17 novembre 2025
Immigration : l’abolition du PEQ provoque un véritable séisme au Québec
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Immigration : l’abolition du PEQ provoque un véritable séisme au Québec

La décision du gouvernement québécois d’abolir le Programme de l’expérience québécoise (PEQ) provoque une onde de choc sans précédent dans les milieux de l’immigration, de l’enseignement supérieur et du marché du travail. Pilier de l’attraction et de la rétention des talents depuis plus d’une décennie, ce programme, qui facilitait l’accès à la résidence permanente pour les étudiants internationaux et les travailleurs temporaires, disparaîtra officiellement le 19 novembre 2025. Pour beaucoup, cette décision représente un véritable séisme politique, économique et humain.

Le PEQ constituait jusqu’ici l’une des voies les plus rapides et les plus prévisibles vers la résidence permanente. Son efficacité reposait sur une logique simple : valoriser l’expérience acquise au Québec et encourager la rétention de personnes déjà intégrées, déjà francisées, déjà actives dans l’économie locale. Sa disparition marque un virage majeur, qui rebat complètement les cartes de l’intégration au Québec.

Selon les nouveaux paramètres dévoilés par Québec, les travailleurs étrangers et les diplômés internationaux devront désormais s’orienter vers un seul grand mécanisme : le Programme de sélection des travailleurs qualifiés (PSTQ), un système à points beaucoup plus sélectif, axé sur la maîtrise du français, l’âge et la formation. Pour des milliers de personnes déjà établies, ce changement brutal transforme un parcours clair en un véritable saut dans l’incertitude.

Les répercussions se feront sentir bien au-delà des individus concernés. Dans les entreprises, la décision est accueillie avec inquiétude. De nombreux secteurs — technologies, santé, restauration, agriculture, manufacturier — dépendent fortement de travailleurs étrangers, dont plusieurs choisissaient le Québec précisément pour la stabilité qu’offrait le PEQ. Sans cette voie rapide vers la permanence, les employeurs redoutent une fuite des talents vers d’autres provinces, où l’immigration économique demeure plus accessible. « C’est un signal décourageant pour les travailleurs qualifiés, et potentiellement catastrophique pour notre capacité à retenir ceux qui sont déjà ici », confie un dirigeant d’entreprise sous couvert d’anonymat.

Les établissements d’enseignement supérieur tirent la même sonnette d’alarme. Le PEQ constituait un argument décisif pour attirer des étudiants internationaux, particulièrement francophones ou francophiles. Sa disparition pourrait affaiblir la compétitivité du Québec sur la scène internationale et réduire les inscriptions dans plusieurs programmes. À l’heure où la moitié des universités canadiennes comptent sur ces étudiants pour maintenir leurs budgets, l’impact pourrait être lourd.

Le gouvernement, lui, défend une réforme « nécessaire », justifiée par la protection du français et la volonté de mieux contrôler l’immigration temporaire. Il assure que le PSTQ permettra une sélection plus cohérente, davantage arrimée aux besoins du Québec. Mais dans les milieux associatifs, on craint que cette vision ne sacrifie une réalité fondamentale : les immigrants qui réussissent le mieux sont précisément ceux qui ont étudié ou travaillé au Québec avant d’y être sélectionnés.

Derrière cette décision se profile un débat plus large sur la capacité d’accueil, les enjeux linguistiques et la démographie. Mais une chose est déjà certaine : l’abolition du PEQ modifie en profondeur le contrat social qui liait le Québec aux nouveaux arrivants. Ce programme représentait la promesse d’un avenir possible à celles et ceux qui choisissaient de s’enraciner dans la province. Son élimination laisse place à une politique plus restrictive, plus incertaine, et dont les effets se feront sentir pendant des années.

Au-delà des chiffres et des modèles, ce sont des milliers de parcours de vie qui basculent. Et un Québec qui, dans cette restructuration radicale de son système migratoire, redéfinit aujourd’hui l’image qu’il souhaite projeter : celle d’une société qui sélectionne… ou celle qui accueille.

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