Le décret Dermalog que le président Jovenel Moise se voit dans l’obligation de rapporter tôt jeudi matin, moins de 48 heures après sa publication dans le Moniteur et moins de 8 heures après les pertinents commentaires de la presse indépendante, a été rédigé en mars dernier et porte également les signatures de l’Ingénieur Joseph Jouthe et du Docteur Claude Joseph. Ce texte de document est bâclé, très mal fagoté et d’une impertinence grossière, et selon le Sénateur Youri Latortue qui intervenait jeudi soir à Allo Diaspora avec Eden Deba à New York, il « n’est nullement en conformité avec le cadre légal et juridique haitien« .
Les différentes réactions des politiques sur le décret convergent vers une lecture critique de la décision de l’Exécutif d’imposer à la population un document sans consulter les forces vives de la nation.
Jeudi 18 juin 2020 ((rezonodwes.com))– Les critiques pleuvent après la publication par l’Exécutif, le mardi 16 juin, du décret portant sur le Numéro d’identité nationale unique (NINU) et la carte d’Identification nationale unique (CINU) dans le journal officiel ‘’Le Moniteur’’. Pour le leader du parti ‘’Ayiti an Aksyon’’, l’article 5 du décret, relatif au changement morphologique, prête à confusion.
‘’En analysant l’article 5, je me suis tombé des nues. Cette question de morphologique évoquée dans le texte va à l’encontre des prescriptions légales exigeant un jugement. C’est inconcevable de statuer sur l’identité sans valider un jugement’’, dénonce Youri Latortue.
Intervenant jeudi soir à l’émission « Allo Diaspora » animée par le journaliste-vedette Eden Deba de Tout-Haiti, l'[ex]-sénateur Youri Latortue a qualifié de « scélérat » le décret Moise-Jouthe-Claude Joseph qui, selon lui, devrait être totalement repensé. « Le décret n’est nullement en conformité avec le cadre légal et juridique haitien » a indiqué Latortue rappelant pour l’histoire que la Cour des Comptes n’a jamais validé l’émission de nouvelles cartes Dermalog en Haïti.
« Le danger avec les nouvelles cartes d’identification Dermalog, c’est qu’il peut y avoir facilement de manipulations des données lors d’un scrutin« , a expliqué l’ancien président du Sénat révélant qu’ « avant, toutes les données d’identification étaient stockées à la Banque Centrale, mais maintenant, c’est le Palais National qui gère directement les nouvelles données Dermalog« .
Youri Latortue a attiré l’attention sur un point, a-t-il insisté, d’une extrême importance. En faisant une comparaison entre les anciennes et les nouvelles cartes, le parlementaire a fait remarquer que le pouvoir autoritaire de l’apprenti-dictateur Jovenel Moise a fait « diminuer de 7 chiffres les nouvelles cartes d’identité Dermalog » tandis que selon lui, le décret de 2005 a défini un système de numérotation à 17 chiffres rendant beaucoup plus difficiles un piratage de données beaucoup plus larges, mais concises.
D’autre part, à Port-au-Prince, tôt jeudi matin, le dirigeant du Mouvement populaire Dessalinien (MOPOD), Dunois Éric Cantave, a déclaré qu’ avec ce décret le pays file vers un régime autoritaire. Le médecin y décèle des manœuvres déloyales de forcer la main à des citoyens pour s’aligner dans un projet électoral alors que la menace de l’épidémie est réelle.
’’Il y a un seul objectif à travers ce décret. Il est question d’instituer un régime arbitraire. Le document accompagné de sanctions pénales expose sur les risques de contracter le Coronavirus en contraignant les citoyens à se réunir en groupe devant les bureaux de l’ONI’’, analyse le docteur Dunois Éric Cantave.
Le Président de la République s’est transformé en législateur, de l’avis de l’ancien ministre de la Justice et de la Sécurité Camille Leblanc. Passant en revue le décret, l’homme de loi rappelle l’exclusivité conférée au Parlement de statuer sur les textes de loi.
‘’La Constitution de 1987 amendée interdit aux trois pouvoirs de l’État de s’immiscer dans d’autres attributions. Les questions législatives relèvent du Parlement. Le Président Moise, en dépit d’un Parlement acquis à sa cause, n’a pas pu saisir le momentum. La question de Dermalog, malgré l’avis défavorable de la Cour des Comptes, a été imposée en conseil des Ministres, ce qui est contraire à la loi’’ soutient-il.
Dans l’intervalle, le Secrétaire d’État à la Communication, Eddy Jackson Alexis annonce que le décret du 16 juin sur la CINU sera reproduit incessamment. « Une erreur matérielle » est mise en cause dans le cadre de cette nouvelle donne, alors que ce décret a été rédigé par deux compétences rares du pouvoir et ceci depuis mars et qu’il a fallu mardi un numéro spécial du journal officiel de la république pour publier un document si important aux yeux de l’apprenti-dictateur avec des « errata« .