Un journaliste mort par balle. Aucune arrestation, aucun procès, tout s’arrête là et la vie continue. En Haiti, il n’existe aucune manifestation réelle du respect de la vie humaine. Des humains abattus comme des animaux. Le communiqué de l’ADHI en dit long.
Mercredi 23 février 2022 ((rezonodwes.com))–Les patrons des industries de sous-traitance ont intelligemment réagi mercredi après la première journée d’une série de manifestations pacifiques programmées par des ouvriers dénonçant un salaire « tibèkiloz » de 685 Gourdes, après une journée de 8 heures d’activités.
Sans pour le moins déplorer les exactions des policiers sur les manifestants suivies de la mort par balle d’un journaliste couvrant l’événement, l’ Association des industries d’Haïti (ADIH) s’est uniquement contentée de « condamner les actes de violence perpétrés contre les usines du Parc industriel Métropolitain« . Parallèlement, selon le syndicaliste Dominique Saint-Eloi, « aucun acte de dérapage n’était à signaler lors du démarrage des protestations de mercredi la SONAPI, jusqu’à l’intervention brutale de la police sur la route de l’Aéroport pour contrecarrer toute manifestation« .
Le travail effectué par le Conseil Supérieur des Salaires (CSS), accusé de connivence avec les industriels haïtiens, a été bien accueilli par ADHI en dépit que « l’adoption du salaire de 285 Gourdes« , a été considérée comme une « provocation » par les principaux syndicalistes assis à la table des négociations, la semaine dernière.
Les membres de l’ADIH qui ont déclaré « être conscients qu’une augmentation du salaire minimum était nécessaire« , ne se sont pourtant pas, mercredi après-midi, prononcés sur le salaire de 1 500 Gourdes revendiquées par les ouvriers. « Cependant, elle veut réitérer au Gouvernement, au Secteur Syndical et à la population en général que l’apaisement social dont nous rêvons doit passer par des mesures d’accompagnement de l’État, étalés sur le long terme« . Le 21 avril 1971, le jeune dictateur Jean-Claude Duvalier, en ouvrant les portes du pays à la sous-traitance, a laissé entendre que son administration allait faire la « révolution économique » en Haiti.
Ainsi, avec la fermeture jeudi 24 février 2022, des usines du PIM et celles de la route de l’aéroport, l’ADHI qui n’a démontré dans son communiqué, aucune compassion face à une perte en vies humaines dûment recensée, sans compter les nombreuses personnes de la classe ouvrière victimes de la répression policière aveugle, a démobilisé le rassemblement de jeudi matin.
Wilhelm Lemk, le Président du Conseil de l’ADHI, et signataire du communiqué, « a exhorté tout un chacun à la sérénité », et « nourrit l’espoir que les activités du secteur de l’habillement, tant important pour le pays, reprennent dans les plus brefs délais« , sans toutefois souligner que les cris des manifestants ont été entendus et leurs revendications prises en considération.
