Les inégalités et l’exclusion aggravent l’instabilité

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Le Conseil de sécurité a débattu mardi des répercussions dévastatrices des mécanismes d’exclusion et des inégalités économiques, sociales ou culturelles sur la paix et la sécurité internationales. L’occasion pour le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, de présenter un plan d’action en faveur de l’inclusion.

« C’est un fait : la montée des inégalités est l’une des causes de l’aggravation de l’instabilité », a déclaré le chef de l’ONU devant les membres du Conseil.

Selon lui, cela est particulièrement vrai dans les zones où les services de base comme la santé, l’éducation, la sécurité et la justice font défaut, « où l’histoire, marquée par les injustices, les inégalités et l’oppression systématique, a enfermé des générations entières dans des cycles de désavantage et de pauvreté ».

C’est pourquoi la prévention des conflits est au centre de son projet de nouvel Agenda pour la paix, a-t-il expliqué aux membres du Conseil de sécurité. « Sans inclusion, le puzzle de la paix reste incomplet et de nombreuses lacunes doivent être comblées », a souligné le Secrétaire général.

António Guterres a présenté mardi un plan d’action en faveur de l’inclusion, qui s’articule autour de quatre grands axes : les personnes, le genre, les institutions et la prévention.

Investir dans le développement pour tous

Premièrement, il faut, selon lui, investir dans le développement pour tous, de manière égale.

« L’année dernière, les dépenses militaires en pourcentage du PIB ont connu leur plus forte augmentation annuelle depuis 2009. Elles avoisinent désormais les deux mille milliards de dollars par an », a noté M. Guterres.

« Imaginez les progrès que nous pourrions faire – la paix que nous pourrions construire, les conflits que nous pourrions prévenir – si nous consacrions ne serait-ce qu’une fraction de cette somme au développement humain, à l’égalité et à l’inclusion », a-t-il ajouté.
Il a rappelé que, dans son rapport intitulé « Notre Programme commun », il appelle à l’établissement d’un nouveau contrat social dans toutes les sociétés.

Renforcer la prévention

Deuxièmement, le chef de l’ONU juge nécessaire de renforcer le programme de prévention de l’Organisation sur plusieurs fronts pour lutter contre différents types d’exclusion et d’inégalités.
Cela implique, selon lui, d’assurer un suivi plus rigoureux des inégalités croissantes et de la perception de ces inégalités – notamment en ce qui concerne la jeunesse et les questions de genre – afin de répondre rapidement aux mécontentements.

Reconnaître le rôle des femmes

Le Secrétaire général estime également qu’il faut reconnaître le rôle crucial des femmes dans la construction de la paix et en faire une priorité.

Il a rappelé qu’il existe un lien direct entre la violence et l’exclusion qui visent les femmes, et les conflits et l’oppression des populations civiles.

« Le viol et l’esclavage sexuel sont utilisés comme armes de guerre. La misogynie imprègne les théories extrémistes violentes. Les femmes sont exclues des postes à responsabilité et des processus de paix », a-t-il dit. « C’est pourquoi l’ONU ne cesse de défendre les droits des femmes et des filles dans le monde entier ».

« Nous savons que la paix est plus durable lorsque des femmes dirigent les processus de médiation et de paix, et prennent des décisions », a-t-il ajouté.

Instaurer la confiance

Enfin, le Secrétaire général juge nécessaire d’instaurer la confiance, grâce à des institutions nationales inclusives qui représentent l’ensemble de la population, et dont l’action est ancrée sur les droits humains et l’Etat de droit. 

Selon lui, « cela nécessite une justice qui s’applique à tous de la même manière, sans favoriser les riches ou les puissants ».

« Cela nécessite de bâtir des institutions capables de faire face à la corruption et aux abus de pouvoir, fondées sur les principes d’intégrité, de transparence et de responsabilité. Cela nécessite des politiques et des lois qui protègent spécifiquement les groupes vulnérables, notamment contre toutes formes de discrimination. Cela nécessite, enfin, des institutions de sécurité et garantes de l’Etat de droit réactives et efficaces, qui prennent en compte les besoins de chacun », a-t-il ajouté.

« Dans toute société, la diversité culturelle, religieuse et ethnique devrait être considérée comme une force et non comme une menace. Cela est essentiel dans tous les pays, et ça l’est encore davantage dans les pays en conflit », a conclu le Secrétaire général. « Il ne peut y avoir de paix réelle sans une inclusion et une égalité totales ».

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