12 janvier 2010: je me souviens…
Durant ces six années écoulées dans l’indifférence de la société et le mépris de l’Etat, j’ai eu un entretien constant avec les conséquences de la catastrophe de ce jour combien douloureux et qui marquera à jamais notre Nation.
Au cours de mon entretien annuel, je condamne la sauvage agression de cette date – la date qui nous a fait pleurer.
Je me suis entretenu avec la conscience de chacun d’entre nous… Et qui, malheureusement ne nous empêche pas encore et surtout de pleurer nos disparus dans une atmosphère amnésique généralisée.
L’entretien perdure dans ma mémoire de victime et de révolté contre le mal permanent de l’oubli d’un pays qui n’en tire aucune leçon… Un mal au quotidien de notre vie et qui nous guète même au delà de la catastrophe naturelle. Il(mal) est là!
Sous les décombres, le cri de nos morts résonne à travers notre irresponsabilité commune… Ainsi, nos morts ne se reposent pas en paix malgré les six année qui y sont écoulées dans l’insouciance.
Mon entretien a-t’il une valeur?
Inutile de sauter les yeux de mon adversaire, une fois arrivée, elle (catastrophe) arrivera si nous ne faisons pas quelque chose pour éduquer la population sur la mauvaise gestion de l’aménagement du territoire. Notre territoire.
Notre façon de se souvenir de nos disparus est pas seulement un acte de mépris mais c’est une atteinte grave à la mémoire de la République. Notre Mémoire Républicaine. Nous n’avons aucun symbole des pouvoirs étatiques.
Depuis, je mets fin à mon entretien car nos morts du 10 janvier 2010 en ont fait appel de notre décision de ne plus vouloir insérer cette date dans notre vie de peuple… Une date de mémoire. Et, ils attendent l’arrêt définitif de l’Etat aux fins de pérenniser leur mémoire dans le symbolisme vivant de notre Haïti. Rien!
Le comportement de l’Etat doit être aussi sanctionné par nous, citoyens et citoyennes avec fermeté – une grande fermeté.
J’accuse le mal! J’accuse la catastrophe! J’accuse le tremblement de terre! J’accuse la communauté internationale! J’accuse les profiteurs nationaux et internationaux! J’accuse les familles des victimes de ne pas pouvoir exiger de l’Etat l’instauration d’un musée (quelque soit le nom porté par ce dernier) en leur mémoire. Devoir de mémoire! Enfin, j’accuse les élites!
L’intussusception de la politique tue toutes sortes de promesses…
Rien n’est fait! Nous ne pouvons plus faire le deuil de nos disparus. Nous gardons nos morts.
… La réquisition d’une pensée nationale et patriotique pour nos disparus!!!
NY, le 1/12/16
Elco SA., av.