Environ 14% des récifs coralliens ont disparu durant cette décennie de dérèglement climatique

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Entre 2009 et 2018, l’augmentation continue de la température de la mer a coûté au monde 14% de ses récifs coralliens, soit plus que la taille des récifs australiens réunis, révèle un rapport soutenu par l’ONU et publié cette semaine.

Dans le Sixième rapport sur l’état des coraux du monde en 2020, des experts du réseau mondial de surveillance des récifs coralliens, financé par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), ont recueilli des données auprès de plus de 300 scientifiques de 73 pays, sur une période de 40 ans, y compris deux millions d’observations individuelles.

L’étude a révélé que, presque invariablement, les fortes diminutions de la couverture corallienne correspondent à des augmentations rapides de la température de surface de la mer, ce qui indique leur vulnérabilité aux pics de température, et que ce phénomène risque de s’accentuer à mesure que la planète se réchauffe.

Des écosystèmes inestimables

Les villes coralliennes sous-marines dynamiques abritent jusqu’à 800 espèces différentes de coraux durs et abritent plus de 25% de toute la vie marine, selon le rapport.

Les coraux mous se plient et se balancent parmi les montagnes escarpées de coraux durs, offrant ainsi un habitat supplémentaire aux poissons, escargots et autres créatures marines.

Et les récifs abritent la plus grande biodiversité de tous les écosystèmes du monde, ce qui en fait l’un des plus complexes et des plus précieux de la planète sur le plan biologique.Avant et après le blanchissement des coraux dans la Grande Barrière de corail.The Ocean Agency/WL Catlin SeaviAvant et après le blanchissement des coraux dans la Grande Barrière de corail.

Le blanchiment du corail

Cependant, lorsque les eaux deviennent trop chaudes, les coraux libèrent leurs micro-algues colorées et prennent une couleur blanche squelettique. Certains brillaient, en produisant naturellement une couche protectrice de pigments néon, avant de blanchir.

Le blanchiment peut être considéré comme la version océanique du « canari dans la mine de corail », car il démontre la sensibilité des coraux à des conditions dangereuses et mortelles », explique le rapport sur l’état des coraux du monde.

Prise de contrôle par les algues

Le passage des récifs coralliens à des récifs dominés par les algues réduit la complexité architecturale et l’intégrité structurelle de ces habitats, ce qui les rend moins riches en biodiversité et leur permet de fournir moins de biens et de services à l’homme.

Selon le rapport, on observe une diminution constante de la couverture de coraux durs depuis 2010, les pires impacts se produisant en Asie du Sud, en Australie, dans le Pacifique, en Asie de l’Est, dans l’océan Indien occidental, dans le Golfe et dans le Golfe d’Oman.Une tortue nage près d'un récif de corail aux Maldives.Coral Reef Image Bank/Jayne JenkUne tortue nage près d’un récif de corail aux Maldives.

Valoriser le corail

Bien que les récifs coralliens de plus de 100 pays ne couvrent que 0,2% des fonds marins, ils sont à la base de la sécurité, de la protection des côtes, du bien-être, de la sécurité alimentaire et économique de centaines de millions de personnes, indique le rapport.

Et la valeur des biens et des services qu’ils fournissent est estimée à 2.700 milliards de dollars par an, dont 36 milliards de dollars pour le tourisme lié aux récifs coralliens.

Cependant, les récifs coralliens sont menacés par le changement climatique, l’acidification des océans et la pollution terrestre, ainsi que par les sédiments issus de l’agriculture, la pollution marine et la surpêche.

« Le maintien de l’intégrité et de la résilience des écosystèmes des récifs coralliens est essentiel pour le bien-être des communautés côtières tropicales du monde entier, et constitue un élément essentiel de la solution pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) dans le cadre du programme de développement durable de 2030 », a souligné l’état des récifs coralliens. Grande barrière de corail, Australie.Coral Reef Image Bank/Matt CurnoGrande barrière de corail, Australie.

La reconstitution des récifs

Malgré ces sombres évaluations, il y a encore de l’espoir pour les récifs coralliens. Ils sont remarquablement résilients et peuvent se rétablir en l’absence de perturbations à grande échelle.

Après le blanchiment massif des coraux en 1998, la couverture de coraux durs a retrouvé son niveau d’avant 1998 en l’espace de dix ans.

« Si nous stoppons et inversons le réchauffement des océans grâce à une coopération mondiale, nous donnons aux récifs coralliens une chance de revenir du bord du gouffre. Il ne faudra cependant rien de moins qu’une action ambitieuse, immédiate et bien financée en faveur du climat et des océans pour sauver les récifs coralliens du monde », indique le rapport.

Cette année marque le début de la Décennie des Nations Unies pour l’océanologie au service du développement durable et de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes, des campagnes destinées à protéger nos mers grâce aux progrès scientifiques et à ressusciter les écosystèmes en déclin de la planète.

En outre, les dirigeants politiques assisteront à la 15ème la Conférence des parties à la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique, organisée du 25 avril au 8 mai 2022.

Les gouvernements du monde entier y négocieront un cadre mondial de biodiversité pour l’après-2020, afin de déterminer comment l’humanité vivra en harmonie avec la nature au cours de la prochaine décennie.

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