Port-au-Prince s’est réveillée lundi dans un silence pesant, comme retenue par une respiration collective. Les rues habituellement chaotiques de la capitale haïtienne sont restées clairsemées après de nouvelles menaces des groupes armés qui dominent désormais la majorité de la ville. Les tirs ont cessé, mais la peur a pris le relais.
Le dernier avertissement est venu de Jimmy Chérisier, alias Barbecue, figure centrale de la coalition « Viv ansanm ». Dans une vidéo virale, le chef de gang promet de « descendre dans les rues » en représailles à une opération policière menée vendredi contre le groupe 400 Mawozo. Il intime la population de rester chez elle. Une injonction immédiatement suivie : écoles fermées, transports paralysés, commerces à demi-ouverts.
Les institutions internationales n’ont pas tardé à réagir. L’ONU a ordonné le télétravail à son personnel. Les ambassades américaine et française ont fermé leurs portes, signe d’une tension extrême.
La police, elle, tente de montrer les muscles : congés suspendus, dispositifs renforcés. Lors de l’intervention de vendredi, sept individus ont été tués et un hélicoptère incendié pour éviter sa capture.
Dans un pays qui n’a plus voté depuis 2016 et où le gouvernement de transition peine à s’imposer, cette nouvelle paralysie illustre une réalité brutale : à Port-au-Prince, ce ne sont plus les institutions qui fixent les règles, mais les hommes armés.

