Abel Descollines | Sommet des Amériques : Entre contraste et paradoxe

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Par Abel Descollines

Mercredi 8 juin 2022 ((rezonodwes.com))–

Pays hôte du Sommet des Amériques qui a débuté ce lundi 6 juin 2022 à Los Angeles, le gouvernement américain a décidé d’exclure de la liste des participants des pays tels que, le Venezuela, le Nicaragua ou encore Cuba de l’ancien président révolutionnaire, Fidel Castro. L’administration américaine évoque le « non-respect des principes démocratiques » pour justifier le refus de convier ses pays à prendre part à l’événement continental.

Cette décision du gouvernement des États Unis a suscité la colère du président mexicain Andrès Manuel Lopez Obrador. Et en guise de protestation, ce dernier a effet décliné sa participation aux 9eme Sommets des Amériques. Le président Obrador a dénoncé la volonté du gouvernement des États Unis d’exclure des pays dans les affaires du continent.

Initié en 1994 dans l’Etat de la Floride   sous l’Administration de l’ancien président démocrate Bill Clinton, le Sommet des Amériques consiste à réunir tous les pays du continent américain afin d’échanger autour des questions de coopération, du développement, du libre-échange, de l’immigration, entre autres.

Il est entendu que les raisons évoquées par Washington pour écarter la participation de certains pays au Sommet des Amériques contrastent avec la position des Eats-unis vis-à-vis d’autres gouvernements dans la région.

Le paradoxe est saisissant.

Alors que des pays sont refoulés pour « non-respect des principes démocratiques », dans le même temps, l’administration américaine a tendu la main à des gouvernements de pays où les principes démocratiques et des droits humains sont totalement bafoués.

Pour de nombreux observateurs, il semblerait que dans la conception américaine, les principes démocratiques divergent d’un pays à un autre.

 La république d’Haïti n’a pas de gouvernement démocratique depuis plus d’un an. Et rien ne semble présager un retour immédiat à la normalité démocratique. Haïti est en proie à une violence accrue. La dislocation des institutions démocratiques est palpable. La bonne gouvernance est quasi inexistante. Les actuels occupants du pouvoir politique en Haïti n’ont apparemment, ni mandat, ni agenda.

Au Brésil, le président Jair Bolsonaro est accusé de dérives totalitaires. Il est reproché de certaines violations en matière des droits de l’homme. En définitive, le refus du gouvernement des États-Unis à la participation du Venezuela, de Cuba et du Nicaragua aux assises du Sommet des Amériques cache, vraisemblablement, une toute autre réalité.

Certains pays du continent connaissent des relations difficiles avec les États-Unis. C’est en réalité,  le cas des trois pays exclus du Sommet des Amériques qui se déroule pendant une semaine sur le sol américain à Los Angeles. Un pays comme Cuba est mis en quarantaine depuis plus d’un demi-siècle par les Etats-Unis pour cause du communisme. Le Venezuela s’est échappé de la clientèle politique américaine depuis l’accession au pouvoir de l’ancien président Hugo Chavez. Celui ci avait instauré ce qu’il appelle, la révolution bolivienne. L’actuel président du Venezuela Nicolas Maduro étant l’héritier et successeur du président Chavez.

Autre pomme de discorde, le rapprochement du Venezuela au régime de Moscou du président Vladimir Poutine. Le président du Nicaragua, Daniel Ortega, dirige ce pays d’une main de Fer. Il qualifie les dirigeants américains de « diable ». Il va sans dire que l’exclusion de ces pays à l’organisation du Sommet des Amériques à Los Angeles répond à une certaine constance, somme toute téméraire, de la politique étrangère des États Unis.

Si avant le 11 septembre 2001, les dirigeants américains faisaient toujours preuve d’une certaine modération dans l’utilisation d’expression qui témoigne de leur domination hégémonique, il faut dire que les événements du world trade center auront contribué à changer la donne.

En effet, après les attaques du 11 septembre du world trade Center aux États Unis ayant coûté la vie à plusieurs centaines de citoyens américains et étrangers, le président américain de l’époque, George Bush Junior n’avait pas hésité à scander : « Quiconque n’est pas avec nous est contre nous ».

C’est ainsi que le président George Bush Junior allait pris la décision d’engager son pays dans plusieurs interventions militaires à travers le monde notamment, la guerre en IRAK.

À bien des égards, il se pourrait que la décision d’exclure le Venezuela, Cuba et le Nicaragua du Sommet des Amériques s’explique par cette réthorique de la politique étrangère américaine.

Méfions-nous des idées reçues !

La doctrine de politique étrangère américaine est diverse et variée.

Par exemple, nous savons que les américains sont un « peuple moral ».

Au demeurant, cette dimension ou réputation morale ne les empêche pas de privilégier, par tous les moyens, des intérêts à travers la planète.

Ainsi, l’exclusion de certains pays au motif de « non-respect aux principes démocratiques  » et en même temps, la présence de représentants de gouvernements qui fonctionnent en marge de la loi et de la démocratie confirme toute la conception américaine en matière de politique étrangère.

À priori, pour les dirigeants américains, Il n’y a pas de bons ou de mauvais dirigeants. Tout est fonction de l’intérêt des Etats-Unis.

Toujours est-il, la dimension morale du peuple américain confère toujours aux dirigeants étasuniens, une façon de se débarrasser des amis encombrants.

Dans le cas des relations haitiano-américaines, le problème du peuple haïtien avec son grand voisin étasunien n’est pas forcément d’ordre idéologique. Les haïtiens se plaignent du poids de la politique américaine dans les affaires du pays. Tandis que, Haïti stagne comme l’un des pays les plus pauvres de la planète.

Abel Descollines

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