Papèj : Le président de la République jette de l’argent par la fenêtre !

1
1925

par Yves Lafortune

Tous les indicateurs indiquent que cette architecture économique est vouée à l’échec (1). Dans un projet bidon, le président de la république confie à des jeunes, des sommes qui auraient dû être sécurisées, dont la probabilité de réussite en affaire est quasiment nulle. 

Samedi 9 novembre 2019 ((rezonodwes.com))– Le président Martelly a fait des laveurs d’auto, ses supporteurs, des entrepreneurs en leur mettant chacun à la main un bus, sous prétexte de changer leur vie ou de leur changer de métier. Faute d’une pensée imprégnée du sens de l’Etat autour des politiques publiques, l’idée, qui n’était pas mauvaise, a été galvaudée en ce sens que les bus n’existent plus ainsi que le fonds de cet investissement.

À regarder la démonstration du président de la république lors de la distribution  malicieuse de l’argent des patrons et des cotisants de L’ONA à des jeunes, frais émoulus, ayant présenté des micro-projets de toutes sortes,  il est à se demander si le problème de capacité intellectuelle  de l’entrepreneur en bananes ne devrait pas faire l’objet d’études savantes.  Après avoir raté tour à tour une usine à glace, de traitement d’eau, avoir été recalé dans un méga projet bananier,  multiplié les contrats pour des projets bidons,  échoué dans l’itinéraire de la caravane, son nouveau dada c’est de jeter à l’eau l’argent des contribuables devant leur assurer une retraite déjà inconfortable.

Le président de la république confie des sommes, qui auraient dû être sécurisées, à des jeunes dont la probabilité de réussite en affaire est quasiment nulle.  D’ailleurs, tous les indicateurs laissent présager un échec cuisant de cette architecture économique. Le plus crucial de ces facteurs étant la situation chaotique de l’économie et la dégradation de l’environnement politique.

Au demeurant, quelles sont les garanties couvrant ces prêts  et d’ailleurs, où, comment et quand vont-ils investir ces sommes afin de les faire fructifier et payer capital et intérêt ? Si le moratoire est d’un an et les intérêts exceptionnellement bas,  il est une vérité de la palisse que les sommes serviront de soupape de survie jusqu’à la fin de la crise qui mine le mandat présidentiel ou à financer un voyage vers des cieux plus cléments.

Dans un système organisé, ce genre de prêt à haut risque est engagé à perte à partir de sommes destinées à ces pratiques. Il aurait été plus intelligent d’affecter ces sommes qui pourraient se tirer des dépenses somptueuses de l’exécutif et du législatif à la métamorphose de la jeunesse en gestation à travers des micro-projets avec bien sûr une ingénierie plus affinée sur la capacité  différentielle.

La valorité différentielle comme approche sélective serait beaucoup plus rentable que cette mascarade suggérée par une suite de crises insolubles et dans une économie caractérisée par une latence et un désir de déconstruction.

Il faut nécessairement  contribuer par le besoin de projets innovants et adapter le capital humain aux réalités du moment.  D’ailleurs la nature du progrès le commande,  puisque dès qu’on agit sur les variables de manière intelligente, on diminue les risques et on augmente à défaut de profits,  les chances d’évolution du mécanisme sociétal.

Formation du capital humain au profit du tourisme, exemple d’une meilleure alternative

 Le président de la république  aurait gagné à choisir un créneau porteur – disons par exemple le tourisme qui bat de l’aile. Il pourrait sélectionner cent cinquante jeunes qualifiés dans les langues, les arts,  la culture et leur offrir pendant une durée de temps une formation adéquate comme accompagnateur touristique, investir dans ces jeunes talentueux à travers un ensemble d’infrastructures entourant les nouvelles pratiques universelles en la matière, ceci pour faire face à l’obsolescence inexorable et incongrue des habitudes locales. Ceci,  afin de développer des nouveaux critères technologiques qui puissent, à défaut de concurrencer les pays de la région,  augmenter la qualité de l’accueil et quantifier les méthodes de remplacement des pratiques marginales et obsolètes.

De toute manière, pour ce faire,  il faut un degré de science que certains qualifieraient de pointu et une prise en compte des parties prenantes  et des bénéficiaires. Quand le maître à penser gargarise plus qu’il ne réfléchit et que ces lacunes sont innombrables, la compréhension de l’équation économique tant dans sa lecture que dans sa résolution est quasiment impossible. L’apprentissage et les pratiques organisationnelles ne sont pas une affaire de gueule mais de cerveau.  Ce n’est pas parce qu’on a reçu des sommes considérables dans des affaires douteuses pour faire du « laundering » qu’on est qualifié pour réfléchir sur des systèmes. Mais de l’entrepreneur à l’ingénieur et de l’ingénieur à l’économiste, il suffit de sauter le pas.

Derrière la conception et l’analyse des projets, il faut des ressources humaines qualifiées

Il y a des économistes dans la ville et je connais beaucoup d’entre eux et je profite pour les interpeller à nouveau comme élites dans leur vocation.

Un pensée à Thomas Lalime qui à travers sa rubrique « Des idées pour le développement » qui a tellement prodigué de conseils au cours de ces dernières années ; à Gérard Daniel Rouzier qui m’a inspiré le symposium sur la modélisation économique et les Politiques Publiques à travers son livre le pouvoir des idées. Je pense à Pierre-Richard Agénor, ancien professeur au Centre de techniques de planification et d’économie appliquée (CTPEA) au bicentenaire (devenu zone de non-droit), aujourd’hui professeur Hallsworth de macroéconomie internationale et d’économie du développement à l’École d’études sociales de l’Université de Manchester.

Il vient d’offrir au grand public son tout nouvel ouvrage intitulé : « Analyse macroéconomique et politique de stabilisation ». Il s’agit d’une œuvre d’une grande importance, publiée par les éditions françaises Economica, qui explique l’importance cruciale de la stabilité macroéconomique et financière pour l’amélioration des niveaux de vie à long terme. Je pense aussi à Daniel Dorsainvil dans ses tentatives de modéliser l’économie haïtienne, à Fritz Jean, Frederick Gerald Chery, Kesner Pharel pour ses conseils intenses depuis environ une vingtaine d’années et aux plus jeunes dont, Carly Dollin, Etzer Emile, Enomy Germain, Riphard Serrant, Emmanuela Douyon et tous ceux-là que je n’aurai pas pu citer !

Les rives sont sales, il nous faut nous créer d’autres rivages où nous pourrons réunir toutes ces valeurs à construire un modèle économique propre à nos réalités en vue de meilleures perspectives économiques pour la population haïtienne.

(1) Emprunté à Patrice Michel Derenoncourt, ingénieur en Politique, ingénieur Civil, Avocat, Criminologue ; un visionnaire averti.

Yves Lafortune, MAP, Avocat
Designer Organisationnel
Citoyen
 yvlafortune@gmail.com
yvlafortune@consultationsetresultats.com

Yves LAFORTUNE a fait des études en lettres à l’École Normale Supérieure (ENS), en Droit à la Faculté de Droit et des Sciences Economiques (FDSE). Ensuite à Grenoble (France) en Politiques Culturelles, au Québec en Administration Publique, à Montréal en Evaluation de Programmes et à Harvard Kennedy School (Boston) en Leadership emerging Leader.

Il a développé une expertise en Politiques Publiques et s’applique à en parler partout dans la perspective d’influencer les Politiques à développer un sens de l’Etat, mieux appréhender les Politiques Publiques pour une mise en œuvre au bénéfice de la population haïtienne.

Il enseigne à l’Université d’Etat et à l’Université Notre Dame, dirige sa firme Consultations et Résultats et fait office de Secrétaire exécutif de l’Institut de Politiques Publiques (IPP)

1 COMMENT

  1. Par rapport à mon pays, je n’ai pas besoin d’amis ni de relations, pour être Libre de cracher la Vérité. Dans la lutte contre Jovenel Moise qui est le prolongement du Système, il y a des points à mettre sur les i.
    Il faut révolter surtout pour cette façon de procéder, 80 % de l’argent des cotisants de l’ONA se trouvent entre les mains de 22 personnes. Il est à se demander si ces héritiers du système respectent les procédures pour l’obtention des prêts, le mode de remboursement et autres.

    De la Parole aux ACTES. Les sieurs Gérard Daniel Rouzier, Daniel Dorsainvil [1], Fritz Jean ( Vs Gary OLIUS), Kesner Pharel (commissions présidentielles en veux-tu en voilà), Etzer Emile…ont des explications à donner à la “nation” et la justice.

    Mwen Menm mwen konn manje Patat ak Manyok, en vue de rester conséquent par rapport à mes convictions politiques, économiques et idéogiques. De la même manière, n’étant pas un entrepreneur politique ou de la race des rapaces, M. Etzer Emile pouvait faire une certaine résistance pour ne pas se trouver dans le cabinet du carriériste Enex Jean Charles, de se frotter à Jocelerme Privert… et Jean Max Bellerive. Nan yon gouvènman tranzisyon PATRICK MORANE ki konsèy Mouche Emile tap bay la a?

    Il est évident, le pays refuse de laisser la voie du “Shithole” parce que d’une époque à l’autre, les débris se trouvent dans toutes les sphères du pouvoir et ils sont plus nombreux dans toutes les classes sociales.

    [1] L’État haïtien suspend les contrats des compagnies d’électricité E-Power, Sogener et Haytrac. https://rezonodwes.com/2019/10/23/letat-haitien-suspend-les-contrats-des-compagnies-delectricite-e-power-sogener-et-haytrac/
    L’État porte plainte contre Sogener, les Vorbe, la veuve de René Préval et des ex ministers. https://rezonodwes.com/2019/11/11/letat-porte-plainte-contre-sogener-vorbe-la-veuve-de-rene-preval-et-des-ex-ministres/

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.