Haïti : Les méfaits des 32 dernières années

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par Kerlens Tilus

Dimanche 18 novembre 2018 ((rezonodwes.com))– On n’est pas obligé d’être politologue pour appréhender la realpolitik haïtien. Tout individu ayant une certaine capacité peut analyser et comprendre la politicaillerie qui est l’apanage des politiciens. Trente-deux ans après le départ de Jean Claude Duvalier, un incompétent et un bambocheur qui n’a pas su faire le virage économique pour donner un certain essor à Haïti à tous les niveaux, c’est un autre Duvalier, beaucoup plus piètre que son père qui qui se présente aujourd’hui avec le rêve de briguer la présidence.




Si Nicolas Duvalier n’est pas gêné pour brandir son drapeau noir et rouge orne d’une pintade aujourd’hui c’est juste parce que le travail de mémoire n’a pas été fait pour faire comprendre  à la société haïtienne comment la vie était crapuleuse sur la dictature et combien de dizaines de milliers de jeunes, de militants et de professionnels ont laissé leur peau. Si des Haïtiens croient pouvoir retourner avec le duvaliérisme c’est que ceux qui ont été au timon des affaires pendant les 32 dernières années n’ont rien foutu. Rassurez-vous, il n’y aura pas ce virage l’extrême droite comme au Brésil. Malgré qu’en Haïti, il n’est pas vraiment question d’idéologie, mais c’est une affaire de corruption et d’être au pouvoir pour s’enrichir avec son clan au détriment de la population. On comprend bien pourquoi tout type de con et d’ignorant veut diriger.  Si après 32 ans, le pays est en lambeaux  comme un désert sableux, à qui la faute ? Dans ce papier, nous allons faire la part des choses et nous allons essayer de faire une proposition de sortie de crise, car si rien n’est fait d’ici cette fin d’année, il se peut qu’on sombre dans le chaos.

Tout sak rive, fèt pou yon rezon. Ce n’est pas un heureux hasard qu’on a eu des cancres au pouvoir depuis 86, à l’exception de Leslie François Manigat qui n’a même pas eu la chance de terminer son mandat. Entre 2004 et 2006, un groupe de professionnels voulaient donner le ton, malheureusement, c’était un gouvernement de transition qui était limité dans ses actions. Qu’est-ce qu’on a retenu des années de lavalas au pouvoir ? Incompétence sur toute la ligne, mauvaise gestion, laisser-aller dans la gestion de la chose publique, trafic de la drogue rampant, corruption à son apogées, l’arrogance démesurée de certains cancres, la gangstérisation du pays et la chimérisation, l’ajustement structurel pour éliminer la classe moyenne et appauvrir le peuple, enrichissement illicite, dilapidation des caisses de l’Etat, crimes en série. C’est le bilan de lavalas.  Et pourtant, le peuple avait grand espoir dans ce mouvement. Il y a des illuminés qui croient qu’Aristide a toujours son mot à dire dans la politique au pays, mais il ne réalise pas que ce dernier a fait son temps et que rien de bon et de positif ne peut sortir de lui, luciférien qu’il est. La décadence a débuté avec le duvaliérisme, mais les militaires avaient la chance de recadrer les choses, malheureusement, ils étaient plus intéressés à massacrer la population que de diriger avec de véritables administrateurs.




Le temps n’est plus à la dénonciation, mais à l’action. Sans vouloir tirer à boulets rouge sur les élites, je crois qu’elles sont incapables de donner une alternative. A entendre le discours des hommes qui se disent riches dans ce pays, ils ne comprennent même pas le concept de développement, voire vouloir développer le pays. Nous devons nous orienter ailleurs pour financer le développement d’Haïti. Non seulement, les hommes d’affaires en Haïti sont inconscients, mais ils n’ont pas le capital pour investir et pour créer le plein emploi. L’Etat haïtien n’est pas intéressé à mettre sur pied une politique pour faciliter la création d’emplois. Voilà pourquoi qu’il faut refonder l’Etat. Je ne sais pas si Jovenel va partir, mais pour le moment, c’est plausible qu’il ne peut pas diriger. Si Jovenel part, Céant doit partir également. Au moins l’idée de nommer un juge de la Cour de Cassation comme président et un leader modéré de l’opposition comme premier.

Il faut obtenir le renvoi du parlement et du gouvernement en place pour rebattre les cartes. L’idée du départ de Jovenel Moise est une question qu’il faut bien analyser. Pourquoi doit-il partir ? Jovenel est un menteur, il fait des promesses qu’il ne peut pas tenir. Jovenel n’a pas de plan de gouvernance. C’est un amateur qui se croit expert. Le pays qui est déjà en chute libre avec les méfaits causés par les administrations passées est sur une pente raide vu que Jovenel Moise affiche son incompétence. Le peuple demande la reddition des comptes sur les fonds Petrocaribe. Jovenel Moise n’est pas prêt à arrêter ses meilleurs amis et ses sponsors, et laisser la justice faire son travail en toute indépendance. Le pays connait une spirale de violence. Avec une économie en lambeaux et incapable de proposer un plan de sortie de crise pour diminuer les dépenses, réduire le train de vie de l’Etat et réduire le déficit budgétaire, Jovenel Moise n’a d’autre choix que de démissionner ou de partir. Il faut ajouter que Jovenel Moise a un instinct criminel. Il utilise la violence pour colmater la population en rébellion.

D’entrée de jeu, la déclaration du président ce matin résonne comme un défi et un mépris des desiderata populaires et de la condition de vie abjecte dans lequel le gouvernement vieux déjà de deux ans près continue à entretenir la population. À entendre Mr. Jovenel en cette journée historique du 18 Novembre, l’horizon visuel du pouvoir, fort de son apathie politique, ne dépasse pas la ligne de démarcation virtuelle des opposants politiques, seule limite artificielle que s’impose le président et où s’arrêtent ses préoccupations immédiates. Au-delà les revendications populaires sont réduites presqu’au néant. Jovenel Moise ment et bluffe sans arrêt. Il fait les quatre volontés de ceux qui l’ont mis au pouvoir. Il n’est pas là pour servir le peuple et pour tenir en compte les desiderata de la population.




Jovenel Moise gaspille les fonds publics dans une affaire de caravane, alors que ces fonds auraient pu être utilisés pour financer des projets plus ou moins viables. Les cinq ans de règne de Martelly ont été une catastrophe. Un groupe de gens s’est enrichi au détriment de toute une population. Et la gabegie n’a pas commencé sur Martelly, mais sur les deux présidents lavalas qui ont favorisé l’ajustement structurel. Nous devons nous en découdre avec ces incompétents. Non seulement ils sont incompétents, mais ils sont méchants et arrogants. Ils sont incapables de bien faire, mais ils ne veulent pas laisser l’espace pour des bien-pensants. Mwen pa kwè pèp Ayisyen ap fè konba sa pou se bay lavalas l ap pote pouvwa. Nou bezwen yon bagay nèf ak moun de byen, yon politisyen modere ki konn li e ki ka rasanble tout moun. Nou pa nan ni lavalas, nou pa nan pyès alye PHTK.

Il faut avoir du sang neuf dans la politique et nous ne pouvons pas continuer à tourner en rond avec cette alternance de médiocres, d’incompétents et de corrompus. Il y a deux ans de cela, le parlement a pris une sage décision de monter une commission pour explorer une potentielle tentative d’amendement de la constitution. La Commission Tardieu a fourni son rapport final où elle a proposé trente propositions. Les 30 propositions de la Commission Tardieu sont rejetées par le parlement sans même le dire. Plusieurs parlementaires disent qu’ils ne feront pas tant de concessions, surtout  à la diaspora,  alors que les propositions émanent de consultation nationale et populaire incluant la diaspora. Avec ce parlement compose de corrompus pour la plupart, on n’ira nulle part.

L’heure d’évaluer le travail des institutions du pays est arrivé. On doit opter pour un chambardement total et radical, et non un maquillage pour renforcer le pouvoir et les acquis des corrompus. La solution de cette énième crise qui met en péril l’existence de notre pays et de notre démocratie passe le départ de Jovenel Moise pour les raisons cites plus haut. On ne va pas chasser Jovenel Moise pour le remplacer par des figures de doublure qui vont continuer à faire le même jeu. Le départ de Jovenel c’est pour donner le pouvoir aux plus capables. Nous nous souvenons bien de la transition de Jocelerme Privert où certains hommes se sont enrichis en l’espace d’un an. Toute transition doit être planifiée et l’on doit arriver à un consensus pour réaliser le dialogue national et adopter un roadmap pour mettre le pays sur les rails du développement endogène durable et renforcer les institutions républicaines.

Nous optons pour le renvoi du gouvernement après la démission du président inculpé Jovenel Moise. Que l’on choisisse un juge de la cour de cassation qui inspire confiance pour briguer le poste de président de la république. Un premier ministre peut être choisi parmi la classe politique, mais ce doit être un politicien modéré émanant d’un parti politique plus ou moins structuré, et pourquoi pas un chef de parti qui a la capacité de rassembler tout un chacun au bord d’une même table. J’ai des noms en tête, mais je me garderai de les citer. Dans le cadre des négociations et consultations internes en cours, je pourrai proposer ces noms de citoyens paisibles qui ont servi leur pays, mais qui n’ont jamais été impliqués dans la corruption. Comme en 2004, un conseil de sages d’une douzaine de membres de différents secteurs de la vie nationale pourrait seconder le président et le premier ministre pour les orienter dans la bonne direction.

Avant la formation du gouvernement, le président et le premier ministre doivent donner la garantie qu’ils vont réduire le train de vie de l’Etat. Avec le budget du parlement, on pourrait entamer des réformes dans le système de santé et dans l’éducation supérieure. Progressiste, je m’inscris dans une dynamique de travail d’équipe. Je ne vois pas le développement d’Haïti en dehors d’un think tank comme le GRAHN qui pourrait mettre ses multiples compétences au service du pays. Le GRAHN a déjà publié un document phare titré : Construction d’une Haïti Nouvelle où des propositions sont formulées pour reconstruire le pays. Nul besoin de prendre des experts étrangers pour faire quelconque étude, le GRAHN a déjà fait de judicieuses propositions, il suffit de les évaluer et de les appliquer. Durant ces trente-deux années, l’ignorance a été au pouvoir, donc la connaissance est considérée comme un délit. Nous devons renverser la vapeur. Ce pays n’a pas de place pour des incapables au timon des affaires. C’est une lutte corsée, mais elle doit être menée, car elle est noble.

Sincèrement, les politicailleurs ne vont pas donner une chance à Haïti pour trouver un consensus si ce n’est l’intervention d’une force extérieure. C’est triste de le dire, mais les forces extérieures qui ont imposé Martelly et Jovenel Moise au peuple haïtien doivent intervenir pour le déloger. Jovenel peut ne pas partir demain, mais nous sommes convaincus qu’il ne pourra pas terminer son mandat, sinon ce sera le chaos. Pendant qu’il est temps, sauvons le pays des griffes de ces incompétents. Nous encourageons les marches pacifiques et nous recommandons les professionnels à se rassembler pour discuter du futur du pays.

Ceux qui disent que Jovenel doit terminer son mandat coute que coute oublient qu’en 2004, ils étaient de l’autre côté de la barricade. Nous avons eu un précédent, alors Jovenel partira s’il ne peut pas favoriser un jugement équitable pour les petrovoleurs. Le  mouvement petrocaribe challenge qui a mis en branle cette mobilisation est en train d’être hijacké par des politiciens traditionnels. On ne peut pas les empêcher de se rallier à ce mouvement, mais une fois que le procès est branle, ils finiront par se désolidariser de ce mouvement qui vise à  juger les petrovoleurs et de récupérer l’argent volé.  Nous sommes confiants qu’avec toutes ces têtes bien faites que le pays finira par sortir de l’ornière du marasme. Prions et luttons pour l’émergence de la nouvelle Haïti. Que vive Ayiti !

 

Kerlens Tilus   11/18/2018
Futurologue/ Templier de Dieu/ Ecrivain
Snel76_2000@yahoo.com
Tel : 631 639-0844

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