Haïti : Le déshonneur à l’honneur !

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Heureux les pays gouvernés par l’intégrité, la transparence, la réflexion, la planification et la justice sociale; car ils dégusteront les fruits succulents de la sécurité, la paix, la stabilité et du bien-être collectif !

Jeudi 7 octobre 2021 ((rezonodwes.com))–

À tort, l’on croyait que la misère du peuple haïtien allait s’estomper à la suite de la chute de la dictature duvaliériste au lendemain du 7 février 1986. Cette espérance dans une délivrance sociale était fondée dans la mesure où la liberté d’expression a été acquise par une génération d’hommes et de femmes diminués et traumatisés par un régime criminel sans égal. Intellectuels, écrivains, simples citoyens, tous étaient exposés à l’exécution sommaire ou au moindre mal à l’exil s’ils osaient braver les dangers politiques à travers leur sens de liberté pour critiquer les injustices de cette dynastie cynique de la mouvance despotique émergée en 1957.

À contre cœur, une pléthore de professionnels dont des écrivains, journalistes et professeurs, avaient déguerpi le pays en vue de sauver leur peau face à cette dictature sauvage qui exprimait une haine extrême envers la conscience humaine révoltée des outrages itératifs portés par des esprits diaboliques qui se trouvent aux axes stratégiques. A défaut de rudes persécutions et de mise en taule en des conditions infrahumaines épicées d’une humiliation abjecte, les citoyens stoïques qui restaient au pays payaient la bravoure patriotique de leur vie.  A cette époque révolue d’un pouvoir totalitaire barbare, le capital humain haïtien avait encaissé de sacrés coups en raison de la fuite forcée des cerveaux vers le Canada, les États-Unis, l’Europe et dans le bassin de la Caraïbe qui de leur coté en profitaient pour notamment améliorer leur système d’éducation.

Malheureusement, tant du côté du citoyen misérable dans l’âme que de celui de cet État minable inapte à assurer ses fonctions régaliennes, aucune leçon salutaire n’a été véritablement apprise pour changer de cap dans les pratiques politiques. Les attitudes criminelles dans la démence effrénée d’un enrichissement déloyal s’exposent librement dans la « libre ruse ». De plus en plus, la vile institution destructrice et cleptomane « Nou pa egare » prend corps au sein de cette société jadis modèle des valeurs universelles qui reçoit aujourd’hui de mauvaises dictées conçues dans une ingérence insolente avec de graves fautes par un certain Core-Group rempli de «diplomates Tizòtèy ».

Les mauvaises pratiques sont même corroborées par un banditisme musclé décoré de crimes multiformes et d’un kidnapping aveugle qui perd la tête. Eglise, école, blouse, tunique, soutane, grossistes, détaillants, chauffeurs, piétons ; le kidnapping s’en fout des croyances mystiques et mythiques. Il fait rage à tort et à travers.

Sous l’auspice de dignitaires indignes portant les brassards de capitaines de ce phénomène désastreux, les joueurs de cette jeunesse égarée « privée d’autres alternatives » forment d’une part des équipes de 400, de 50, de 9, de familles et alliés détraqués pour être plus tard jetés à l’abattoir. Bizarrement, dans cette légion de déshonneur on y compte hommes d’affaires, présidents, ministres, directeurs généraux, sénateurs et députés aux âmes infâmes qui distribuent armes et munitions à des gens manipulés qui leur garantiraient sécurité de leurs biens économiques mal acquis et renouvellement de postes électoraux.

Déséquilibre intégral

Depuis la fin de la dictature ; plus le temps bouge, plus le panorama économique et social stagne sinon se détériore. Le climat politique caractérisé de crimes et d’injustices s’envenime davantage. De la dictature robuste et aveugle à cette démocratie immature, Haïti est passée d’un système de psychose de peur à un libertinage féroce institué par des bossus, des sangsues et des élus mal-élus qui éberluent le bon sens de leurs actes démentiels répétitifs.

Aujourd’hui, le désordre dessine un autre pattern pour atteindre un stade de honte paroxysmique; le déshonneur envahit les axes de l’administration publique. La peur s’installe avec grandiloquence ; des pleurs, des heurts et des douleurs sont endurés par des familles qui ont connu des déboires sous diverses formes. Crimes multiformes, kidnapping, décapitalisation, décapitation, indignation ; parallèlement, l’imposture officielle continue de surfer dans la bulle officielle dans une sinécure onéreuse, au frais de la princesse.

Suivez mon regard à la BRH, au BMPAD, au FDI, aux ministères, au CSPN, au CEP Dermalog… En contrepartie de salaires exorbitants, gratifications, primes et per diem démesurés perçus dans cette économie rachitique, quelles sont la quantité et la qualité du service fourni par ces conseils impotents et inefficients?

Côté politique, le décor est planté avec la drogue, pots de vin, contrebande, surfacturation, kidnapping et prêts délinquants auprès des institutions publiques. Les affairistes politiques ne font aucune exception dans la rage sauvage de faire de l’argent  per fas et nefas. D’un autre côté, des professionnels dominés par des obsessions charnelles et des ambitions matérielles jouent le même jeu pervers à travers des pratiques ignominieuses. Par  le désir effréné de l’appât du gain facile, un bon nombre de professionnels ont vendu leurs âmes en se déviant de leur arme professionnelle qui préconise probité et empathie.

Le déshonneur dans l’exercice de métiers honorables

Des médecins sans humanité jurés par l’enrichissement avilissant; des enseignants mercantilistes qui égorgent des mémorants ; des personnels soignants dépourvus de patience; des agronomes accrochés aux bureaux climatisés pour se la couler douce; des policiers pernicieux et malicieux qui font clan indivisible avec des criminels et des dealers notoires. Des prêtres et des pasteurs blasphémateurs, vedettes de vantardise, d’affairisme, de cynisme et de syncrétisme ; c’est un monde à l’envers où le pervers est décroché à titre de revers de la médaille accordée à la débauche au sommet de l’État.

La vocation, le sacerdoce, la passion, l’excellence et la motivation à produire du service de qualité qui caractérisaient nos grands-parents, deviennent des attitudes en voie de disparition au point que la probité s’apparenterait aujourd’hui à un facteur chromosomique à attacher à l’héroïsme.

L’envie, la folie, la vanité, les ambitions, la course déchaînée à la richesse mal acquise pourrissent les cœurs et hypothèquent la charité et l’empathie qui devaient au contraire privilégier les facettes holistiques des actions humaines.

De la base jusqu’au sommet de la pyramide sociale un reformatage devient incontournable dans la perspective d’un rééquilibre sociétal qui incorpore l’altruisme et le sens de l’intérêt collectif.

La toge déchirée

Il est indéniable que les diplômés ont en général consenti monstres sacrifices tout au long de leurs cycles d’études en vue de décrocher leurs titres, à juste titre. Mais, la plupart des récipiendaires de la toge – qui détiennent la noble mission de soutenir des plaidoiries en faveur de l’enfance, des veuves, des victimes et des personnes vulnérables – œuvrent en des actions malhonnêtes qui les classent d’amoureux de l’argent facile.

Sur le plan de l’éthique, la toge sied à merveille à quelques rares personnalités de la basoche ; par contre, la tendance générale est très poussée dans le sens de cataloguer les avocats de sophistes tant sur l’angle de tenir des plaidoiries avec véhémence qu’ils savent pourtant fallacieux que sur celui de leur amour fou pour des biens périssables.

Vilains, coquins, mesquins, hommes de peu de conscience ; in limine litis, l’objectif ultime de plusieurs « professionnels de la robe » consiste à remplir leurs poches et leurs sacoches de pactoles, quitte à libérer le bourreau et cloitrer l’innocence en taule pour le restant de l’existence. Les « Zabelbòk » sans vergogne de notre époque suffocante tiennent les mains « pòk » des « kòkòb » pour les dépouiller de leurs héritages pris en otage par des sauvages qui sucent les comptes bancaires jusqu’au dernier « senkòb ».

La blouse blasée et éclaboussée

Combien de femmes enceintes ignoblement rejetées à des cliniques car non en mesure d’honorer la facture excessive ; combien de malades refusés à certains hôpitaux en raison de leur vulnérable provenance économique et sociale ; combien de fils oxygéniques coupés à des âmes souffrantes devant la barrière de l’hôpital lambda parce que les parents ont été incapables de faire la preuve de répondre aux exigences financières !

À bien des égards, l’humanité a perdu son esprit d’humanité quand des professionnels de la santé jettent constamment des regards intéressés sur leurs semblables victimes de sorts malheureux du périple terrestre. 

Le siècle présent – dit de libéralisation de l’acquisition de la connaissance facilitée par la diffusion de la technologie et de l’innovation – est truffé d’imposteurs et de racketteurs pervers aux dépens de professionnels respectables et respectés.

Un ensemble de porteurs de la blouse blanche, hypocrites du serment d’Hippocrate, sortent les mêmes jeux des politiciens « patripoches » pour ignoblement maximiser leurs retours financiers injustes au détriment de la déontologie. De nombreux obstétriciens ne sourient pas toujours quand des enfants doivent être nés de couche naturelle, car moins rentable financièrement. À l’intention de certaines poches bien garnies, certains médecins ambitieux simuleraient et dramatiseraient des maladies afin de soigner des patients pleins aux astres ; d’autres dissimuleraient des antidotes aux poisons mortels en mettant en avance leurs propres intérêts mesquins.

Sous cet empire de l’exposition délibérée du pire où trônent des vampires politiques qui soutirent, délirent et conspirent à tout bout de champ contre la probité et la dialectique, la ruse abuse et s’amuse à museler la muse logique pour soutenir des positions confuses et fallacieuses.

Cela s’empire avec la présence de plusieurs médecins au destin cauchemardesque à la plus haute sphère politique qui supportent les caravanes de projets bananiers présidentiels creux qui bousillent l’existence des institutions détentrices des termes de référence de la mise en œuvre des plans stratégiques sectoriels à la loupe des normes administratives.

L’ancien généraliste – dévié par un complexe mégalomane, installé au fauteuil éjectable de la primature, dont la colonne vertébrale est courbée par la lordose politique – souhaite que l’imposture et la sinécure y règnent pour un demi-siècle. Soit la durée de temps raisonnable pour que l’impunité avale son extrait de naissance sous la protection de l’immunité officielle qui lui éviterait la peine pénitentiaire.

Les références inversées, le génie dégénéré, l’église brisée, l’école décollée, le banditisme fédéré, les institutions gangstérisées; le ver est dans le fruit. Ce n’est pas l’extraction par un assassinat crapuleux d’une seule herbe dans cette forêt d’ivraies qui détacherait Haïti de cette chaine de kakistocratie décennale.

Le changement durable du décor requiert un virage qualitatif dans une gouvernance dominée par la science et la conscience à tous les échelons de la sphère politique. Haïti doit se résoudre de partir en quête d’un leadership loyal dépouillé des aspirations égocentriques qui évincent l’intérêt collectif. Il est temps que la dignité et l’intégrité prennent la main pour reformater et façonner le paysage politique et social.

Carly Dollin
Instructor-PhD Student in Economics
Master Student in Statistics 
Washington State University (WSU)wsu.edu

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