Haïti-Observateur | Edito – Les gangs armés d’Haïti : Un État dans l’État

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La PNH recherche ACTIVEMENT et TRES ACTIVEMENT 24/24 ; 7/7 le chef de gang criminel G9 an fanmi et alliés!

A Martissant, en un an, sous le couvert d’une totale impunité, les gangs armés ont prouvé leurs capacités à se mesurer à la Police.

Les Gangs Armés d’ Haïti (GAd’H) n’ont de commun avec leurs collègues africains que l’insécurité qu’ils maintiennent sur tout le territoire national, mais presque singulièrement à la capitale.

New York, 1er juin 2022 ((rezonodwes.com))– Le phénomène de l’insécurité, surtout dans sa version kidnapping contre rançon n’est pas exclusivement haïtien. À cause des activités intenses des hommes illégalement armés en Somalie, une épithète violente est née : la « somalisation». Au Nigéria, le pays doté de la plus forte population du continent africain, l’on combat, depuis plus d’une décade, les insurgés du Boko Haram, dans le nord-est. La situation sécuritaire se complique encore davantage, à la faveur de l’alliance des gangs armés avec les extrémistes en rébellion. Mais rien de comparable à ce qui se passe en Haïti.

Les guerres civiles qui se s’étaient déroulées, durant plus d’une année ont, certes, modifié la composition géopolitique de la Somalie, qui a fini, par la suite, à mettre en place un gouvernement fédéral modelé sur un État moderne. Bien que celui-ci contrôle politiquement, économiquement et en matière de sécurité la plus grande partie de ce pays, il ne peut avoir raison des groupes séparatistes. Ces derniers mènent des attaques terroristes style guérilla, tenant les forces armées et la Police mobilisées presqu’en permanence, mais ne contrôlent aucun espace du pays, sinon les lieux où ils élisent leurs cachettes.

Quant aux gangs armés du Nigéria, bien qu’ils représentent un défi certain pour les forces de l’ordre, ils se gardent de s’exposer aux contre-attaques meurtrières des défenseurs de l’État. En ce qui concerne les gangs de Boko Haram, en particulier, depuis sa création, en 2009, ils ont perpétré des actions spectaculaires faisant d’eux, tout au moins, une force à respecter. De la date de son déploiement à récemment, ils ont provoqué 2,3 millions de déplacés, tué plus de 59 enfants dans l’incendie d’une école pour garçons; fait au moins 4 600 victimes par assassinats, en 2014; en sus de l’enlèvement de 276 élèves d’un établissement scolaire pour filles, qu’ils ont gardées en captivité pendant des mois.

Bien que Boko Haram soit bien présent, en tant que groupes armés illégaux au Chad, au Niger et au Cameroun septentrional, à l’instar de leurs alliés de la Somalie, ils se confinent dans la clandestinité, faisant de la guérilla urbaine leur mode opérationnel.

Quand on parle des gangs armés d’ Haïti, ils n’ont de commun avec leurs collègues africains que l’insécurité qu’ils maintiennent sur tout le territoire national, mais presque singulièrement à la capitale.

En Haïti, contrairement à la situation sécuritaire prévalant à Somalie, au Nigéria et aux autres pays mentionnés, la Police nationale, l’unique force de dissuasion réelle, excluant l’armée moribonde, dont dispose le pays se trouve dépassée et tenue en respect par les bandits. Nonobstant les opérations dont ses porte-paroles qualifient de « musclées » que ses unités lancent occasionnellement contre ces groupes armés et celles menées, qui ont abouti à la mort de certains brigands, ainsi qu’à l’arrestation de dizaines d’autres, la population, victime de leurs attaques criminelles, est encore aux abois. Autrement dit, ces hommes illégalement porteurs d’armes de guerre, se substituent aux autorités, s’ingéniant à imposer leurs lois dans les domaines de leurs compétences.

Certes, les gangs armés ont prouvé leurs capacités à se mesurer à la Police, ayant progressivement, au fil des ans, établi leur suprématie, par rapport à leur force de frappe. Car dotés de meilleurs armements et ayant à leur disposition une source inépuisable de munitions introduites illégalement au pays, grâce à la collaboration et à la générosité des autorités étatiques mettant à contribution l’administration publique, notamment l’Administration générale des douanes (AGD).

Incontestablement, les gangs s’imposent par leurs capacités de rançonner les citoyens, se donnant l’autorité d’imposer sur eux ce qu’ils appellent des «taxes ». Cette semaine encore, le chef du gang de Carrefour, Crisla, qui exigeait le paiement de 1 000 dollars de chaque chauffeur d’autobus qui veut traverser sans encombre le territoire qu’il contrôle, doit, désormais, verser USD 2 500 chaque semaine. À son tour, celui de Martissant, menace de faire autant si les victimes acceptent d’obtempérer à cette décision.

Au nord de la capitale, les habitants sont en butte aux exigences du gang «400 Mawozo », dont le dirigeant intérimaire s’appelle Wilson Joseph, alias Lanmò Sanjou. D’ordre de celui-ci, ce groupe rançonne, sous forme de taxes, les personnes qui fréquentent, à titre de vendeurs, le marché de Croix-des-Bouquets. Comme pour signifier la supplantation des autorités municipales, ces hommes ont même, une fois, assumé la responsabilité d’enlever les détritus qui s’y accumulait.

Ayant pris goût de cette pratique, ces malfrats ont tenté de faire les mêmes sommations aux propriétaires de maison de cette commune, ayant même, dans le cadre de cette démarche, annoncé leur intention de collecter l’impôt locatif. Si l’idée n’a pas été effectivement mise à exécution, le fait d’avoir le toupet de concevoir une telle idée en dit long du mépris de l’autorité de l’État affiché par de ces bandes de criminels.

Cette velléité des bandits, de se substituer aux dirigeants du pays se manifeste dans d’autres circuits du transport en commun. Non seulement ils rançonnent les acteurs du transport en com-mun, en sus des automobilistes qui empruntent la Nationale numéro 1, au nord de la capitale, leurs agents armés sont aux aguets opportunément à des stations d’embarquement de passagers. Les chauffeurs d’autobus et d’autres véhicules préposés au transport public se voient imposer des rançons exorbitantes, les forçant à augmenter les tarifs auxquels sont soumis les passagers.

En compétition ouverte, par rapport aux forces de l’ordre, à l’échelle nationale, les gangs armés font la loi dans le monde du transport en commun. Quand ils n’exigent pas de rançon des chauffeurs, ils détournent les véhicules avec les passagers, un phénomène devenu monnaie courante sur les routes nationales.

Mais les gangs armés des communes situées au sud de Port-au-Prince, le long de la Route nationale numéro 2, ont effectivement pris le contrôle de cette zone, qu’ils ont transformée en territoire interdit à la Police et aux Forces armées d’Haïti (FAd’H) remobilisées mais restée atrophiées. Cela se traduit par l’abandon de ces communes aux malfrats et l’isolement total de quatre départements (Sud-Est, Sud, Grand’ Anse, Nippes) et une partie de l’Ouest, aux bandits. Pas de transport en provenance de ces régions du pays, à destination de la capitale depuis exactement un an aujourd’hui même, 1er juin. Aussi, le Premier ministre de facto et son gouvernement, en sus des forces de l’ordre se sont-ils résignés à se faire évincer, sans faire le moindre effort de chasser les criminels.

Indéniablement, en Haïti, les gangs armés représentent un État dans l’État. Par sa négligence, sa pusillanimité, mais surtout par sa coopération avec les bandits, le Premier ministre de facto n’affiche aucun intérêt de changer la donne. Au bout du compte, on peut tout simplement dire qu’il n’y a pas de gouvernement dans ce pays. C’est inacceptable!

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