Haïti/RD: Les haïtiens ont dépensé près de 80 millions de dollars américains en cinq ans pour l’obtention de Visas dominicains, révèle une enquête du journal dominicain Listin Diario
Lundi 18 avril 2022 ((rezonodwes.com))–
Au moins 79,5 millions de dollars, soit environ 3,7 milliards de pesos selon le taux de change des années enquêtées, ont été collectés par les cinq consulats dominicains installés en Haïti pour la délivrance de visas entre 2015 et 2020, selon une enquête préparée par ce journal.
De ce montant, seuls 11,6 millions de dollars sont entrés dans les caisses de l’État dominicain, selon les attestations du ministère des Affaires étrangères (Mirex).
Cela se traduit par 20% de tout l’argent collecté par les missions consulaires à Port-au-Prince, Ouanaminthe, Anse-A-Pitre, Belladère et Cap-Haïtien, permettant à ces légations de gérer au moins 67 902 105 dollars américains « pour la gestion de leurs opérations. ».
Historiquement, un consul dominicain gère ses revenus de trois manières : son salaire de base, une « dotation consulaire » que le ministère des Affaires étrangères lui verse pour l’administration du consulat, et l’argent qu’ils conservent pour les services offerts tels que les visas ou les renouvellements de passeports, qui en théorie aussi il doit être utilisé pour le fonctionnement des missions.
Cette troisième source de revenus, celle des retenues pour services consulaires rendus, a été liée à un voile d’opacité qui frôle la violation de la résolution Mirex 2-07, qui réglemente les utilisations qui devraient être faites de cet argent.
Ce règlement établit que les consulats dominicains, sans exception, doivent fixer le prix de chaque visa à 40 dollars américains pour les visas de tourisme, d’affaires simples et de dépendances multiples ; à 50 USD pour les résidents et les entreprises multiples, et à 60 USD pour les entreprises à des fins professionnelles.
On parle d’une résolution de 2007 mais elle est toujours en vigueur.
Cependant, il existe une différence notable entre ce que ces missions devraient facturer et ce qu’elles perçoivent réellement, car chaque consulat fixe ses prix à sa discrétion, généralement au-dessus de 100 $ US par visa.
À ce jour, un Haïtien qui se rend au consulat dominicain à Anse-à-Pitre peut se voir facturer jusqu’à 200 dollars américains pour le permis d’entrée en République dominicaine, tandis qu’au consulat situé à Belladère, il peut payer entre 230 et 250 dollars américains pour la même prestation.
En revanche, au consulat dominicain au Cap-Haïtien, un visa général peut coûter 200 dollars US, alors que le prix d’un « VIP » tourne autour de 230 dollars US.
Par l’intermédiaire du consulat dominicain à Ouanaminthe, voyager en tant que touriste coûte à un Haïtien à partir de 150 dollars américains, et pour travailler sur le sol dominicain, vous devez payer au moins 200 dollars américains.
Par rapport aux autres missions, le consulat situé à Port-au-Prince est celui qui facture le moins pour la délivrance des visas avec un total de 85 dollars américains, selon l’un de ses vice-consuls, mais en même temps c’est celui qui délivre le plus de documents de voyage aux étrangers.
Que signifient ces suppléments ?
Le règlement Mirex prévoit que les consulats remettent à l’institution la somme de 20 dollars américains par mois pour chaque visa délivré, et plus tard, ils sont autorisés à conserver l’argent restant pour «couvrir les dépenses administratives et opérationnelles du système de gestion consulaire».
Selon des documents du ministère des Affaires étrangères, les consuls se sont conformés au paiement des 20 dollars. L’enjeu réside dans les sommes élevées qui ont été retenues en raison de la surtarification des services qu’ils proposent et dans le secret entourant l’usage qui est fait de cet argent.
Et nous parlons de beaucoup d’argent. Et de nombreux visas.
Sur 654 020 visas délivrés par les consulats dominicains entre 2015 et 2020, quelque 557 924 ont été délivrés à des Haïtiens souhaitant traverser la frontière vers la République dominicaine. Ce nombre équivaut à 88,3% de tous les visas délivrés par la République dominicaine au cours de ces cinq années.
Cependant, malgré les collectes élevées dans chaque mission diplomatique en Haïti, la plupart manquent d’une ligne téléphonique fonctionnelle et de sites Internet contenant les tarifs des services ou toute information sur l’utilisation qu’ils font de l’excédent d’argent.
A tel point que pour connaître les prix des visas dans ces bureaux, il faut établir un contact direct avec le consul ou l’un de ses proches, puisque « c’est lui qui est au courant ».
Cependant, il était presque impossible de joindre ces diplomates par téléphone, car ils répondaient rarement malgré l’insistance, et lorsqu’ils prenaient l’appel « ils étaient occupés en ce moment ».
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