Le pays fait face à un problème d’abattage des arbres depuis plusieurs décennies. Outre des avantages tirés de l’exploitation des ressources ligneuses (source de revenus pour une grande majorité de la population des villes et des campagnes). Il accentue l’érosion des sols haïtiens déjà pentus et conduit le pays à une catastrophe écologique qui se manifeste sous plusieurs formes soit en période de pluies intenses et de sécheresse.
Dimanche 9 aout 2020 ((rezonodwes.com))— Haïti cette terre qui, durant la conquête des espagnols et des français se dôtait d’une végétation luxuriante où le taux de couverture végétale était d’au-moins 90%, à l’heure actuelle est à un seuil très critique. Ainsi dire, la pratique de la coupe de bois continue son petit bonhomme de chemin; dégrade et appauvrir la surface de la terre.
Environ 40 millions tonnes de sols s’en vont dans la mer chaque année, soit une perte estimée à près d’un million dollars annuellement. De surcroît, l’érosion des sols et le déboisement ont déjà créé de nombreux réfugiés environnementaux parmi la population haïtienne.
En 2007, les pluies diluviennes ont affecté la vie de 700 000 enfants et de 1.4 millions d’Haïtiens selon Véronique Taveau, porte-parole de l’UNICEF à Génève. 45 morts ont été enregistrés et 7000 familles sinistrées. Quelques jours après, Noël frappait l’Ile de kiskeya faisant plus de 62 morts, 16 blessés, 105 disparus, 10 226 familles sinistrées, 18 712 personnes placées dans des centres d’hébergement et 8735 endommagés, etc.
Ce fléau contribue à rendre plus vulnérable le milieu haïtien. Les fortes précipitations entraînent de l’érosion et très souvent des inondations, des blessés, des disparus, des pertes en vies humaines, de matériels. À défaut de la pluie, le déboisement crée l’érosion éolienne, de la famine. Détruire l’équilibre de l’écosystème (des espèces fruitières, forestières, herbacées…, endémiques (mammifères, oiseaux reptiles) sont en voie de disparition, menacées ou devenues rares.
La tombée de quelques gouttes suffit pour provoquer des dégâts considérables. C’est gravissime! Autrefois la pluie était un motif de joie, aujourd’hui elle rend tout le monde inquiet, encore moins la sécheresse. Pour mettre un frein à cette dégradation avancée, il convient alors que des mesures soit prise par l’Etat haïtien, le Ministère de l’Environnement en collaboration avec le Ministère de l’Agriculture, question de mettre sur pied une politique de reboisement, laquelle doit être ponctuée d’une campagne massive de plantation d’arbres au niveau national ; de la promotion, du financement et l’encouragement du gaz propane pour la cuisine, les boulangeries, les blanchisseries ; d’un programme de civisme environnementale dans les écoles, les universités, les stations de radio…, pour éduquer les gens sur les méfaits de l’abattage systématique des végétaux et les encourageant à planter deux, trois ou plus de plantes au cas où ils doivent en couper… Du reste, il faut mettre des arbres sur les pentes supérieurs à 20%, autrement dit dans les différents bassins versants accompagné d’un plan de monitoring tout en reprofilant les principales rivières du pays.
L’Inde bat un record du monde en 2017 avec 66 millions d’arbres plantés en 12 heures grâce au concours de 1.5 millions de bénévoles. En juillet 2019, l’Éthiopie a planté 363 millions d’arbres en 12 heures battant le record de l’Inde. Juste pour dire, si les instances citées (ci-haut) veulent effectivement que le pays bénéficie une telle politique, après avoir effectué les mises en place nécessaires, doivent inclure la Société civile dans leur démarche pour qu’on puisse reboiser le terroir.
Et avec celle-ci, de nombreux avantages présenteraient comme : un couvert végétal dense, un bon régime pluvial, une biodiversité terrestre (hors pair), l’enrayement de l’érosion hydrique, du vent, l’infiltration de l’eau dans les sols, les nappes phréatiques. L’eau ne serait pas un facteur limitant pour les agriculteurs. Les espaces forestiers, les rivières, les sources, les étangs, les lacs, les lagons ne seront pas en proie à un déficit pluviométrique, etc.
Reboiser la République d’Haiti ! Les arbres sont les poumons de la terre. Ils sont une arme contre le dérèglement climatique!
Jimmy DELISCA
Ingénieur agronome,
Militant écologiste
