14%. La hausse de ce salaire minimum à 350 gourdes à l’été 2017 a été vécu, par les travailleursִִ.euses comme une provocation et du mépris. « On nous paie le samedi, le lundi on recommence à s’endetter » exprimait une des manifestants. Ils exigent l’abandon de ces politiques antisociales, de véritables mesures économiques, en particulier la restitution des 5 milliards de dollars US détournés des fonds Petro-Caribe par l‘oligarchie locale.

En annonçant la hausse des prix des carburants en plein coupe du monde de football, et plus précisément pendant le match Belgique-Brésil, équipe préférée des Haïtiens, le 6 juillet, les autorités pensaient atténuer le choc. Aussitôt le match fini (et le choc accentué par l’élimination brésilienne ?), les rues étaient bloquées, des supermarchés pillés, un commissariat incendié… Bilan : 20 morts, des immeubles calcinés…

Et la démission du gouvernement de Jack Guy Lafontant, réclamée y compris par le patronat local, accompagnant le gel des hausses annoncées, n’a pas calmé les ardeurs. Quant au représentant du FMI, il se contente de dire que, peut-être il eut fallu étaler les hausses. Sa nouvelle bataille est la restructuration d’Électricité d’Haïti (ÉdH), qu’il réclame depuis des années. Par restructuration, tout le monde comprend, à juste titre, privatisation. Le bilan des privatisations imposées depuis les années 1980 (télécoms…) ne semble pas avoir été tiré.

CADTM
Comité pour l’abolition des dettes illégitimes

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.