Chantal Hudicourt | ONU : l’organisation d’élections est  »excessivement difficile, sinon impossible » actuellement en Haïti

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Dimanche 20 juin 2021 ((rezonodwes.com))– Ancienne membre de l’Assemblée constituante haïtienne, Me Chantal Hudicourt Ewald, a déclaré devant le Conseil de Sécurité de l’ONU que le climat de « polarisation » actuel rend « excessivement difficile, sinon impossible » toute tentative de dialogue et de mobilisation de la population pour un quelconque processus électoral.  

Mme Hudicourt Ewald a fait observer que la première préoccupation de la population est de satisfaire ses besoins primaires et d’échapper aux gangs, aux kidnappings, aux vols, aux viols et aux crimes.   Elle a précisé que les habitants des quartiers défavorisés, à forte densité de population, sont les principales victimes.  Les entreprises sont parfois forcées de fermer leurs portes à cause des gangs.

L’avocate au barreau de Port-au-Prince a rappelé que les relations déjà tendues entre le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire ont été exacerbées par la révocation et la nomination de membres du pouvoir judiciaire par le pouvoir exécutif, prolongeant les grèves des membres de ce pouvoir.  Ces grèves ont entraîné l’impossibilité pour les citoyens d’exercer leur droit constitutionnel d’accès à la justice, accélérant ainsi l’engorgement des prisons.

Dans le même temps, le pouvoir judiciaire est affaibli et totalement dysfonctionnel et cela fait 17 mois que le pouvoir exécutif exerce le pouvoir législatif en émettant des décrets et des arrêtés à caractère législatif.  C’est dans ce contexte polarisé que le pouvoir exécutif a décidé, par arrêté présidentiel, d’entreprendre une réforme constitutionnelle et d’organiser des élections.  Un Conseil électoral provisoire a été nommé avec mission d’organiser un référendum pour une nouvelle constitution, suivi d’élections à tous les niveaux. 

Selon Mme Ewald, l’opinion générale est que des changements constitutionnels sont nécessaires.  Cependant, bien que le Comité consultatif indépendant affirme avoir consulté tous les travaux qui ont été réalisés sur le sujet depuis plusieurs années, le processus en cours n’est pas légitime.

En l’absence de parlement, a dit l’oratrice, le Gouvernement aurait pu s’inspirer de la procédure utilisée en 1986, qui avait permis une très large participation de la population.  Il s’agissait alors de la mise en place d’un comité de rédaction de la constitution et de l’organisation d’élections et de consultations pour la formation d’une assemblée constituante de 61 membres dont 41 élus et 20 désignés par les associations socioprofessionnelles du pays.  De même, les travaux de l’assemblée constituante étaient diffusés en direct sur les ondes de la radio et de la télévision nationales, afin que le public constate que ses suggestions étaient prises en compte et comprenne les motifs des dispositions constitutionnelles proposées.  Enfin, la tenue d’un référendum avait été organisée pour que la population se prononce sur le texte adopté par l’assemblée constituante.

Une Commission nationale du désarmement, de la démobilisation et de la réinsertion (CNDDR) a été créée le 27 février 2019, mais à ce jour, rien n’indique qu’un quelconque gang a été désarmé et ses membres réinsérés dans la société.  Au contraire, a accusé l’avocate, les principaux gangs de Port-au-Prince se sont fédérés.  Les luttes armées entrent les membres et les non-membres de cette « fédération » causent de nombreuses victimes dans la population civile.  Les gangs sont ravitaillés en armes lourdes et en munitions dans un pays, en principe, sous embargo, tandis que la police semble totalement impuissante. 

À ce tableau d’insécurité généralisée est venue s’ajouter dans les derniers jours du mois d’avril 2021, une résurgence de la pandémie de COVID-19 sous une forme beaucoup plus virulente.  En ce qui concerne la place des femmes qui représentent environ 52% de la population, l’avocate a souligné qu’elles sont le plus souvent chefs de famille et actives dans le secteur informel, même si, culturellement, elles accèdent rarement au sommet de l’administration et évitent de trop s’impliquer dans la politique.  À titre d’exemple, le quota de 35% de femmes prévu par l’amendement constitutionnel de 2011 n’a été respecté par aucun des gouvernements qui se sont succédé. 

La population haïtienne, a prévenu l’avocate, ne croit pas en la volonté et la capacité des responsables politiques de combattre l’insécurité.  Le souci actuel du Haïtien est d’assurer sa survie et la protection de sa famille.  « Le pays est aux abois. »

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